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Montréal, 27 octobre 2001 / No 91 |
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par
Martin Masse
Tannés d'entendre parler de la |
On a tous vu ces inspecteurs de police qui essaient à tous les deux
mois de nous faire croire, en exhibant fièrement devant les caméras
l'attirail de sacs en plastiques remplis de cocaïne, de mitraillettes
et de revolvers qu'ils ont saisis, qu'ils ont Pratiquement tout le monde gobe ces stupidités sans les contester, à commencer par nos médias complaisants. En fait, la lutte contre la drogue ne fait que gagner quelques petites batailles, jamais la guerre. C'est impossible aussi longtemps qu'il y aura une demande pour la drogue. En faisant augmenter les prix, elle ne fait au contraire qu'entretenir l'attrait du commerce de la drogue pour une cohorte après l'autre de criminels potentiels. La guerre contre la drogue est un système fermé déconnecté de la réalité, qui se perpétue à l'abri de tout argument rationnel qui pourrait le remettre en question, parce que tout une clique de parasites (politiciens, bureaucrates et policiers) y trouvent leur profit et parce Prêchi-prêcha irrationnel La guerre contre le terrorisme évolue déjà dans ce sens. Il suffit pour imaginer ce qui s'en vient de lire et d'écouter ceux qui, depuis le 11 septembre, nous font leur prêchi-prêcha irrationnel sur la nécessité de Toute information ou analyse qui pourrait contredire ce scénario est évacuée, ou déclarée immorale et odieuse parce que
En se mettant ainsi la tête dans le sable, ils aident pourtant à perpétuer et à entretenir une situation qui fait que cet appui au terrorisme continuera à augmenter, qui fait qu'on est en train de créer les cohortes de terroristes qui nous attaqueront demain et après-demain. Chaque jour qui passe, des civils afghans sont tués dans cette stupide guerre. Depuis maintenant trois semaines, l'armée américaine s'acharne à détruire le peu d'infrastructure qui reste dans ce pays, sans qu'on voie bien le lien entre la lutte au terrorisme et la destruction d'un aéroport à Kandahar ou celle d'un pont et d'une route dans la banlieue de Kaboul. Le pays souffre de sécheresse depuis quelques années, sans compter les deux décennies de guerre qui l'ont précédée. Des centaines de réfugiés s'ajoutent chaque jour aux 3,5 millions qui ont déjà fui le pays. Ces destructions et bouleversements ne font qu'empirer une situation déjà critique. Cet hiver, c'est par milliers qu'ils crèveront de faim et de maladie dans des camps. Contrairement aux victimes du 11 septembre, ils ne meurent toutefois pas dans des circonstances spectaculaires, en quelques minutes, en direct à la télé. Ils meurent loin des caméras des médias occidentaux, quelques-uns à la fois. Nos grands moralistes, qui ont du sable plein les yeux de toute façon, n'y trouvent donc rien à redire. Leur indignation sélective est éveillée par le spectacle saisissant de l'horreur à New York, mais elle ne l'est pas par une horreur absente des écrans et distillée plus lentement. Les Arabes et musulmans, au contraire, s'en indigneront qu'ils voient ou non ces images sur leurs écrans de télévision. Ils voient déjà le massacre quotidien de Palestiniens par Israël, soutenu par une contribution financière de 3 milliards de dollars par année des États-Unis. Ils voient que la guerre du Golfe qui se poursuit toujours dix ans plus tard, avec des bombardements hebdomadaires et un embargo qui n'affecte que la population et pas le régime, a déjà fait des centaines de milliers de morts en Irak. Et ils voient que les États-Unis appuient des régimes corrompus qui briment leurs droits et les maintiennent dans la misère, pour des considérations De leur point de vue, quelle est donc la différence morale entre le terrorisme de Al-Qaeda et celui perpétré ou soutenu par le gouvernement américain contre eux sous divers prétextes depuis des années? Doit-on se surprendre s'ils refusent le double standard qui veut que le massacre de civils américains est un crime absolu dont on ne devrait même pas tenter de comprendre les causes, alors que le massacre de civils afghans est un dommage collatéral parmi d'autres, malheureux mais parfaitement justifié? Le terrorisme n'est pas une fatalité Alors qu'il semble peu probable que la demande pour des substances hallucinogènes disparaisse un jour, la En Israël aussi, chaque assassinat d'un Même si ben Laden et ses complices sont tués, d'autres prendront leur place et la guerre au terrorisme se poursuivra, aussi longtemps que les conditions seront en place pour que des millions d'Arabes et de musulmans nous considèrent comme leurs oppresseurs et leurs ennemis. Et dans quelques années, si ce scénario pessimiste se réalise, nous verrons sans doute régulièrement sur nos écrans de télé des généraux nous annoncer qu'ils ont
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