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Montréal, 29 avril 2000 / No 61 |
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par
Martin Masse
Finis les guerres de classes et les problèmes de redistribution de la richesse. Une nouvelle étude commandée par le QL à des statisticiens est en effet arrivée à une conclusion tout à fait stupéfiante qui renverse toutes les idées reçues sur le niveau de pauvreté au Canada. Selon nos experts, la presque totalité des Canadiens sont riches! Le calcul qui a permis d'arriver à ce résultat est relativement simple mais tout de même conforme à des standards internationaux d'objectivité. Question d'assurer que leurs données ne reflètent pas un biais canadien quant à la définition de ce que sont la richesse et la pauvreté, nos chercheurs ont d'abord pris comme objet de comparaison la population du sud de l'Éthiopie. Ils ont calculé le montant moyen dépensé par ces gens annuellement pour se loger, se nourrir et se vêtir (NDLR: selon des informations récentes qui nous ont été communiquées, il appert que ces populations sont en majorité nomades et qu'une famine sévit dans la région. Nos experts nous assurent toutefois que cela ne modifie en rien la pertinence statistique de leurs données). Les montants ainsi calculés ont ensuite été convertis en dollars canadiens selon le taux de change en vigueur entre le Birr éthiopien et le dollar. Puis, après avoir rajouté 20% à ce chiffre pour compenser les coûts de chauffage plus élevés au Canada qu'en Éthiopie, nos chercheurs ont constaté avec surprise que 99% des ménages canadiens dépensent plus que le ménage moyen d'Éthiopie du sud sur le logement, la bouffe et les vêtements. Puisque la richesse est définie, selon ce modèle, comme un niveau de dépenses supérieur à ce seuil représentatif, il en ressort donc que 99% des Canadiens doivent être considérés comme riches! |
Un peu mélangé...? Il y a de quoi, si vous avez lu les manchettes
alarmistes d'il y a deux semaines qui donnent un tout autre portrait de
la réalité: Tous des pauvres Selon cette étude, 5,5 millions de Canadiens, soit environ un habitant sur cinq, vivaient Comment fait-on au juste ce calcul? C'est relativement simple. On part de la proportion moyenne des revenus avant impôt consacrée à l'habitation, à l'alimentation et aux vêtements par l'ensemble des familles canadiennes, soit environ 35% en 1992, proportion à laquelle on ajoute 20%. Ainsi, les ménages qui consacrent plus de 55% de leurs revenus avant impôt à ces trois besoins essentiels sont considérés comme ayant un Pourquoi rajouter 20% à une moyenne? Pourquoi considérer comme pauvres des familles qui ont 45% de leurs revenus à consacrer à autres choses que ces besoins essentiels? Parce que... ben... c'est comme ça, c'est tout. Le chiffre est tout à fait arbitraire et n'est aucunement relié à une définition de la pauvreté, mais plutôt à un niveau de dépenses dans trois domaines importants plus grand que la moyenne de 20%. La logique statistique du SFR tiendrait sans doute mieux l'eau si on avait tout simplement établi ce seuil à 100% du revenu. Des gens qui n'ont pas un sou à dépenser pour autre chose que se loger, se nourrir et s'habiller peuvent plus facilement être considérés comme pauvres. Nul doute qu'on calculerait alors que le nombre de Canadiens dans une telle situation est beaucoup moins élevé que 5,5 millions.
Une autre faille méthodologique rend ces chiffres totalement inutiles. Les revenus moyens et les coûts moyens diffèrent évidemment dans les régions rurales, les petites villes et les grandes villes du pays. Statistique Canada a donc créé des catégories pour ajuster ces variations et place Montréal dans la catégorie des grandes villes de Qui plus est, les villes elles-mêmes ne sont pas des milieux homogènes et la situation diffère d'un quartier à l'autre. L'appartement de 7 pièces 1/2 qui coûte Trompeurs les chiffres du CCDS Plus fondamentalement, le seuil de faible revenu n'a rien à voir avec un niveau absolu de pauvreté, mais reflète simplement l'inégalité dans la distribution de la richesse. Le CCDS mêle les cartes en écrivant que Les chiffres du CCDS sont tellement trompeurs que même si tout le monde devenait deux fois plus riche demain matin, une étude pourrait affirmer, après avoir ajusté les données mais en utilisant le même genre de calcul, qu'il y a malgré tout autant de pauvres au Canada. D'une façon ou d'une autre, une proportion similaire de gens dépenseraient en effet 20% de plus que la moyenne pour se loger, se nourrir et se vêtir, même avec deux fois plus d'argent à dépenser pour la voiture, les voyages, les sorties au restaurant ou les divertissements. Quarante pour cent des Montréalais se retrouveraient toujours sous le seuil du Tant qu'il y aura des plus pauvres et des plus riches – c'est-à-dire, tant que nous ne serons pas dans une société communiste parfaite –, les organismes de propagande comme le CCDS trouveront le moyen de manipuler les chiffres pour nous dire que la pauvreté gagne constamment du terrain et que la famine guette une partie importante de la population à moins que le gouvernement n'intervienne immédiatement en instaurant de nouveaux programmes de redistribution de la richesse. Il y a pourtant une raison bien plus simple pour expliquer la stagnation des revenus des Canadiens pendant les années 1990: la hausse du fardeau fiscal. Malgré une croissance économique importante et une hausse des revenus avant impôts, les Canadiens ont vu leurs revenus nets diminuer légèrement pendant cette période, résultat de la non-indexation des tables d'impôts et de l'ajout de multiples nouvelles taxes. Ce n'est pas un hasard si, comme La Presse nous en informe, la portion québécoise de cette étude a été financée par les mafias syndicales CSN et CEQ ainsi que par le ministère de la Solidarité sociale et, curieusement, aussi par la Ville de Québec dirigée par un maire au grand coeur socialiste, Jean-Paul L'Allier. Ces pouvoirs parasitaires qui profitent des dépenses publiques et qui cherchent à justifier la croissance de l'État veulent attirer l'attention sur autre chose que la fiscalité toujours plus répressive. Le CCDS, qui a aussi popularisé le concept de Le vrai débat sur la pauvreté est cependant ailleurs. Le capitalisme crée constamment de la richesse, et les revenus de tout le monde augmentent dans les économies capitalistes, y compris pour les plus pauvres. Si cette richesse disparaît en fumée depuis quelques années, c'est parce qu'elle est siphonnée dans le trou sans fond qu'est l'appareil étatique. La seule intervention qui s'avère urgente pour solutionner le problème de la pauvreté, c'est le rétrécissement de l'État. Le reste n'est que de la poudre aux yeux.
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Le Québec libre des nationalo-étatistes |
Alexis
de Tocqueville
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