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Montréal, 19 juillet 2003 / No 126 |
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par
Carl-Stéphane Huot
Quelques sujets ne peuvent pas vraiment servir à faire une chronique entière. Cependant, assemblés, ils peuvent certainement donner lieu à réflexion ou à une franche rigolade, si l'on ne s'étouffe pas. En voici quatre, provenant de différents horizons. |
Déménagement
chez les anars
Occasionnellement, il m'arrive de travailler pour un propriétaire d'immeubles de location qui possède aussi un petit hôtel dans le Vieux Québec. Cette semaine, pour sacrifier à la tradition bien implantée chez nous de la migration collective du Premier Juillet, il m'a désigné volontaire pour l'aider à déménager certains meubles dans un appartement qui était en train de se libérer de ses précédents locataires, des militants antimondialisation qui vivaient à 6 ou 7 dans un logement de 3 chambres. Prenant avec moi tout mon courage de chroniqueur du QL, j'entrais ainsi plusieurs fois dans l'antre de l'ennemi: j'en profitais bien sûr pour espionner quelque peu. Entre un poster de Che Guevara fumant un long bâton de chaise cubain (pour faire plaisir à Mister President Bush) et un autre des Dix commandements indiens, il y avait toute une pile de revues antimondialisation. Il y avait aussi un jeu de Risk, avec lequel on s'amuse à conquérir le monde, les Grands Maîtres, qui nous permet d'incarner un richard amateur de ventes aux enchères de tableaux et aussi un Monopoly. Dans un placard, des vêtements fabriqués autant au Canada, qu'en Inde ou en Indonésie. Chaussures Nike aux pieds, mes anars travaillaient d'arrache-pied mais dans la bonne humeur à remplir une vieille camionnette Ford mais aussi un Chevrolet Blazer – un véhicule utilitaire sport très polluant! – qui appartenait à l'un d'entre eux. Quand il leur fallait aller vider les véhicules, un autre utilisait sa belle motocyclette neuve de marque Honda pour s'y rendre. Bref, fais ce que je dis, et non ce que je fais!!! La pieuvre syndicale... Au Québec, dès le début du primaire, nous sommes bassinés par le nationalisme. Par choix évident du gouvernement québécois, mais aussi aidé en cela par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) qui détient le monopole public en éducation et représente bon nombre de profs qui ont manqué leur profession de cornes de brumes politiques. La dernière semaine nous a ramené une autre odeur de pourriture, cette fois de syndicalisme. La CSQ veut en effet redoubler d'efforts afin de convaincre le gouvernement de la nécessité d'expliquer aux jeunes les Comme je l'ai dit à quelques reprises, les syndicats vont devoir se faire à l'idée que les Les carnets jaunes d'André Drainville La Faculté des sciences sociales de l'Université Laval, qui peut se targuer d'avoir à peu près les seules personnes intéressées sur le campus à militer politiquement et à trouver un quelconque intérêt dans une augmentation des pouvoirs politiques, était en émoi ce printemps. L'automne dernier, un prof de science politique, André Drainville, a publié un genre de roman-brûlot politique pour régler ses comptes avec l'université – qu'il ne trouve pas assez à gauche à son goût. En fait, selon ses propres dires, il serait le seul homme de gauche dans une université de droite... Là où ça se gâte, c'est que certains de ses collègues se sont reconnus dans le roman et n'ont pas du tout apprécié de se faire caricaturer ainsi. Ainsi, 19 enseignants ont même exigé sa tête pour crime de lèse-majesté, soit oser douter de leur orthodoxie gauchiste.
On se souviendra peut-être que ce sont ces mêmes professeurs et militants syndicaleux qui, voici 18 mois, avaient failli faire perdre une année complète aux Une question se pose devant ces syndicats de la haute bourgeoisie et ces associations étudiantes sans crédibilité(1): sont-ils de gauche parce qu'ils militent pour une amélioration de leurs conditions de travail, ou sont-ils de droite parce que leur soif de l'or est aussi inextinguible que celle de l'Oncle Picsou? Quoi qu'il en soit, j'encourage monsieur Drainville à continuer dans cette voie. Afin que, comme l'Internationale, la chanson So... So... So... Solidarité! ne soit plus qu'un mauvais rêve. Le roi de la patate et l'inspecteur Gadget Plusieurs fois par année, les journaux publient la liste des restaurants qui ont échoué à la visite de l'inspection alimentaire. Cela me fait toujours rire. Pourquoi? Avec les migrations en provenance de l'Europe, surtout de France et de Belgique, une charmante tradition européenne s'implante tranquillement chez nous, à savoir que le premier à recevoir la visite d'un inspecteur dans un restaurant donné signale, sitôt après son départ, sa venue dans le coin. Car les inspecteurs sont des individus méthodiques, qui passent au peigne fin tous les établissements d'un même secteur, ce qui donne jusqu'à une semaine aux restaurateurs qui suivent sur sa liste pour, par exemple, demander à un cuisinier de mettre la pédale douce pour quelques jours sur son nettoyage de narines sans papier mouchoir pendant qu'il vous prépare ce délicieux petit plat que vous aimez tant. Remarquez, nous n'y perdons pas vraiment au change. Parce que, quand ils ne trouvent pas une entorse au règlement, ils l'inventent – comme cet inspecteur qui m'a un jour demander de surélever ma chaudière de savon à vaisselle du plancher où elle était posée. Mon patron a alors fabriqué un faux plancher de 6 pouces de haut, sur lequel nous avons installé le contenant de savon. Je suis sûr, à voir son air béat, qu'il a très bien dormi en pensant à tous les nouveaux règlements qu'il pourrait inventer dans les prochaines semaines... Ça, c'est quand ils ne travaillent pas à l'apparence. Un autre restaurant pour lequel j'ai travaillé possédait un entrepôt dont les murs étaient faits de simple contreplaqué, sans peinture. Pourquoi? Parce que s'il l'avait peinturé, cela aurait À bon entendeur, salut.
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