Montréal, 20 mars 2004  /  No 140  
 
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COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER
  
LA SOCIÉTÉ LIBERTARIENNE
EST-ELLE RÉALISABLE?
 
 
          Les arguments avancés par les libertariens anarcho-capitalistes, pour affirmer que le droit de propriété est suffisant pour l’ordonnancement juridique d’une société, sont convaincants. 
  
          Ainsi, si un jour, un État quelconque acceptait de se «retirer» d’une partie du territoire qu’il gouverne; si ce territoire devenait habité exclusivement par des libertariens qui reconnaîtraient tous comme légitime la répartition initiale des droit de propriété au moment de la naissance de cette société et seraient tous d’accord, contre Nozick, sur un mode d’appropriation des biens n’appartenant à personne sur la base de la règle du premier occupant sans proviso quelconque, et qui choisiraient tous, ensuite, de respecter ces droits, et tous ceux qui en découlent, de manière inconditionnelle; alors une telle société n’aurait besoin ni de justice, ni de police, et le rêve libertarien pourrait se réaliser tant qu’aucun individu provenant du reste du monde ne pénétrerait sur son territoire. 
  
          Si les conditions ci-dessus ne sont pas réunies, étant donné qu’il n’existe aucun moyen de déterminer une seule façon d’exercer les activités de police (techniques d’enquête, modes d’appréhension des suspects etc.) et de justice (modes d’instruction des dossiers, d’élaboration de la décision de culpabilité ou de non culpabilité, de choix des peines etc.) sur la base du droit de propriété, il est impératif, pour que le rêve libertarien de liberté totale ne se transforme pas en cauchemar de guerre de tous contre tous, qu’à chaque fois que le Droit libertarien est transgressé, que ce soit par un autochtone ou par un étranger en visite sur le sol libertarien, qu’il n’y ait pas de conflit entre le reste de la population (c’est-à-dire toutes les personnes autres que l’agresseur et sa victime) sur la façon dont il convient d’exercer les activités de police et de justice.
 
          Plus la population libertarienne est nombreuse et plus il y a de séjours d’étrangers sur le sol libertarien, et plus est forte la probabilité que le Droit libertarien soit transgressé. Or, il est évident que la difficulté à recueillir un consensus sur la question très sensible de la façon dont doivent être effectuées les tâches de police et de justice, parmi toutes les personnes composant la société libertarienne autres que l’agresseur et sa victime, augmente à mesure que cette population augmente. Or, ce consensus est impératif pour que le conflit entre l’agresseur et sa victime ne s’étende pas à toute la population libertarienne, ce qui signerait la fin de «l’expérience» libertarienne. 
  
          C’est à cause de cette difficulté et du risque qu’elle engendre de guerre de tous contre tous que les hommes, à l’exception de quelques uns, choisissent de confier à l’État le pouvoir exclusif de déterminer la façon dont doivent être exercées les activités de police et de justice. Cette délégation de pouvoirs peut se faire dans un cadre démocratique afin de faciliter la résolution pacifique des désaccords qui peuvent survenir entre la population et l’équipe au pouvoir. 
  
          Comme nous l’avons vu, plus la population libertarienne est réduite et isolée, plus la société libertarienne est réalisable. D’un autre côté, plus cette population est petite et plus elle aura de difficultés à se défendre contre des agressions d’armée(s) étrangère(s). 
  
          La théorie libertarienne repose entièrement sur l’idée que l’être humain a un «droit naturel» à la propriété de son corps, qu’il peut étendre aux objets de la Nature n’appartenant à personne en occupant ou en investissant l’objet en question (droit du 1er occupant). Cette propriété naturelle de soi ainsi que le mécanisme de son extension découleraient d’une «loi naturelle». Or, comme Ludwig von Mises le dénonçait déjà, les arguments du type «droit naturel» ou «loi naturelle» sont de purs arguments d’autorité: 
              Diverses écoles de pensée paradant sous les noms pompeux de philosophie du droit et de science politique, se livrent à de futiles et creuses méditations sur la délimitation des fonctions du pouvoir. Partant de suppositions purement arbitraires concernant de prétendues valeurs éternelles et absolues et une justice pérenne, ces gens s’arrogent la mission de juges suprêmes des affaires humaines. Ils interprètent à tort leurs propres jugements de valeur fondés sur l’intuition, comme étant la voix du Tout-Puissant ou de la nature des choses. (L'action humaine, coll. Libre Echange, PUF, p. 757.)
          Autrement dit, leur droit naturel ou loi naturelle n’existe que dans leur tête. (Sur le concept de loi naturelle, lire également The Myth of «Natural Law» de Iain MacSaorsa) 
  
Pierre-Édouard Visse
France
  
  
 
 
LE MÉPRIS DES HOMMES DANS LA CULTURE POPULAIRE
 
 
Re.: SÉRAPHIN, LES HOMMES ET LEURS PÉCHÉS, le QL, no 139 
 
          Surprenant toutes les découvertes faite par M. Gilles Saint-Amour du film Séraphin. Comme tant d'autres exemples dans notre culture québécoise, l'expression de la haine et du sexisme est devenue une chose banale, du moment que cela est du côté des bien-pensants, c'est-à-dire des féministes, de la go-gauche, des syndicalistes, des socialistes et surtout des anti-Américains. Selon moi, c'est juste une expression de la peur. Cette peur sociale du paternel, du modèle masculin. Le féminisme haineux contemporain utilise exactement les mêmes méthodes d'élimination que les autorités religieuses employaient au début des années 1600: la diabolisation de l'autre sexe, son association au mal pour garder le maximum d'influence sur la politique. À l'époque, il suffisait d'une déclaration sommaire d'un voisin pour qu'un inquisiteur arrête une femme pour sorcellerie ou propos hérétiques mais l'inverse était impossible. Avant, les autorités religieuses donnaient le dernier mot sur les bonnes choses à dire ou à écrire (pensez à Jean-Charles Harvey, il n’y a pas tellement longtemps).  
  
          Aujourd’hui, les médias sont favorables à qui vous pensez? Sous peine de se faire traiter de misogynes. Ils vont baisser la tête (ah les pissous!) et dire ce que ces femmes veulent entendre. Voyez la 'diabolisation' dans les médias francophones; souvent on peut entendre dans les émissions de télé le mot «mâle» (ça sonne mal) pour désigner le masculin. Mais jamais... au grand jamais… le mot «femelle» l'est pour désigner les femmes. Ainsi dans la même phrase, la commentatrice dira «le penchant féminin de celle-ci et le comportement mâle des hommes». Ça se dit bien même avec un sourire. Mais inversez les termes, le présentateur dirait «le penchant masculin de ce gars et l'attitude femelle de ces dames». Ouach! Quels propos «hérétiques» venant d'un homme. Il mérite le lynchage public pour propos haineux envers des «pures». Pensez au Juge Bienvenu, à Jean Pelletier et surtout à un certain juge dont j'oublie le nom qui avait fait des commentaires durs à une criminelle nommée Théberge de Trois-Rivières. Cette dernière avait apprécié de voir mourir son ex au bout de son sang car elle venait d'égorger son «chien de mari médecin» pendant son sommeil avec... une lame de rasoir. Mais le juge avait eu le malheur de la critiquer, les féministes l'ont lynché publiquement. On ne le voit plus maintenant. 
  
          La comparaison avec le film Séraphin n'a rien d'étonnant pour moi! C'est juste la peur de perdre du pouvoir, des subventions, de l'influence politique, tout comme le faisaient les curés durant la grande inquisition pour mieux contrôler les écrits, les manuscrits (les médias) et conserver leurs influences politiques. Leurs outils communs: la haine et le sexisme. La méthode commune: la diabolisation de l'autre sexe. Comme me disait souvent mon professeur d'histoire, «plus les siècles passent, plus l'Histoire se répète».  
  
          Dans les années 1980, les femmes sont monté aux barricades pour faire fermer les tavernes – ces temples privilégiés des machos qui se sauvaient de la tyrannie des bonnes femmes. Les femmes n'y étaient pas admises. Maintenant, ce n'est plus légal au Canada. La discrimination est un crime. Interdit d'exclure l'autre sexe. Bon pourquoi pas? Mais allez dans tous les grands médias québécois et regardez attentivement la publicité. Celle de la station de radio Rythme-Fm, par exemple: Formez votre Femme Club RYTHME FM et gagnez le Queen Mary 2 
  
          Concours qui donne aux auditrices la chance de gagner une croisière sur le Queen Mary 2 accompagnée de deux copines. Mais dans la pub c'est écrit noir sur blanc: «Ce concours s'adresse EXCLUSIVEMENT aux femmes qui écoutent Rythme-Fm.» Discrimination faite sur le sexe? Disons oui. Personne n’ose se plaindre. Bof c'est sûrement parce qu'on est du genre mouton. Chose certaine, cela contrevient à la loi canadienne. Imaginez que je sois un peu comme elles et que je fasse un concours pour «La plus belle moustache»! Gagnez un voyage de rêve au Cambodge et en Thaïlande avec deux de vos copains. Postez-nous votre photo si vous croyez avoir la plus belle moustache ainsi que l'appréciation de vos copains. Il faut avoir 18 ans. Résident Canadien. Fausses moustaches et postiches s'abstenir. Ah Ah, je n'aurais même pas besoin d'écrire que les femmes sont exclues comme elles le font pour Rythme-Fm. Gagez que les féministes montreraient aux barricades pour me tasser. Toutes les «bithcheries» et les coups leur seraient permis.  
  
          Hé «viande à chien», les droits et libertés sont tellement faciles à bafouer quand on a affaire à des gens de mauvaise volonté. 
  
R. M.
Québec
 
 
 
 
LA TIERS-MONDIALISATION DE LA FRANCE VA BON TRAIN!
  
Re.: LE MALAISE UNIVERSITAIRE FRANÇAIS: AVATARS D'UN CONCOURS ET MONOPOLE ÉTATIQUE, le QL, no 139. 
  
          Je travaille actuellement comme ingénieur en génie électronique dans un centre de recherche, avec des jeunes ayant bac+8 et terminant leur thèse de doctorat; ils gagnent moins de 1000 euros mensuellement. Le désir de quitter la France est très fort, et le Canada est en train de rater toute la vague d'immigration de ces chercheurs, car les diplômes français ne sont pas reconnus dans votre pays. 
  
          C'est dommage, car les universités françaises des sciences sont de plus en plus vides et il n'y aura plus beaucoup de chercheurs dans l'avenir. D'ailleurs, qui veux faire ça? Quant à moi, ayant bouffé du chômage plus que ma part j'ai aussi mis de l'huile sur le feu autour de moi. Je cherche aussi à l'étranger.  
  
          Une phrase de Devedjian est souvent répétée: «Les chercheurs américains signent des brevets, les chercheurs français signent des pétitions». Celle-là a bien fonctionné. La France est en train de réussir sa tiers-mondialisation; c'est en tout cas un projet qui va être une grande réussite.  
  
GBR
France
 
 
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