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Montréal, 12 octobre 2002 / No 111 |
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par
Jean-Luc Migué
Dans la frénésie médiatique qui préside à la question du réchauffement de la planète, le gouvernement Chrétien et ses propagandistes (dont le porte-voix officieux des bureaucrates de Environnement Canada qu'est devenu MétéoMédia) brandissent les épouvantails et s'orientent bêtement dans la voie d'une compression draconienne de la consommation d'énergie et du gonflement des taxes. Sous le couvert du recours aux mécanismes marchands, élaboré en secret et à la hâte, il promet de sacrifier l'économie canadienne sur l'autel de l'écologisme et de susciter la fuite précipitée des investissements vers, littéralement, des cieux plus cléments. |
Réchauffement:
science ou épouvantail?
Nonobstant les positions fanatiques adoptées par le gouvernement canadien et les cultistes de l'environnement, le consensus n'existe pas parmi les scientifiques sur la réalité du réchauffement ni surtout sur l'origine industrielle du phénomène. La science du réchauffement reste incertaine. Les croyants jouissent du préjugé favorable auprès de la population; il est difficile de confronter les écolos sans avoir l'air d'être anti-écologique. Le public n'en est pas moins manipulé et souffre d'un environnementalisme irrationnel. La US Academy of Sciences, l'Intergovernmental Panel (Nations Unies) et le rapport sur le changement climatique (Climate Change 2001: The Scientific Baisis, Nations Unies) ainsi que le US EPA disent timidement croire à la thèse. Notons que c'est un petit groupe d'interprètes choisi par les gouvernements qui ont rédigé les condensés de ces rapports et convenu du consensus sur leur interprétation. Un grand nombre de hérauts de la thèse du réchauffement n'ont rien à voir avec la science. Mgr Tutu et Gorbachev étaient deux des 100 lauréats Nobel à signer un document moral, non scientifique, à l'appui du protocole de Kyoto. Les documents scientifiques contiennent aussi une multitude de bémols (le Panel intergouvernemental des Nations Unies en particulier) non publiés dans la presse et qui en atténuent grandement la portée. Il est facile d'aligner une liste non moins impressionnante de scientifiques qui contestent le prétendu consensus. La plus célèbre pétition est le Heidelberg Appeal. The Oregon Petition (signée par La température moyenne de la planète aurait gagné environ ,6 de degré depuis le milieu du XIXe siècle. Voilà donc l'ampleur de l'évolution climatique qui est à l'origine du débat épique qui déchire la population. Rien d'inusité à cette évolution; le climat de la terre est naturellement en constante évolution. Ce réchauffement ne constitue peut-être qu'un retour à la normale, après la mini glaciation qui a suivi le réchauffement médiéval (4 degrés au-dessus de la température actuelle de l'an 900 à 1300). Le gros de ce réchauffement s'est produit avant 1940. De 1940 à 1970, la tendance était plutôt à la baisse, et elle a inspiré la prédiction d'une glaciation imminente. La température depuis reste indéfinie. Si la surface habitée, c'est-à-dire le niveau où sont placés les thermomètres (aucun à la surface des mers, aux pôles, dans les déserts, dans la jungle, dans les montagnes), se réchauffe, la température à quelques kilomètres d'altitude n'a pas varié depuis 1979, date du début des relevés satellites jugés beaucoup plus fiables. Le porte-parole officiel des adeptes de la nouvelle religion, c'est-à-dire Environnement Canada, nous annoncera bientôt que l'année 2002 aura été la plus chaude jamais enregistrée. Il se gardera bien de mentionner que la température enregistrée par les satellites n'indique aucun réchauffement. La relation statistique entre les modèles et la température observée est inexplicable. L'impact sur le niveau de la mer reste incertain (C.D. Howe Institute, Revue Nature, Revue Science et Revue The National Interest). La fonte des glaciers arctiques au nord de la Scandinavie a commencé avant l'accumulation de CO2 et a pour contrepartie l'accumulation de glace dans l'Antarctique. Les modèles informatiques qui prédisent un réchauffement de 1 à 3,5 degrés vers l'an 2100 (le Panel intergouvernemental sur les changements climatiques a réduit son estimation de 3 à 2 degrés), reposent sur des hypothèses fragiles touchant des phénomènes complexes et mal compris. Que les modèles changent avec les années les rend suspects. L'activité humaine dans cette évolution climatique? Le rôle de l'activité industrielle dans ce tableau est encore plus douteux. Cette hypothèse a été contestée par nombre d'éminents scientifiques, dont la centaine réunis à Leipzig, en novembre 1995. Ces derniers affirment carrément que le consensus scientifique n'existe pas sur le rôle du bioxyde de carbone dans le réchauffement. La part de la nature et celle de l'homme n'ont jamais été quantifiées. Si le rôle de l'activité est incertain, il reste surtout peu probable (Prof. Patterson, historien du climat à Carleton University). Bien avant l'apparition de l'homme sur la terre, les variations climatiques se révèlent beaucoup plus prononcées. Même dans les 1000 dernières années, elles se sont avérées plus fortes que depuis un siècle. L'hypothèse retenue par les scientifiques qui contestent le rôle de l'activité humaine associe plutôt le réchauffement au réchauffement et à la brillance accrue du soleil. La mini glaciation post-médiévale a coïncidé avec le Maunder Minimum, période sans taches solaires. L'activité industrielle compte pour environ 5% du CO2 qui s'échappe dans l'atmosphère, tandis que la densité du CO2 a augmenté de 25% (de 280ppm à 350). La part du lion (20 à 50%) provient de la décomposition des forêts, de l'échappement des gaz de l'océan et de la respiration des plantes. On compte de nombreuses ères géologiques ou la densité du gaz carbonique dépassait de 10 fois celle d'aujourd'hui et pourtant la température terrestre n'était pas plus élevée. En fait la relation est probablement inverse; ce serait le réchauffement qui susciterait la hausse de gaz carbonique. D'autre part, ce n'est pas le gaz carbonique qui est le principal gaz à effet de serre, c'est la vapeur d'eau qui compte pour 97% de ces gaz. Les économistes ont appris à leurs dépens à se méfier des prétendus consensus de scientifiques. Pendant près d'un demi-siècle, ils ont été victimes d'un consensus aujourd'hui discrédité, qui enseignait que les dépenses publiques multipliaient les emplois et supprimaient les fluctuations, qui voyait d'un bon oeil la planification centrale et le modèle soviétique, qui privilégiait les dépenses plutôt que l'épargne, qui favorisait la fiscalité progressive comme moyen de stimuler la consommation et la croissance, qui niait le rôle des incitations et qui écartait le recours au marché et à la politique monétaire comme inopérants. Maintenant que le keynésianisme est mort, on comprend mieux les dangers associés à l'adoption prématurée de contrôles coercitifs. Impact de Kyoto sur la température Mais la condamnation la plus solide de Kyoto vient sans doute de ce que l'impact net de ce traité sur la réalisation de l'objectif déclaré sera rigoureusement nul: Selon les modèles vénérés d'ordinateurs, si les dispositions en étaient appliquées intégralement, la température de la planète dans cent ans sera de ,1 de degré inférieure. Sans la participation des États-Unis, elle ne baissera que de ,02, je répète, ,02 de degré. Elle aura donc gagné 2,98 degrés plutôt que 3,00 degrés. Ce résultat illustre le caractère grotesque d'un premier ministre canadien qui convie la population à lui confier le pouvoir de changer le climat de la planète. On sait qu'il n'y a pas que les États-Unis qui refusent de se faire embrigader dans l'aventure. Les pays en voie de développement, dont la Chine, l'Inde, l'Indonésie, l'Afrique et l'Amérique du Sud seront épargnées. Or, les trois premiers pays à eux seuls déverseront plus d'émissions de gaz carbonique que les USA d'ici 2012. Selon l'Agence internationale de l'Énergie, 85% de l'accroissement des émissions proviendront des régions soustraites aux exigences de Kyoto. Entre-temps, c'est de la Russie, économie moribonde et épargnée par les objectifs de 2012, qui vendra ses crédits à prix forts au Canada. Pas un seul pays n'a réalisé une quelconque baisse d'émission depuis la signature du protocole, pas même l'Europe. Le Canada pour sa part entend bien y aller de ses manipulations du traité pour le rendre moins lourd à porter. Il compte faire valoir ses ventes de gaz naturel aux États-Unis comme crédits pour abaisser ses exigences de 20% (de 240 à 170 mégatonnes). Tout ce tripotage de l'aménagement prévu confirme que même dans les meilleures conditions, et pour employer le langage des économistes, les bénéfices de l'entente seront nuls et donc de loin inférieurs aux coûts. Le coût de Kyoto Les dommages susceptibles de découler du réchauffement n'ont rien de commun avec les calamités que nous annoncent les environnementalistes. Au pire (si on ne fait rien maintenant), l'élévation de la température entraînerait aux États-Unis selon le Panel des pertes égales à ,75% du PIB au milieu du XXIe siècle. Mais le coût à encourir pour ramener le CO2 de 6% en dessous de son niveau de 1990 en 2010 l'emporte de loin sur les bénéfices. L'économie canadienne s'étend sur un vaste territoire et est fondée sur l'exportation de produits qui imposent une forte consommation d'énergie; l'automobile, l'acier, le pétrole, la pétrochimie et l'électricité. Les estimations courantes du coût annuel vont de 5,4 $ à 40 milliards $ par année. L'Association des Manufacturiers canadiens le fixe à 40 milliards $, et qui s'accompagnerait d'une perte (brute, abstraction faite des emplois qui les remplaceraient) d'emplois de Dans un calcul destiné manifestement à calmer les esprits, le gouvernement canadien fixait initialement le coût à ½ % du PIB. En septembre 2002, il se ravisait pour en établir le coût à
On se rappellera que le poids de Kyoto s'exprime déjà dans la dépense de 100 millions $ affectée à l'implantation d'un gigantesque appareil bureaucratique à Ottawa pour bâtir le plan qu'on attend toujours. La seule indication qu'on possède du programme de mise en oeuvre réside dans le projet de constituer un fond fédéral provincial de 500 millions $ pour compenser les entreprises touchées, de réglementer les véhicules, de poursuivre l'éducation et l'information de la population que d'aucuns désignent comme de la pure propagande, ainsi que de poursuivre l'étude du processus de changements climatiques. À titre d'illustrations, réalisons que même après la manipulation qui ramènerait les exigences de Kyoto à 170 mégatonnes, la réalisation de l'objectif impliquerait l'une ou l'autre des désastres suivants ou une combinaison d'entre eux: La fermeture de toutes les usines thermiques d'électricité au profit du nucléaire (baisse de 170 mégatonnes de CO2), arrêt total de la croissance d'ici 2012 (baisse de 120 mégatonnes), la multiplication du prix de l'essence par trois (baisse de 80 tonnes), la suppression de la moitié des voitures sur les routes (baisse de 27 tonnes), l'interdiction stricte de produire du pétrole, des produits miniers et forestiers, et des produits chimiques (baisse de 80 tonnes). Les électeurs ne manqueraient de punir les politiciens qui s'aventureraient dans cette folle aventure, s'ils étaient conscients de sa signification. D'où la tentation de précipiter l'adoption et de se donner des airs de puristes. Le rejet de Kyoto par les États-Unis ne manquera pas de susciter la fuite des capitaux vers ce pays. Ce tableau déjà sombre omet d'incorporer l'impact certain sur les relations inter-régionales. Songeons aux divisions et antagonismes susceptibles de découler de l'alternative qui se présenterait à l'Alberta de choisir entre acheter ses crédits d'émission au Québec virginal ou à la Russie. Qui décidera de l'opportunité de construire une usine pétrochimique ou forestière, et à quel endroit? L'Ontario et l'Alberta comptent chacune pour 27% des émissions de CO2. La fausse vertu affichée par le gouvernement québécois ne leurrera que les convertis. Le hasard de la technologie hydro-électrique lui permet de prendre ses airs de virginité sans encourir de coût. Est-il besoin de souligner que la ratification de Kyoto condamnerait l'Afrique et les zones sous-développées à la pauvreté perpétuelle, du fait que la baisse de croissance dans les pays industriels signifierait la chute des investissements et du commerce avec ces régions? Calamité ou bienfait? Le premier ministre et son ministre de l'Environnement, porte-voix des écologistes et des bureaucrates qui leur soufflent les réponses, prédisent les pires calamités de l'inaction (inondations, sécheresses, ouragans multipliés et intensifiés, débordement des océans). Ce regroupement suspect d'alarmistes soutient même, sans aucuns fondements scientifiques, que le présumé réchauffement est déjà à l'origine des caprices récents de la nature (le Panel lui-même ne discerne rien de semblable de tout le XXe siècle). Le fait est que les conséquences d'un réchauffement hypothétique sur la variabilité du climat et l'avènement de temps extrêmes ne sont établies ni en théorie, ni par l'observation. Certains modèles prédisent l'atténuation des variations climatiques. En réalité, le coût de l'inaction s'avère grossièrement exagéré. Le fait est que le réchauffement modéré de un ou deux degrés en un siècle, s'il se produit, s'avérerait vraisemblablement bénéfique à tous les habitants des moyennes et hautes latitudes, aux Canadiens en particulier. C'est la température nocturne et hivernale qui y gagnerait le plus, alors que la température diurne et estivale ne serait pas sensiblement affectée. Les statisticiens américains prédisent une baisse de 40 000 mortalités par année chez eux. Voici une froide énumération des bienfaits supplémentaires qui retomberaient sur l'ensemble du Canada: réduction des délais et des accidents de transport, économies de chauffage, saison allongée de la croissance en agriculture, croissance accélérée des plantes liée à la concentration accrue de CO2. Si on offrait le choix aux Canadiens, la presque unanimité opterait pour le réchauffement. Selon l'historien du climat (Patterson), l'histoire universelle associe la floraison des civilisations aux périodes de réchauffement et la multiplication des calamités (sécheresses, famines, guerres et maladies) aux ères de refroidissement. Les grands progrès humains associés à la deuxième partie du Moyen-Âge (cathédrales, châteaux...) correspondent à la dernière phase de réchauffement planétaire, qui été suivie par l'ère des pestes (dont la Grande) et des guerres. Les pires sécheresses des 2000 dernières années (en 720 et 1680) coïncident avec des périodes de refroidissement. La fonte des glaces polaires ne fait pas monter le niveau de la mer, pas plus que la fonte de la glace dans un cocktail. C'est seulement si la glace de l'Antarctique venait à fondre que la mer menacerait les côtes les plus basses. Or cette calamité ne s'est pas produite, il y a 5500 ans, lorsque la température terrestre atteignit 5 degrés de plus qu'aujourd'hui. Et le niveau de la mer n'a gagné que 3 mètres, lorsque la température terrestre s'inscrivait à six degrés au-dessus du présent, il y a Finalités suspectes des apôtres de Kyoto L'alourdissement fiscal et réglementaire est l'aboutissement logique de tout accord pour réduire les émissions de gaz. En fait, le La survie de la moindre Rejet des aventures prématurées Le réchauffement de la planète sera ou ne sera pas un malheur pour la population du monde. Dans la plus pessimiste des hypothèses, l'adoption de contrôles coercitifs immédiats est prématurée. L'évolution climatique est extrêmement lente. Dans les modèles qui prédisent le réchauffement, un délai de 25 ans dans la stabilisation des émissions n'ajouterait que ,2 de degré à la température de l'an 2100. Le bons sens doit reprendre ses droits. La façon optimale de faire face aux changements climatiques hypothétiques n'est pas de s'aventurer dans une futile tentative de les mâter. C'est d'abord de raffiner les sciences du climat, d'adopter un programme à long terme d'observation et de monitoring des variations climatiques, et de laisser à l'économie le temps de s'adapter, s'il y a lieu. Il n'y a pas d'urgence. Mais la consigne première reste encore de promouvoir la croissance et la prospérité, qui à leur tour procureront aux économies les ressources et les technologies pour affronter les désastres inévitables que la nature nous réserve. Le temps venu de comprimer nos émissions de CO2, s'il vient jamais, la technologie et les exigences du progrès industriel auront vraisemblablement résolu la question et remplacé l'énergie à base de carbone. Les initiatives d'atténuation sont déjà à notre portée pour freiner la hausse des gaz dans l'atmosphère, pas particulièrement du CO2: la conservation de l'énergie et l'amélioration de l'efficacité ne manquent pas d'exister. L'énergie hydro et nucléaire est déjà disponible. L'énergie solaire et hydrogène viendra sans doute bientôt. La fertilisation des océans offre déjà des perspectives d'absorber à peu de frais le gaz carbonique atmosphérique. Au minimum, la population canadienne mérite un débat public sérieux sur un projet qui promet d'engouffrer inutilement des milliards de dollars. Les plus lucides des analystes ont déjà proposé la tenue d'un référendum sur cette question vitale. Quelle sera l'opinion publique une fois que le débat aura été engagé à la fois sur la science du climat et sur l'économique de Kyoto?
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