Le
marché, plus proche de l'oral et de l'anal que du génital
Prenons comme exemple cet ouvrage récent: Le
complexe d'Ubu ou la névrose libérale (Paris, Fayard,
2004, 324 pages). L'éminent psychanalyste et psychosociologue Jean-Claude
Liaudet y diagnostique divers symptômes comme suit:
Le Marché nous porte, il suffit de l'écouter en nous pour
trouver l'harmonie. À rapprocher de la conception antique du cosmos:
le bon et le juste consistent à être en accord avec lui. Le
Marché présente tous les caractères de la mère
du stade oral: il suffit de s'en remettre à lui pour ne manquer
de rien, il est pourvoyeur de satiété. Il est un sein nourrissant,
plus proche de l'oral et de l'anal que du génital. Tout ce qui nous
éloigne de la mère orale est mauvais. Exit ce qui peut faire
penser au père sexué et porteur de loi, de près ou
de loin. Rien ne doit nous empêcher de jouir d'elle en paix.
Voilà une excellente critique... du socialisme! Loin que les libéraux
prétendent que le Marché soit une entité extérieure
et supérieure, source de bienfaits devant laquelle on doit avoir
une attitude passive, ils affirment au contraire que ce marché n'est
rien d'autre que la résultante des interactions libres entre les
hommes, qui n'offre rien, mais laisse chacun exprimer son potentiel créatif.
L'attitude de chacun devant donc être une activité créatrice
source des bienfaits dont bénéficiera son auteur.
Au contraire, ce sont bien les socialistes qui adorent une entité
extérieure et supérieure, l'État, auquel il suffit
de s'en remettre pour peu qu'il débloque les fonds; cet État
est la source de toute harmonie et régulation sur terre, et le bon
est d'obéir à ses lois, volonté populaire, version
moderne de la volonté divine; l'État dispense des bienfaits,
il suffit de demander, et surtout, ce n'est jamais la peine d'assumer sa
responsabilité, concept bourgeois démenti par les déterminismes
dont les sociologues normaux (donc de gauche) sont si friands. Je suis
du reste ravi d'apprendre que les psychanalystes appellent stade oral ce
que j'avais baptisé la magie
noire. Continuons:
Le libéralisme n'est donc pas neutre, il a des dessous: une certaine
mégalomanie individualiste, un refus des lois, un goût pour
les matières...
Mégalomanie? Voilà qui me rappelle plutôt nos chers
petits socialistes, qui se veulent législateurs,
gestionnaires, expérimentateurs des vies des simples mortels
qui n'auront plus qu'à se plier au plan conçu par en haut
pour jouir des bienfaits de la vie. Les libéraux au contraire prônent
que chacun cultive son jardin en paix. Refus des lois?, alors que le libéralisme
est précisément une théorie du Droit, et une exploration
humble des lois de la nature! C'est bien le socialisme qui rejette les
lois de la nature, qui cherche une liberté objective qui ne soit
pas soumise aux déterminismes, qui fait l'apologie de la subversion
et de la révolution en soi, qui se met systématiquement du
côté des contestataires. Matérialisme? Mais qui donc
soutient le matérialisme dialectique? Qui donc prône l'établissement
de plans sur des critères matériels, et une macroéconomie
avec des objectifs statistiques? Les socialistes et étatistes de
tout poil. Les libéraux au contraire rejettent la dualité
esprit-matière, et constatent que les soucis de l'homme sont d'autant
plus élevés que ses besoins élémentaires sont
mieux remplis, et qu'il n'y a donc pas d'opposition entre ces soucis de
divers ordres.
Il apparaît aujourd'hui normal: que nous recherchions avant tout
notre intérêt personnel, comme le font les entreprises avec
la plus-value; que nous valions ce que nous gagnons; que des PDG déguisent
la réalité pour maintenir le cours de la Bourse; que les
politiques fassent des promesses fallacieuses pour être élus;
que les jeunes n'aient rien à faire de leur père et de toute
figure d'autorité; que nous refusions tout ce qui limite notre pouvoir
souverain de choisir... Nous réalisons aujourd'hui ce que le libéralisme
pense depuis quatre siècles.
Je ne crois pas que cela apparaisse normal à quiconque, même
si c'est le quotidien de nos sociétés social-démocrates
(qui valent bien mieux que les dictatures socialistes où toutes
les malversations sont protégées par la censure). Toutefois,
ce qui est clair, c'est que ces choses sont très clairement aux
antipodes du libéralisme, qui affirme le caractère subjectif
et personnel de la valeur (par opposition à une définition
objective monétaire ou autre), qui condamne la fraude, qui s'oppose
à la politique, qui recommande l'autorité privée volontairement
consentie parce que méritée, qui voit le progrès dans
le développement de traditions familiales de succès, qui
subordonne le choix de chacun au respect de la propriété
d'autrui. C'est d'ailleurs bien grâce à ce qu'il y a de libéral
dans nos sociétés que de telles malversations sont dénoncées
et arrêtées sinon punies, là où le socialisme
les fait passer par les pertes et profits de la gestion collective.
«C'est bien le socialisme qui ne mesure l'intérêt personnel
(ou plutôt, la contribution personnelle à l'intérêt
commun) qu'en termes de statistiques, justifie les moyens les plus expéditifs
pour ses fins sociales, rejette la morale bourgeoise d'honnêteté,
méprise les valeurs familiales, poursuit le mythe d'une liberté
objective. Tout cela n'a donc rien à voir avec le libéralisme
et tout avec le socialisme.» |
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Car c'est bien le socialisme qui ne mesure l'intérêt personnel
(ou plutôt, la contribution personnelle à l'intérêt
commun) qu'en termes de statistiques, justifie les moyens les plus expéditifs
pour ses fins sociales, rejette la morale bourgeoise d'honnêteté,
méprise les valeurs familiales, poursuit le mythe d'une liberté
objective. Tout cela n'a donc rien à voir avec le libéralisme
et tout avec le socialisme. Quant à prétendre que nous savons
ce que pense le libéralisme, il faudrait commencer par sortir le
libéralisme de la censure et arrêter de n'enseigner à
l'école que des auteurs étatistes, qu'ils soient marxistes,
socialistes, social-démocrates ou nationalistes.
Cette psychologie libérale que nous partageons aujourd'hui renvoie
au mode d'être de l'enfant du stade sadique-anal décrit par
la psychanalyse.
Faut savoir, c'est oral, ou c'est sadique-anal??? Décidez-vous,
mon bon monsieur! Mais pour ce qui est de l'infantilisation, c'est bien
ce que j'ai diagnostiqué pour l'étatisme dans la section
3 de mon essai l'État,
règne de la magie noire.
Comme lui, l'homme libéral en nous est individualiste et mégalomane,
il ne supporte pas que sa liberté de mouvement soit entravée
et refuse toute loi. Il est indifférent à la souffrance qu'il
inflige car il n'a pas construit la représentation d'autrui.
J'ai déjà discuté le premier point plus haut. Le second
est intéressant, car le libéralisme est fondé sur
une approche épistémique de l'homme, l'individualisme méthodologique,
la praxéologie;
et sur cette épistémologie, il établit une théorie
du Droit, qui prône précisément le respect d'autrui
et la réparation des torts infligés. Le libéral ne
prétend pas déterminer ce qu'autrui pensera ou fera ou devra
penser ou faire; mais il étudie les relations interindividuelles,
la façon dont elles peuvent être positives pour chacune des
parties. Le socialiste, au contraire, néglige l'individu qu'il sacrifie
volontiers à l'autel du bien commun; ses modèles du comportement
humain sont une théorie sociale conflictuelle où les intérêts
humains sont intrinsèquement opposés, des sciences sociales
s'appuyant sur des statistiques et observations vides de dynamique causale
et créatrice, des théories psychologiques logomachiques qui
ne s'intéressent qu'à l'aliénation, et rejettent systématiquement
tout ce qui dans l'homme est rationalité et moralité. Tout
cela n'empêche pas les socialistes de prétendre en savoir
assez pour être habilités à décider ce qui est
bon pour tous, et d'imposer à tous les décisions collectives
prises par les organes dirigeants.
L'argent,
équivalent des excréments dans l'inconscient
Enfant, son auto-érotisme anal l'a amené à accumuler
ses matières, comme il le fait maintenant de son argent, équivalent
des excréments dans l'inconscient. Comment sortir de cette fixation
d'enfance, de cette névrose collective libérale qui nous
fait devenir ce que nous n'aimons pas être?
La première phrase est un beau charabia dont je ne sais pas s'il
a un sens, mais dont je veux bien parier que s'il en a un, il s'applique
au socialisme et pas au libéralisme. Quant à la question,
elle devrait s'appliquer au socialisme, et pas du tout au libéralisme.
Monsieur le psychologue, medice cura te ipsum!
Dans le même genre, voyons ce que dit un internaute quelconque, qui
se pense normal, donc effectivement socialiste, qu'il se reconnaisse ou
non dans l'étiquette socialiste, dans un
message de fr.soc.economie, où il décrit ainsi le libéralisme:
Le
libéralisme est un système soumis à des règles:
-
Recherche
du profit comme objectif suprême de toute activité.
-
Les
sentiments, les goûts, les émotions, l'amour, la sensibilité,
l'espoir, le désespoir, l'amitié, la solidarité et
la raison n'entrent pas en paramètres pour atteindre l'objectif.
Voilà en un mot l'égoïsme matérialiste déjà
discuté plus haut, qui est l'apanage du socialiste et pas du tout
du libéral. Oh, le socialiste se prétend solidaire; mais
en réalité, il exige que l'État soit solidaire à
la place des individus, qui eux sont des pantins interchangeables (sauf
le socialiste et ses amis, êtres supérieurs à l'avant-garde
du prolétariat, qui sont plus égaux que les autres). Par
delà les beaux sentiments affichés, les socialistes n'ont
pas moins que les autres ce sentiment naturel d'égoïsme, qui
est le moteur de toute action humaine; mais leur égoïsme n'est
pas accompagné du sens de la responsabilité, de l'appréciation
de la valeur de soi-même et des autres individus, de tout ce qui
permet de tisser des liens interindividuels constructifs; ils attendent
de l'État qu'il se substitue aux relations individuelles, qu'il
aplanisse toute notion de valeur, qu'il construise tout et ne laisse au
ressort individuel que les jouissances au sein de l'économie programmée.
Entre les slogans qu'ils ânonnent et la réalité qu'ils
sécrètent, il y a un fossé qui est pour les socialistes
la source de toutes ces névroses, qui tournent à la schizophrénie.
Les socialistes n'ont pas le monopole du coeur, mais seulement celui de
l'oppression, de la désindividualisation, de la déresponsabilisation,
de la destruction de toutes les relations saines entre individus, qui sont
les préalables nécessaires à la véritable amitié,
solidarité, etc.
-
Chaque
être vivant est un numéro qui n'a de valeur qu'autant de profit
potentiel qu'il est capable de générer. Le corollaire immédiat,
c'est qu'il faut exploiter la chair humaine (ou la chair animale) tant
qu'elle peut générer du profit.
-
Les
objectifs humanitaires ne peuvent être considérés comme
acceptables que s'ils génèrent du profit.
-
La
guerre, les épidémies, la violence, la pollution sont acceptables
à condition de générer du profit (armes, vaccins,
masques à gaz...)
Voilà qui reflète bien aussi le mépris dans lequel
les socialistes tiennent des citoyens, simples chiffres statistiques dans
leurs décisions nationales; ces citoyens que les socialistes subordonnent
à la société, simple matière à modeler
par les dirigeants. Tout est acceptable pour le profit de la société;
les socialistes justifient tous les moyens pour arriver à leurs
fins, jusqu'au meurtre politique et au démocide pour créer
un Homme nouveau. Au contraire, le libéralisme est une théorie
du Droit, et délimite pour chacun une sphère d'action, sa
propriété (ou plutôt, le complémentaire de la
propriété d'autrui), qu'il ne peut impunément franchir
pour aucune fin aussi louable lui paraisse-t-elle. Le libéralisme
est précisément une théorie des moyens légitimes,
indépendamment des fins. Du libéralisme découle directement
le principe selon lequel il n'y a pas de délit d'intention, d'opinion
ou même d'expression, et réciproquement, que les soi-disant
bonnes intentions n'excusent ni ne justifient rien. Au contraire les socialistes
criminalisent toute pensée qui s'oppose à eux, et exigent
le contrôle des médias et la censure de toutes les idées
opposées, cependant qu'ils se dédouanent de tous les crimes
qu'ils commettent ou soutiennent par l'affectation de leurs bons sentiments.
-
La
définition du profit, c'est le profit.
-
Le
règlement, c'est le règlement.
Là encore, voilà qui correspond tout à fait au socialisme,
qui affirme l'autorité axiomatique de l'État, du Parti, du
Comité de salut public, des économistes attitrés,
planificateurs et autres intellectuels qui définissent les objectifs
communs de la société pour le profit matériel de tous.
Puis, les individus doivent se plier aux règlements légiférés
par la volonté populaire – l'homme doit se soumettre à l'homme.
Au contraire, les libéraux croient en une éthique fondée
métaphysiquement, chacun devant veiller à son épanouissement
individuel; cet épanouissement commence mais ne s'arrête pas
avec les satisfactions matérielles. Les libéraux revendiquent
de connaître les lois de la nature, auxquelles il ne s'agit pas de
se soumettre, puisqu'elles sont immanentes, mais qu'il s'agit simplement
d'accepter pour pouvoir s'y adapter et construire des édifices techniques
et sociaux qui les mettent à profit. Mais a contrario les
libéraux rejettent toutes les législations et l'imposition
de quelconques règlements faits par l'homme; chacun ne peut être
tenu que par les règles qu'il aura volontairement acceptées.
Nos chers psychologues socialistes voient des libéraux rejetant
les lois et appuyant les règlements, alors que c'est précisément
le contraire. Ce n'est même pas une question de paille et de poutre,
mais d'esprits déréglés qui raisonnent à l'envers!
Je pourrais prendre d'autres ouvrages, articles, messages, lettres, email,
et les analyser de même. Le même genre de contresens est partout
présent. Les donneurs de leçon ne savent pas de quoi ils
parlent. Combien de fois n'en ai-je pas lu qui accusaient le libéralisme
et l'individualisme pour les crimes commis par ces socialistes et collectivistes
affichés qu'étaient Hitler ou Mussolini. Ces donneurs de
leçons prétendent faire la psychanalyse du libéralisme,
en dénoncer les motivations cachées, mais ne savent rien
du libéralisme, et n'ont visiblement jamais discuté avec
un libéral. Ils se contentent de ressortir quelques clichés
appris dogmatiquement, sur lesquels ils projettent leurs propres angoisses,
les démons qui hantent leur inconscient. La désinformation
règne; la névrose socialiste aussi. Et ce n'est même
pas la peine d'argumenter: les seuls mots «libéralisme»
ou «capitalisme» donnent de l'urticaire à l'Homo
Collectivus Gallus, et déclenchent chez lui haine programmée,
dégoût, honte, rejet, ce qui prévient toute discussion,
toute réflexion.
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