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Montréal, 2 février 2002 / No 97 |
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par
Hervé Duray
Comme je le racontais déjà dans un précédent article (BERLUSCONI, DUCE?, le QL, |
En France, Catherine Tasca a été la plus véhémente
en réaction à cette situation, refusant d'accueillir le premier
ministre italien, attendu pour l'inauguration du Salon du livre à
Paris, centré cette année sur... l'Italie. Au nom de la lutte
contre l'exclusion certainement? Comme d'habitude, c'est l'indignation
à deux vitesses: quand le président Mitterrand nommait ses
amis à des postes clés de l'audiovisuel français,
qui criait au loup?
En Italie, Massimo D'Alema, concurrent direct de Berlusconi en tant que président des démocrates sinistra (de la gauche, en italien), a une position plus décapante: il suggère d'appliquer la loi de 1957 qui interdit à un concessionnaire d'une licence de télévision d'être élu. Ironie, cette loi ne semble pas interdire de se présenter à une élection. Et moi qui croyait que la démocratie c'était le respect de la vox populi par l'entremise du vote! Au sein du gouvernement Berlusconi, il existe un autre cas manifeste de Et puis les licences d'émission, ça se renouvelle. Berlusconi va-t-il renouveler la licence des chaînes télés de Mediaset qui ont fait sa fortune? Le suspense est immense! Et quand Rupert Murdoch rencontre Berlusconi en privé, est-ce pour parler politique ou business? Toujours est-il que le lendemain, l'action du groupe du premier ministre businessman montait en bourse. Dans quelle mesure les actionnaires ont-ils été influencés par la position politique de Berlusconi? Comment assurer dès lors la concurrence puisque Berlusconi peut garantir à Murdoch une licence en Italie contre une alliance ailleurs? Conflits d'intérêts Les problèmes de conflits d'intérêts émergent dès lors qu'un homme politique peut user de sa position pour avantager ses clients, ses entreprises, sa famille... Cela permet, sans avoir à détourner d'argent, de profiter des lois pour accorder un avantage en dehors du marché. Le cas de Berlusconi est plus complexe puisque les reproches vont même jusqu'à lui nier la possibilité d'une vie politique, comme les propos de Massimo D'Alema le laissent entendre. Les solutions envisagées par les politiciens tiennent tout au plus de la cautère sur la jambe de bois: comité de sages pour juger de la compatibilité entre un poste politique et une propriété ou une fonction, lois obligeant à vendre la propriété incriminée, limitations artificielles de possibilités de concentration dans les médias ou d'autres secteurs économiques... Qui va nommer le comité de sages? Le pouvoir en place? Ne pourrait-il pas être tenté d'invalider une candidature gênante? Le problème basique du conflit d'intérêt n'est donc en rien résolu. Pire: il ajoute au premier problème un second bien pire: en forçant l'arrêt d'une activité ou la vente d'une propriété, il lèse le propriétaire du bien, les clients potentiels, ou en empêchant la concentration c'est toute idée de concurrence qui est tuée immédiatement! Et pourtant, toutes ces interrogations sans fins pourraient être balayées d'un revers de main. D'abord rappelons aux démocrates, même ceux de gauche, que tout citoyen devrait avoir accès à toutes les fonctions de l'État, sans distinction de patrimoine ou de fortune diverse.
Concernant le renouvellement des licences de télévision des chaînes de Mediaset, la position libertarienne élimine le problème à la racine: pourquoi devrait-on demander à l'État d'avoir le droit de diffuser sa propre chaîne de télé? Non ce ne serait pas l'anarchie: il suffit là comme ailleurs de fixer des droits de propriété sur les canaux disponibles sur un territoire donné et de les vendre aux enchères. Le plus offrant sur une période donnée se verrait ainsi attribuer le droit d'émettre. Les rencontres entre magnats de la presse, qu'ils soient ministres ou pas ne changeraient alors rien au cours des actions... Concernant les nominations d'amis au conseil d'administration des RAI, les chaînes publiques, le problème ne vient pas du fait que M. Berlusconi est à la fois concurrent de ces chaînes et leur directeur. Non, il tient dans l'existence même de ces chaînes. Rien ne justifie que 50% des chaînes italiennes soient publiques... pourquoi pas 50% de l'édition aux mains des fonctionnaires? Pourquoi pas 50% des journaux aussi? D'une part je doute que les démocrates zélés puissent parler de L'équilibre médiatique Il reste malgré tout un argument des étatistes que je n'ai pas mentionné, qui veut qu'en démocratie, les pouvoirs judiciaires, exécutifs, législatif... et médiatique doivent rester en En France, la chaîne M6 a bien failli la perdre présumément à cause de l'émission Loft Story où 12 jeunes gens enfermés dans une maison (le Le dernier mythe des étatistes est celui de
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