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Montréal, 2 mars 2002 / No 99 |
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par
Jean-Louis Caccomo
Dans une société libre, la conscience est-elle affaire privée ou se proclame-t-elle dans la rue, nouveau sanctuaire d'une |
L'opinion relève de la vie privée et de l'engagement personnel, ce dernier impliquant le champ le plus intime de la personne humaine. C'est pourquoi, en démocratie, l'électeur a droit à l'isoloir. Va-t-on juger chacun d'entre nous à l'aune d'une Mais, chaque semaine, les hommes et femmes politiques de ce pays sont auscultés par des sondages de popularité qui terrorisent le moindre personnage public ayant quelque ambition nationale. Suffit-il d'être populaire pour être compétent ou déclaré incompétent en cas d'impopularité? Cette même Que l'on demande aux Français s'ils sont d'accord pour payer plus d'impôts, ils s'en plaindront; qu'on leur demande s'ils acceptent de voir le poids du secteur public être réduit, ils s'en offusqueront. Si l'audimat régente l'élaboration des programmes des chaînes de télévision privées, c'est que c'est une nécessité pour ces chaînes qui ne dépendent pas de l'argent public; mais l'audimat ne peut en aucune manière décider du bien fondé de telle ou telle politique économique. Ne risque-t-on pas pourtant de voir l'invocation systématique à Aujourd'hui, la pensée écolo-humanitaire labellisée ATTAC (Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide au citoyen) tient lieu de bonne conscience et d'opinion
Si la dénonciation des inégalités et de la précarité, du chômage et de la misère, est un souci légitime et un noble combat, elle est aussi, pour les professionnels de la contestation et les zélateurs de la récupération politique, le moyen d'entretenir un amalgame douteux en dénonçant, dans la foulée des slogans, le racisme, le chômage et les profits boursiers! Un tel amalgame témoigne d'un rejet profond – et inquiétant – des mécanismes économiques chez nos compatriotes, mais flatte les gourous de la pensée médiatique. Ceux qui aiment invoquer le passé pour donner des leçons de morale devraient cependant avoir une lecture moins sélective de l'histoire. Le nazisme, comme toutes les idéologies totalitaires, procède d'une critique hystérique du capitalisme. L'économie de marché suppose les libertés individuelles, ce qui est pour le moins un concept insupportable pour un dictateur et pour tous ceux qui se proclament les sauveurs du genre humain. Pour Hitler, la finance internationale et la grande industrie étaient réduites à l'expression d'un complot juif mondialiste que le Reich se promettait d'anéantir. Pour répondre aux angoisses et aux frustrations du peuple, il est toujours commode de trouver des boucs émissaires. Le nazisme – ne l'oublions jamais –, c'est le Finalement, entretenir l'idée que la critique systématique du capitalisme d'un côté et le combat pour les droits de l'homme de l'autre côté procèdent d'une même intention, d'une même motivation et d'une même logique relève, au mieux, de la démagogie la plus simpliste; au pire, du mensonge organisé. Le radicalisme d'une certaine ultra-gauche, systématiquement et violemment tourné contre le marché mondial, contre la bourse, contre l'entreprise, contre le modèle américain – outrageusement caricaturé en ces occasions –, va exactement dans le même sens que les propos délirants tenus par les leaders du Front National, qui déclinent sur tous les modes leur antimondialisme. Sous couvert d'attaquer le FN, les zélateurs contestataires font le jeu objectif des thèses d'extrême-droite car la prolifération des idées frontistes s'appuie sur une inculture économique considérable. Le règne de
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