EXTRAITS
A.A.:
[…] Quelle analyse vous autres vous faites de l’aventure CHOI-FM? Qu’est-ce
que vous voyez là-dedans?
M.M.:
Ce que vous venez de raconter c’est un peu ce que les gens au pouvoir ne
veulent pas qu’on sache. À la place de ça, on est gavé
avec toutes sortes de justifications plus ou moins morales, idéologiques,
économiques et autres, et c’est un peu tout ça qui est répété
par les médias de l’establishment, par les gens qui veulent nous
faire croire autre chose que ce qui se passe vraiment. Et moi, ce qui m’intéresse,
c’est justement de voir la dichotomie entre le discours officiel et ce
que vous venez de raconter, qui est beaucoup plus terre-à-terre.
Si on regarde ça d’un point de vue… disons de l’analyse économique,
de toute cette question-là, il y a vraiment un mythe qui sous-tend
tout ça qui est que quand l’État intervient, l’État
intervient pour le bien public. Pour le bien collectif. Pour nos intérêts
à nous tous. Alors que quand ce sont des questions privées,
on a chacun nos intérêts et c’est tout juste si on ne s’entretue
pas pour tirer la couverture de notre côté.
A.A.:
Donc, un monopole de l’honnêteté et de la dignité dans
les mains de l’État, les mauvaises intentions étant l’apanage
des individus.
M.M.:
C’est ça. Ça c’est un peu le mythe ou la grande illusion
qui sous-tend tout l’interventionnisme étatique. […] Et cette illusion-là,
[…] des économistes ont essayé de décortiquer ça,
il y a quelques décennies. Ils ont essayé d’analyser ça
simplement d’un point de vue économique. En allant derrière
le mythe, derrière l’espèce de discours moral. Des intérêts
économiques, c’est quelque chose qui s’analyse, c’est un fait objectif.
Comment est-ce possible que quand on est des individus avec des intérêts
privés, on se préoccupe pas des autres et, tout à
coup, quand on devient employé du gouvernement on a l’intérêt
de toute la collectivité dans notre coeur, mais nos intérêts
à nous, personnels, on ne s’en préoccupe plus? [Des économistes
de l’École du Choix public] ont montré que justement, les
individus ont tous des intérêts, à divers niveaux.
Des intérêts pour ce qui est de se défendre eux-mêmes,
d’avoir plus de revenus, etc., de défendre leur famille, ils veulent
le bien-être de leurs amis, de leur communauté… On est tous
comme ça et c’est pas parce que tout à coup on devient un
fonctionnaire ou un politicien que tout ça disparaît, et est
mis de côté, et on devient tout à coup des partisans
du bien public. Et ce que ces économistes ont montré, c’est
que, au contraire, les gens qui tout à coup se retrouvent avec le
pouvoir de l’État, ils continuent à avoir des intérêts
individuels, des intérêts de leur petit groupe à eux,
et ils continuent à les défendre. Et quand on analyse des
débats, des controverses comme celle de CHOI, je pense que vous
venez de bien le montrer, ces intérêts-là, si on gratte
un petit peu, on les retrouve. […] |
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EXTRAITS
A.A.:
[…] Mais tout ça [ces grand «débats» de société]
serait ridicule et sans importance si la presse faisait sa job.
M.M.:
Oui mais la presse, les journalistes passent où pour devenir journalistes?
Ils passent dans des facultés de Communications à l’Université
Laval et à Concordia. Ils sont enseignés par des profs étatistes
qui répètent que pour se trouver des bonnes jobs dans les
médias officiels, il ne faut pas trop s’éloigner de la ligne
officielle. Et on leur enseigne deux ou trois cours de sciences politiques
et d’économie pour leur donner un certain vernis de culture générale.
Et on leur répète les mythes keynésiens et socio-démocrates
à la mode dans les milieux universitaires et on en fait de bons
petits journalistes qui répètent la ligne officielle. Pour
avoir autre chose, il faudrait… je comprend qu’il y a des grands groupes
[de presse], mais je penses que ces grands groupes, ce qu’ils contrôlent
au niveau des journalistes, c’est assez limité. Ils n’ont pas besoin
de contrôler grand-chose…
A.A.:
Les grands groupes ne comptent pas à côté des grands
syndicats. Ils sont tous CSN!
M.M.:
Exactement. Chacun de ces journalistes-là est syndiqué. […]
A.A.:
Le quebecoislibre.org?
M.M.:
Le quebecoislibre.org, c'est ça. On est publié à tous
les mois, le 15 du mois maintenant. Et on essaie de faire avancer ces idées-là…
A.A.:
Mais ce qui m’épate c’est que vous n'avez aucune concurrence!
M.M.:
Non, mais on attend l’avis du CRTC, quand ils vont décider de réglementer
Internet (rires). Quand ils vont nous dire que… parce que vous savez qu’ils
parlaient de ça il y a quelques années?
A.A.:
Ils ont essayé et ils vont revenir! Là ils parlent de revenir.
Étant donné que leurs amis du téléphone veulent
passer sur Internet, ça va leur donner l’angle pour entrer sur Internet
pour contrôler la téléphonie.
M.M.:
Un moment donné, je vais peut-être devoir vous appeler pour
vous dire qu’on a reçu un avis du CRTC qui nous ordonne d’enlever
la moitié de notre site parce que ça choque les «valeurs
canadiennes».
A.A.:
Salue Monsieur Masse!
M.M.:
Merci beaucoup, Monsieur Arthur.
A.A.:
Martin Masse est directeur du magazine Internet Le Québécois
Libre.org. Dans une dictature, tu te fais dire «Ferme ta gueule!»
Dans une démocratie, tu te fais dire «Cause toujours, je ne
m’en occuperai pas.» Il me semble que depuis quelques années,
on est passé, au Canada, de «Parle, parle, ça ne me
dérange pas!» à «Ferme ta gueule!» CHOI-FM,
«Ferme ta gueule!», les amis de Corus veulent ton antenne.
[…] |