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Montréal, 16 septembre 2000 / No 67 |
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par
Brigitte Pellerin
Le problème, avec les gouvernements hyperactifs comme les nôtres, c'est qu'ils peuvent parfois être difficiles à suivre. Tellement que ça nous prendrait presque des caméras 24 heures sur 24, qui suivraient tous nos politiciens pas à pas dans leurs moindres faits et gestes. Peut-être qu'avec ça, on saurait ce qu'ils manigancent. C'est ma faute aussi; j'étais un peu trop prise dans toutes sortes de trucs dernièrement. J'en ai manqué quelques-unes, des nouvelles. Évidemment, c'est ce qui arrive quand on ne regarde le Téléjournal que d'un oeil (l'autre étant vissé sur l'écran d'ordinateur) et qu'on lit les journaux en quatrième vitesse pendant quelques semaines. |
Maintenant que les choses reviennent à peu près à
la normale – depuis, en fait, que j'ai retrouvé ma table de cuisine
qui se cachait, la coquine, sous des piles de paperasses – je recommence
à écouter un peu les nouvelles et à regarder ce qui
se passe dans ce merveilleux monde de Lucien.
Et je ne comprends plus rien. Complètement désorientée. À croire que je viens de passer huit ans sur la planète Krapout. Non mais c'est-y assez bizarre à votre goût? Tomber pour les retombées La dernière fois que j'ai jeté un coup d'oeil sur l'état des relations fédérales-provinciales, ça ronronnait peinard. Le Québec, fidèle à lui-même, trouvait réconfort dans sa solitude et son isolement par rapport au fédéral ainsi qu'aux autres provinces. Toujours à part, toujours tout seul, voilà le Québec distinct comme je l'aime. J'exagère à peine; il fut un temps où les relations fédérales-provinciales semblaient faciles à comprendre. Les bons étaient d'un côté, et les méchants de l'autre. Mais voilà que s'amène Mosel Vitelic, une petite compagnie techno de Taïwan qui veut construire une usine à Sainte-Anne-de-Bellevue, au coût de 3 milliards de dollars, pour fabriquer ses bidules électroniques. Québec se propose d'investir 500 millions, et demande à Ottawa de faire de même. Entre 1300 et 1500 emplois directs sont dans la balance. On voit tout de suite venir Bernard Landry et ses vizirs financiers de la SGF avec leurs grosses bottines: Bof, rien de tellement nouveau sous le soleil. Le PQ passe son temps à causer souveraineté tout en siphonnant les sous des autres Canadiens. Et le jour où Mosel se plantera, ce sera la faute d'Ottawa. On commence à la connaître, leur chanson.
Ce qui est troublant, c'est qu'en même temps qu'on s'affaire à lécher les ronds-de cuir fédéraux, Québec décide de créer une tempête dans un verre d'eau à propos d'un autre 500 millions d'argent fédéral pour la réfection d'infrastructures municipales. D'un côté, Québec tente par tous les moyens d'obtenir 500 millions pour un douteux (ce n'est pas seulement moi qui le dis) projet d'usine et de l'autre, la province refuse le même montant qui doit servir à réparer nos croulantes infrastructures, sous prétexte qu'il s'agit d'une compétence provinciale exclusive. Euh, de quessé? Au lit avec l'ennemi Comme si ce n'était pas suffisant, voilà que l'Ontario et le Québec décident de faire front commun contre le fédéral dans le dossier du financement de la santé. Si, si. Le Québec fait équipe avec le méchant Mike Harris de l'Ontario, un néolibéral de premier ordre. Ce dernier se disant prêt à s'assurer que Le monde à l'envers. Traitez-moi de naïve si ça vous amuse, mais je croyais que l'idée derrière le Parti québécois, c'était de séparer le Québec du reste du Canada. Pas prendre ce qui fait leur affaire dans la fédération tout en se bâtissant un joli petit État-policier à même les sous des contribuables canadiens ET québécois. Mais bon, sans doute n'y ai-je rien compris. Le problème, quand on laisse les gouvernements s'occuper de toutes nos affaires, c'est qu'on se retrouve à la merci des politiciens. On leur donne tous les pouvoirs (et plein de sous), puis on s'assoit et on prie pour qu'ils ne commettent pas trop de bêtises. Quand les politiciens se mettent en tête de déconner, on ne peut pas faire grand-chose. Non seulement est-on impuissants, mais en plus on ne sait jamais trop ce qu'ils fabriquent derrière les portes closes. De deux choses l'une. Ou on installe des caméras partout pour les suivre à la trace, ou alors on cesse de leur confier toutes ces responsabilités. Que dites-vous de la deuxième possibilité? Avec un gouvernement plus petit, les politiciens auraient moins de chances de déconner, non? Et je serais moins désorientée à la lecture des journaux.
Changeant complètement de sujet, est-ce que quelqu'un sait pourquoi la loi empêche les épiceries d'avoir plus de quatre employés les soirs de semaine après neuf heures et les fins de semaine après 17h00? Faut voir les files d'attentes... Tout le monde est en beau maudit: les commerçants perdent des clients et de l'argent; et le pauvre monde est condamné à passer vingt minutes en ligne pour payer leurs cossins – c'est pas une blague; ça m'est arrivé samedi dernier au Provigo au coin de Parc et Sherbrooke. Elle nous protège contre quoi, au juste, cette loi-là?
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