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Montréal, 15 mai 2004 / No 142 |
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par
André Dorais
L'autonomie individuelle est le pouvoir de la raison. L’homme est ainsi fait que malgré qu’on l’enferme ou lui ordonne de se taire il maintient sa faculté de penser. La liberté de mouvement est certes importante, mais sans la faculté de penser elle perd tout son sens. La raison est un pouvoir naturel et ce pouvoir peut se manifester lorsqu'on est libre. |
L'autonomie ne nous est pas fournie d’un bloc, elle se développe
et se cultive. À l’exception des maladies qui en empêchent
le développement, l'autonomie se déploie par expérience,
réflexion et volonté. La famille est la première et
souvent la plus importante source de son développement. Lorsque
l’homme acquiert suffisamment d’autonomie il est en mesure de l’exercer
et de la développer par lui-même.
Être autonome signifie la capacité de se débrouiller seul, d’établir ses propres choix. L’autonomie est la raison pratique, c’est-à-dire celle qui vise l’action. Elle analyse ses propres actions et celles des hommes en général. En ce sens, elle n’est pas différente de la raison qui cherche à expliquer un phénomène naturel, seul son objet de recherche diffère. L’éthique La raison prend toute son ampleur lorsqu’elle reconnaît en l’autre le même pouvoir. Elle se fait alors éthique au sens où elle reconnaît la coopération humaine comme étant à l’avantage de tous. Il s’agit également d’une reconnaissance abstraite d’égalité, voire de respect de l’autre parce qu’il lui est semblable. L’homme n’échange directement qu’avec quelques-uns, mais sa raison lui dicte la non-agression envers tous. La richesse est due notamment à la division du travail, c'est-à-dire la multiplication des échanges, y compris ceux auxquels nous ne participons pas directement. La raison procède de la même manière pour tout le monde. Il y a d’abord un désir de vivre, ensuite de s’exprimer, de connaître et de partager. La liberté et par conséquent la richesse spirituelle, monétaire ou autre, se déploie d’autant plus qu’elle est comprise et respectée. Toute forme d’agression en réduit la portée. Ludwig von Mises nous rappelle que dans un régime socialiste où la propriété est abolie l’allocation des ressources est arbitraire. En effet, c’est uniquement grâce à la propriété que l’homme peut échanger, par conséquent déterminer le prix des facteurs de production et leur allocation. Un régime socialiste ne produit que coercition et pauvreté.
Nos social-démocraties sont héritières du socialisme au sens où elles poursuivent l’agression au nom de la collectivité. La démagogie en est la toile de fond. La propriété est à peine tolérée, la richesse suspecte et le «bien public» est mis sur un piédestal. Le contenu du vol commis par la main droite est d’abord transféré à la main gauche qui le redistribue en partie. Cette redistribution est ensuite qualifiée de générosité, de solidarité, de bien commun et de justice sociale. La liberté, la raison, la justice ont une même condition: la non-agression de la propriété. S’il est facile pour la majorité des gens de reconnaître cette évidence lorsqu’on se réfère à la sécurité de l’homme lui-même il en est autrement lorsqu’on traite de ses possessions. Pourtant, la non-agression signifie également ne pas voler. L’État, la démocratie et la taxation ne sont pas la solution à la pauvreté et à la coopération humaine en général. Au contraire, ils en constituent la principale source de conflit. L’éthique peut être définie comme étant le respect de la propriété. Il s’agit d’une définition restrictive qui s’éloigne de la définition traditionnelle, soit la science du bien et du mal ou science de la conduite. Il y a lieu de la rapprocher de ce que Ludwig von Mises appelait la praxéologie. La praxéologie Mises divise l’analyse de l’action humaine selon qu’elle présente des constantes ou non. L’historien cherche à comprendre l’action contingente et particulière, tandis que le praxéologue cherche à concevoir les constantes, donc les lois qui régissent l’action humaine (voir Epistemelogical Problems of Economics). Mentionnons quelques-unes de ces lois: Toute action humaine est une tentative d’améliorer son sort. Une satisfaction présente est préférée à une satisfaction ultérieure. La production précède la consommation. Ce qui est consommé maintenant ne peut l’être plus tard. Si le prix d’un bien est réduit au moins la même quantité sera achetée. Un prix fixé plus bas que le prix du marché entraîne une pénurie, tandis qu’un prix fixé plus haut entraîne un surplus. La propriété et les titres de propriété sont des entités distinctes et dans la mesure où l'on augmente les seconds davantage que les premiers on ne fait que redistribuer la richesse plutôt que l’augmenter. Etc. À travers ces lois, on note que plus la propriété est respectée, plus la liberté et la richesse se déploient à l’avantage de tous. L’éthique de la liberté peut être considérée comme étant la loi constitutive de la coopération humaine, celle qui permet l’enrichissement de tous au détriment de personne. De son côté, la praxéologie analyse les conséquences de l'action et tente d'en concevoir des lois. À ce titre, la praxéologie est également une science de la conduite, mais qui diffère de l'éthique traditionnelle. Il s'agit d'une science qui englobe l'économique, telle qu'on l'entend aujourd'hui, tout en rejetant la méthodologie qui domine sa pratique universitaire; qui occupe le champ traditionnel de l'éthique et qui suggère le respect de la propriété. Si ce n'était du poids des traditions, nous dirions que la praxéologie est l'éthique, car mieux que l'éthique traditionnelle son enseignement nous outille à préserver la plus importante des valeurs humaines: la liberté. Étudiez-la, comprenez-la et partagez-la, car notre liberté en dépend.
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