Montréal, 15 août 2004  /  No 145  
 
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COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER
  
CHOI-FM: FILLION ET ARTHUR
NE SONT PAS DE LA BONNE CASTE
 
Re.: CHOI-FM: À BAS LA LIBERTÉ D'EXPRESSION, le QL, no 144 
 
          Ce à quoi on assiste présentement peut paraître de la censure pour plusieurs, malheureusement, il ne s'agit pas de censure, mais de quelque chose d'encore pire: La preuve qu'ici, au Québec, il existe un système de castes bien ancré chez nous, semblable à ce d'aucuns déplorent dans les bas-fonds de l'Inde. Sauf que contrairement à l'Inde, ici, les intouchables sont du bon côté. 
  
          Décembre 2002: On assiste à une importante opération policière à Québec. Un réseau de proxénétisme exploitant de jeunes mineures (moins de 18 ans) est démantelé. Proxénètes et clients sont arrêtés et on envoie les jeunes victimes dans des maisons d'accueil. Ce qui semble à première vue une opération rapidement ficelée se met rapidement à dérailler. La cause? De nombreux clients du réseau de prostitution juvénile sont des notables de la Ville de Québec, avec entre autres, un morning man très connu, plusieurs hommes d'affaires prospères et un organisateur du Carnaval de Québec. Il ne s'en fallait pas plus pour que le vent tourne alors rapidement de bord et prenne soudainement une odeur de fumier: Les victimes sont traitées de menteuses, de «p'tites putes», de plaignantes, on sabote leur crédibilité, bref, les victimes deviennent rapidement les coupables. Pire encore: AUCUN groupe de défense des femmes ne prend leur parti... Elles avaient malheureusement en face d'elles des intouchables, et elles n'avaient plus aucun support, aucun... sauf celui de Jean-François (Jeff) Fillion et André Arthur. 
  
          Fillion et Arthur deviennent les seuls à prendre le parti des victimes dans cette sale affaire, et jour après jour, ils en parlent avec véhémence et acharnement, au grand déplaisir des intouchables. Et rapidement des gens bien pensants, des «intellos», et même des femmes reconnues comme féministes condamnent Arthur et Fillion pour leur implication dans l'Affaire Scorpion. C'est qu'Arthur et Fillion ont deux défauts majeurs, deux tares abjectes aux yeux de nos amis des Bandes des Six: Ils sont fédéralistes et de droite (modérée). Il ne s'en fallait pas plus: On se devait au plus vite de les crucifier à l'autel des mécréants! Et la tâche ingrate a été donnée... aux fonctionnaires du CRTC. 
  
          Ce CRTC qui, d'un côté pend haut et court Fillion et Arthur, ne donne qu'une petite tape à Normand Brathwaite qui avait insinué à la télé que la plongeuse olympique Annie Pelletier avait couché avec toute la colonie artistique! Ces Martin Matte, Patrick Huard et autre humoristes qui, des mois durant, se sont acharnés à descendre et à détruire publiquement des personnalités publiques ou de simple gens avec des cochonneries comme Piment Fort, le festival Juste pour rire, ou des émissions «humoristiques» à CKOI-FM ou à Radio-Énergie, n'ont jamais été censurés, eux. Pire encore, leur fiel a été grassement subventionné par nos deux niveaux de gouvernement, directement de nos poches. Mais pour le CRTC, l'odeur merdique de leurs inepties n'a aucune importance, ce sont des intouchables. Ce qui n'est malheureusement pas le cas pour Jeff Fillion et André Arthur. 
  
          Ils n'étaient pas de la bonne caste. Ils en paient maintenant le prix. 
 
Normand Martel
St-Hubert
  
  
 
 
CHOI-FM: UN COURANT DE PENSÉE LÀ POUR RESTER
  
          Mon nom est Sébastien Mc Mahon, et je suis avant tout un être humain. Comme tous les être humains, je ne désire que vivre librement, penser librement et m'exprimer librement. Par contre, il semble qu'un comité de 5 personnes ait décidé que les idées et les opinions de 385 000 résidants de la région de Québec ne satisfont pas certains critères d'éthique établis il y a un certain nombre d'années, par un certain sous-groupe d'individus, à un endroit quelconque. 
  
          Vous pouvez penser ce que vous voulez des animateurs et des propos de la station de radio CHOI, votre liberté d'opinion est la base de notre système de valeurs canadien. Le marché des idées est le marché le plus libre de la terre, car les idées sont sans frontières, mais surtout parce que personne ne peut imposer une idée à un esprit libre. C'est pourquoi le fait que 385 000 personnes décident d'écouter les propos d'un animateur de radio n'est pas une simple statistique mais bien un reflet d'un courant de pensée au sein d'une population. 
  
          Le nom de l'émission du matin de Jean-François Fillion est Le monde parallèle et ce nom reflète parfaitement la présente situation. Nous vivons, semble-t-il, dans un monde différent de ceux pour qui les sujets dont nous traitons apparaissent répugnants. Ceux qui souhaitent nous faire taire plutôt que de vivre avec notre réalité se prononcent par le fait même contre leur propre liberté d'être différents et de penser différemment. 
  
          Nous ne sommes pas une statistique, nous sommes le peuple. Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes le peuple. Vous pouvez nous considérer comme une sorte de monstre. Vous pouvez penser que vous n'avez qu'à nous couper les cordes vocales et vous fermer les yeux pour que nous en venions à disparaître, mais vous pouvez être certains d'une chose: le monstre est bien en vie et ne mourra pas aussi facilement. 
  
          Merci. 
  
Sébastien Mc Mahon
Québec
  
  
 
 
C-68, LE DÉBUT DE LA FIN POUR LE CANADA 
 
          L'image de la démocratie canadienne est en train de se ternir de plus en plus à chaque jour. Personnellement, je me sens gêné d'arborer un drapeau canadien. Et ne croyez surtout pas que je sois péquiste par mes propos! Parce que si je possédais un drapeau fleur de lysée, lui aussi sentirait la «boule à mite» autant que celui du Canada. 
  
          Selon moi, la brèche est apparue en premier dans notre «fragile» démocratie lorsque le gouvernement conservateur de Brian Mulroney, et celui des libéraux de Jean Chrétien et d'Allan Rock qui a suivi, ont voté la double loi C-68 sur le contrôle des armes au Canada. 
  
          La réaction mièvre des médias canadiens et surtout québécois m'a beaucoup déçu sur ce sujet. Le peu de débat au sujet des droits et libertés qu'a suscité cette fameuse loi a donné le feu vert aux autres bureaucrates en manque de pouvoir et de contrôle. 
  
          Quand Allan Rock se pétait les bretelles en chambre avec sa loi malsaine, eh bien que disait le premier ministre du Québec d'alors, Lucien Bouchard? «J'applaudis cette loi, c'est vraiment un geste courageux.»  
  
          Si un jour, vous Québécois, croyez reprendre votre liberté en vous séparant du Canada, vous vous trompez! En tout cas si vous faites votre indépendance avec les péquistes, je nous souhaite bonne chance. Ne comptez pas sur Jean Charest, c'est un pissou! Et ce sera encore pire si le Canada après Martin reste rouge! Non, l'avenir de la démocratie au Canada n'est pas très reluisant. 
  
          J'appuie les gens de CHOI-FM de Québec à 100%. 
  
R.M.
L'Ancienne-Lorette (défusionnée et libre)
 
 
 
 
QUITTER LE QUÉBEC: AILLEURS, C'EST SOUVENT PIRE
 
Re.: POURQUOI NOUS QUITTONS LE QUÉBEC, le QL, no 144 
 
          Monsieur Charlebois, 
  
          Je suis un jeune Québécois de 19 ans qui a lui aussi décidé de quitter temporairement sa province, l'histoire d'un été pour découvrir ce qui se passe ailleurs. Or, tout comme vous, l'image du Québec ne me réjouit guère et je me rends compte que ma province n'est pas la meilleure, mais il semble bien que vous faites certaines erreurs dans votre article. 
  
          Soit dit en passant, cet été, je travaille à l'île-du-Prince-Édouard et il y a deux ans, j'ai travaillé au Manitoba. Pour moi, pur produit d'une famille de la classe moyenne de la rive-nord de Montréal (Saint-Eustache), les expériences de travail/voyage sont le meilleur moyen de voyager, d'améliorer mon anglais et de découvrir de nouvelles cultures, tout en me permettant de ramener des provisions ($) pour l'hiver. 
  
          Cependant, vous vous trompez littéralement lorsque vous dites que la taxe de vente au détail québécoise est supérieure à toutes celles des autres provinces canadiennes. Figurez-vous qu'à l'IPE, la taxe de vente provinciale est de 10%, et qu'elle vient s'ajouter à celle de 7% du fédéral. Donc, le total est de 17.7%. Ce qui est plus élevée que nos 15,025% au Québec. 
  
          Pour ce qui est de l'alcool, il coûte sensiblement plus cher aussi. Ainsi, une bouteille de 26oz de vodka Smirnoff coûte 21.95$. Dans mes souvenirs du Québec, il semble que la même bouteille était 1$ de moins. 
  
          Pour ce qui est de l'essence, les prix ne fluctuent pas à tous les jours ici. En fait, ils changent au mois et sont affichés publiquement dans les journaux lorsqu'ils changent. Mais le prix peut varier de quelques cents d'une station à l'autre en fonction de l'emplacement. Cependant, lorsque le Québec payait 82,9 cents, l'IPE payait 90,4 cents. C'est sensiblement le même constat pour le tabac, puisque le paquet est 11$. Cependant, je suis d'accord que le Québec fait piètre figure lorsqu'on le compare à l'Ontario ou à l'Alberta. 
  
          L'autre point que je voudrais souligner est la politique de No-Fault qui est appliquée dans le programme d'assurance-automobile du Québec. Je suis d'accord avec vous qu'il est immoral d'indemniser des criminels de la route. Cependant, le No-Fault permet de sauver beaucoup d'argent en assurances, notamment pour les jeunes. À l'IPE, il est courant que les jeunes paient jusqu'à 2 500$ pour s'assurer comme premier conducteur. Et la différence est minime entre s'assurer sur un sens versus sur les deux sens. En comparaison avec les autres provinces, je préfère nettement le No-Fault, d'autant plus que les études montrent qu'il en coûte seulement environ 50 cents par automobiliste. Ainsi, pour moi, l'efficacité et surtout l'assurance que toutes les victimes seront indemnisées, même si elles se font frapper par quelqu'un qui n'a pas beaucoup d'argent, dépasse largement les dangers de l'interventionnisme de l'État. 
  
          Pour ce qui est de l'éducation supérieure, nous savons tous que nos cégeps publics sont une perte de temps. Pourquoi? Parce qu'ils sont gratuits. Cependant, je ne crois pas que c'est en ayant à débourser 10 000$ que les jeunes seront plus intéressés à l'éducation. Je parlais justement à un étudiant de 24 ans de l'Université de l'IPE qui fait un retour aux études et il me disait qu'il tentait autant que possible d'éviter les cours de première année parce que plusieurs jeunes parlent pendant les explications des professeurs. Et pourtant, ils doivent débourser des frais de scolarité beaucoup plus élevés qu'au Québec. Personnellement, je suis pour un dégel des frais de scolarité afin de conserver la qualité, mais je ne veux pas non plus compromettre l'accessibilité, ni devoir sortir super endetté de mes études, comme aux États-Unis par exemple. 
   
          Les cégeps pourraient prendre l'exemple du Collège de Brébeuf qui coûte 3000$ par année. J'ai eu la chance de le fréquenter et croyez-moi, ce n'est pas parce que les gens ont 17-18 ans qu'ils parlent dans les cours. Et pourtant, l'accessibilité n'est pas compromise à cause des coûts, car ils ne sont pas excessifs, même pour la classe moyenne. Le seul contingentement se fait par les notes, mais est-ce vraiment quelque chose de négatif de sélectionner les meilleurs et de les pousser à s'améliorer d'avantage? 
  
          Merci d'avoir pris ces conseils en considération et n'oubliez pas de penser aux provinces pires que le Québec, c'est-à-dire les provinces de l'Atlantique. 
  
Marc-André
  
 
 
 
ÉCONOMIE SOCIALE: LUCRATIVE SANS FAIRE DE PROFITS
  
  
Re.: ÉCONOMIE SOCIALE OU GASPILLAGE SOCIALISTE?, le QL, no 76 
  
          Monsieur Masse,  
  
          Joli texte simpliste, qui ignore les subventions faites à l'entreprise privée pour ensuite être redistribuée aux actionnaires sous la forme de dividendes... qu'on nommera autrement que subvention pour plaire à la populace. 
  
          Sans compter qu'en économie sociale, on retire souvent des gens du système d'assistance-emploi ou d'assurance-emploi pour leur fournir un emploi rétribué qui, lui aussi, contribue à l'économie grâce aux impôts ainsi qu'aux taxes payées par ledit contribuable qui auparavant coûtait cher autant en santé qu'en paiement, sans contribuer à l'économie. La somme des subventions sera rapidement plus petite que la somme que l'État aura récupérée en un peu plus de deux ans. 
  
          Monsieur Masse, retournez à vos crayons et calculez mieux vos sommes; plusieurs entreprises d'économie sociale sont même à soutirer des dépenses de l'État – telles que les Ressourceries, qui récupèrent des matières vouées à l'enfouissement, et notons aussi Insertech Angus ou SOS Vélo, ou encore La commode fripes et trouvailles – donc réduisent les montants donnés au privé pour l'enfouissement des déchets alors que de nouvelles voies peuvent être trouvées pour ces matières. 
  
          Cherchez à pousser votre analyse au-delà d'un simple coup d'oeil de ce que l'État contribue et poussez votre analyse vers les coûts réels ainsi que les économies à l'État, vous serez surpris d'apprendre qu'en général une entreprise d'économie sociale est lucrative dans son ensemble, même si elle ne génère pas de profits pour un entrepreneur. Sa mission n'est justement pas les profits, mais une condition agréable pour ceux qui sont dans l'entreprise! 
 
Elyse Rémy
MBA, BAA
 
 
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