Là où il y a un cerveau, il peut y avoir conditionnement
jusqu'au point d'absence totale de jugement libre et réfléchi.
Les animaux et les humains peuvent être manipulés par l'association
d'idées, de plaisirs, de sensations en général, par
la maîtrise des relations entre les réflexes innés
et ceux qui sont acquis. Ce conditionnement est obtenu par la propagande,
c'est-à-dire une publicité visant à modifier les comportements
(contre le tabac par exemple). Nos étatistes et collectivistes parlent
plutôt de «sensibilisation», un terme utilisé
fréquemment dans la novlangue (newspeak). Quand la
propagande ne suffit pas, ils utilisent les lois et leurs pénalités,
ou les taxes pour modifier les prix. Tous doivent entrer dans le moule,
de gré ou de force. Pour notre protection, le casque deviendra nécessaire
en tout temps, même pour dormir!
Le «constructivisme social» ou «ingénierie sociale»
sont dénoncés par tous ceux qui chérissent la liberté.
Les prix et les coûts sont de meilleurs critères pour effectuer
les choix individuels (et par le fait même les choix sociaux). Le
choix collectif se traduit par l'absence de choix; il est politique
et décidé par les bureaucrates, politiciens et certains groupes
d'intérêt, selon leurs préférences. Une société
de gens qui obéissent aux ordres, à la loi, ne peut qu'être
inférieure à celle de gens responsables. Le risque de l'erreur
individuelle est préférable à celui de l'erreur collective,
laquelle conduit plus efficacement à la catastrophe comme l'histoire
le démontre.
Les deux exemples qui suivent appartiennent au volet «bâton»
du conditionnement. A priori, ils paraissent fort sensés.
Ils doivent avoir un certain sens car ils ont été salués
par quelques maîtres et maîtresses à penser des ondes
et du papier de «notre collectif québécois».
Je veux seulement illustrer comment le raisonnement collectiviste s'ingère
dans la vie courante et devient un mal généralisé.
Donc, amusons-nous un peu.
1.
Kyoto rend-il fou?
La très grande ville (post-fusion) du maire Jean-Paul L'Allier(1),
la ville de Québec, prévoit imposer des amendes à
compter du 1er juin 2004 à quiconque (il y aura des exceptions bien
sûr, dont les policiers chargés de l'application du règlement)
laisse tourner son moteur au ralenti pendant plus de 3 minutes. A priori,
l'idée est bonne car c'est pour notre bien, l'environnement, Kyoto
et l'ego du maire L'Allier. Que ne ferait-on pas pour notre bien, pourvu
que les autres paient et que l'État s'en charge?
Mais réfléchissons.
-
Les policiers
de la ville de Québec, déjà très occupés
à la surveillance de l'âge des partenaires sexuels (i.e.,
la prostitution juvénile), vont-ils devoir s'équiper
de chronomètres? Comment va-t-on établir que le 3 minutes
a été dépassé, à moins que la police
ait toute la discrétion de la preuve? Des puces jumelées
à un GPS pourraient être installées sur chaque véhicule
et transmettraient l'information à un ordinateur central; celui-ci
sonnerait l'alarme au policier le plus près en cas d'infraction,
en donnant au policier l'identification du véhicule et du propriétaire
(information que la ville de Québec n'a pas, du moins pas encore).
Imaginons un instant les coûts d'un tel système...
-
La police
va-t-elle donner la priorité à la surveillance de l'opposition
au maire L'Allier? Va-t-elle surveiller les véhicules des ministres?
Combien faudra-t-il de nouveaux policiers pour assurer une application...
équitable du règlement? Par équitable, j'entends
que tous doivent avoir une probabilité égale d'être
pris sur le fait. Ceci est important car en ce sens aucune loi ne peut
être appliquée équitablement.
-
Pour être
équitables, est-ce que les amendes seront modulées en fonction
du degré de pollution? A-t-on mesuré la pollution générée
par le type et la force de moteur, selon le temps de 3 minutes?
-
La police
de la ville de Québec va-t-elle imposer l'amende à tous les
véhicules, même à ceux dont le propriétaire
réside à l'extérieur du territoire de la ville?
-
La police
pourra-t-elle imposer l'amende quand vous démarrez le véhicule
sur votre propriété privée? Combien de policiers iront
se faire geler pour surveiller toutes les automobiles qui démarrent
le matin, par temps froid?
-
La ville
de Québec sera-t-elle tenue responsable des accidents qu'elle aura
causés par son règlement quand on sait, par exemple, qu'à
20 degrés sous zéro, l'air d'une chaufferette n'a pas le
temps de se réchauffer en-dedans de 3 minutes, que l'humidité
de l'air se condense alors sur le pare-brise, que l'on ne voit plus rien,
que l'on risque donc de se casser la gueule en face de l'hôtel de
ville du maire L'Allier pour avoir l'honneur syndical d'être ramassé
par ses cols bleus qui viennent d'avoir six pour cent d'augmentation de
salaire?
2.
La Sûreté du Québec veut retirer de la route les gens
fatigués
Non satisfaite d'avoir éliminé presque tous les corps policiers
municipaux par des règlements coûteux et excessifs, la Sûreté
de Québec (que j'appelle SSQ à l'occasion, pour sans sécurité
au Québec) voudrait maintenant pouvoir arrêter tout le
monde sur la route pour le motif de fatigue au volant. Le quotidien
de Québec, Le Soleil, titrait à la une le 8 décembre
que la SQ veut un pouvoir de suspension préventive du permis de
conduire des chauffeurs qu'elle jugerait «épuisés».
Encore une fois, a priori l'idée a du sens: un chauffeur
épuisé devrait aller faire dodo ailleurs qu'au volant. Mais
l'interprétation de la fatigue au volant est complexe et ouvre la
porte à des abus. C'était un sujet de discussion pour Loft
Story (malheureusement – ? – retiré des ondes) et le Dr Mailloux,
pas pour la SQ.
«Une société de gens qui obéissent aux ordres,
à la loi, ne peut qu'être inférieure à celle
de gens responsables. Le risque de l'erreur individuelle est préférable
à celui de l'erreur collective, laquelle conduit plus efficacement
à la catastrophe comme l'histoire le démontre.» |
|
La SQ a déjà un pouvoir discrétionnaire considérable
dans l'application des lois et les recours contre elle sont restreints
et très contrôlés et bureaucratisés. Ce pouvoir
de discrétion des policiers démontre, ou bien que les lois
sont mal faites, ou bien que nous vivons dans un régime où
la police devient de plus en plus le vrai pouvoir. Dans l'application de
la Loi sur les armes à feu par exemple, la SQ confisque des
fusils de chasse sans porter d'accusation suite à une présumée
infraction. Or, s'il n'y a pas d'accusation, il s'agit bien là d'un
vol étatisé. Ou les accusations viennent plusieurs mois plus
tard. Le règne de l'arbitraire en somme. Ce nouveau pouvoir que
la SQ demande doit donc être examiné de très près...
Voici mes questions ou commentaires afin qu'ils perfectionnent leur projet.
-
Comment
peut-on attendre des policiers qu'ils jugent de quelque chose mieux que
nous à moins de croire qu'en moyenne ils ont plus de jugement que
la moyenne de la population? Et là nous parlons de moyenne.
En matière de justice l'exception est inacceptable. Le moins qu'on
puisse dire, c'est que les corps de police n'ont pas la réputation
de regorger d'esprits brillants. D'un extrême à l'autre, il
y a chez les policiers à la fois des criminels et des zélés,
qui peuvent vous arrêter quand vous dépassez de 5 km la limite
de vitesse ou quand vous les regardez fixement dans les yeux ou en vous
esclaffant. Les fixer du regard, s'il s'agit d'un policier, c'est de la
provocation et s'il s'agit d'une policière, c'est du harcèlement.
-
Comment
peut-on déterminer objectivement qu'une personne est épuisée?
On peut mesurer le taux d'alcool dans le sang, mais la fatigue? Selon le
nombre d'heures sans sommeil? Selon le nombre d'heures de conduite? Ceci
ne peut être un critère, sauf dans les cas extrêmes.
Comment le policier va-t-il pouvoir le savoir, à moins que la personne
le lui dise (ce qu'elle ne fera pas)?
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Comment
le policier va-t-il s'apercevoir qu'un chauffeur est épuisé?
Si la personne dort au volant, il est bien évident qu'il y a épuisement
et qu'il est trop tard pour faire quoi que ce soit, sauf de klaxonner pour
le réveiller... Mais le klaxonnement est-il dans la description
des tâches des policiers?
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Comment
le policier pourra-t-il distinguer l'erreur due à l'inattention
de celle due à l'épuisement, de celle proprement accidentelle?
Par exemple, si je signale à droite mais que je tourne à
gauche, est-ce que cette erreur est due à l'épuisement ou
simplement due au fait que la présence derrière moi d'un
véhicule de police m'énervait? Évidemment, il ne faut
jamais dire à un policier qu'il vous énerve; ça risque
de coûter cher et vous n'avez pas le droit de vous défendre
si un policier met votre vie en danger.
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Un policier
pourra-t-il suspendre le permis d'un autre policier qui dort au volant?
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Combien
de nouveaux policiers faudra-t-il sur nos routes pour vérifier si
tous les conducteurs ont suffisamment dormi, quand on sait que les policiers
sont déjà eux-mêmes épuisés (c'est du
moins leur syndicat qui le dit) par la surveillance des routes, des vols,
des voies de fait, des homicides, de la drogue, du sexe, des armes à
feu, des ministres, des permis de toutes sortes, qu'ils ont déjà
de la difficulté à faire tout ce travail et qu'ils ne pourront
même pas se surveiller eux-mêmes?
Le nombre de policiers par tête de pipe n'étant pas un indice
d'une société civilisée, il serait préférable,
pour notre bien à tous, d'alléger les tâches des policiers.
L'«allégement» pourrait se faire de deux façons:
1) par l'allégement des lois et règlements qu'ils ont à
appliquer, 2) la plupart de leurs fonctions peuvent être transférées
à autant d'agences privées, à moindre coût.
1.
Le maire L'Allier est un de ceux qui s'attaquent à la «droite
violente» parce qu'elle propose... des partenariats public-privé
afin de diminuer les coûts des services publics, dans le transport
en commun par exemple (quotidien Le Soleil, 6 janvier 2004). C'est
le même maire qui, par la voie des fusions municipales, a éliminé
un transport en commun, privé, qui était efficace et satisfaisant
pour la clientèle, celui de l'ex-ville de Saint-Augustin.
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