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Montréal, 15 octobre 2004 / No 147 |
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par
Mickaël Mithra
La tradition libérale De mon point de vue, est libérale toute personne favorable à la liberté individuelle, au sens politique du terme (et non métaphysique; j'y reviendrai). Je crois qu'il n'y a pas de « libéralisme |
C'est le cas pour certains qui mettent en avant la fameuse À mon sens, il existe simplement un courant ou une tradition libérale, qui remonte au moins à l'antiquité grecque (et non simplement à Locke ou Hume) et qui est aujourd'hui plus vivante que jamais. Il n'y a aucune raison de s'arrêter aux classiques et d'en faire des demi-dieux. Cette tradition libérale est marquée par une série de découvertes philosophiques (notamment métaphysiques, épistémologiques et éthiques) et économiques. Elle est mue par l'enrichissement du savoir humain. Au fur et à mesure qu'on comprend la nature de l'univers et de l'homme, on perçoit de plus en plus l'intérêt et la nécessité de la liberté. C'est pourquoi la tradition libérale, au début très étatiste, devient de plus en plus anarchiste. Cette évolution vers les idées anarchistes est le résultat d'un processus de Ceci explique pourquoi de plus en plus d'intellectuels libéraux sont anarchistes. Certains d'entre eux – je pense par exemple à François-René Rideau – n'en sont donc plus à réfuter les arguments en faveur de l'État, mais à tenter de comprendre quels mécanismes ont engendré et engendrent toujours ces erreurs. Mais ces recherches ne sont accessibles et intéressantes que pour ceux qui ont déjà intégré que tout argument en faveur de l'État est nécessairement erroné. Anarchie et liberté Jusqu'à présent, je n'ai pas employé l'expression L'anarcho-communisme ne prône donc pas l'anarchie, mais à strictement parler, l'anéantissement de toute l'humanité. Son erreur fondamentale provient du fait qu'il conçoit la propriété privée comme une institution artificielle introduite par l'État pour opprimer les pauvres, alors que c'est précisément le contraire qui est vrai: l'État cherche par tous les moyens à restreindre le champ de la propriété privée par des taxes, règlementations, monopoles
Malheureusement, le terme L'absence de précédent J'en viens maintenant aux questions posées par le lecteur de la Page Libérale. Il semble avoir existé par le passé des sociétés anarchiques relativement stables, comme l'Irlande celtique. Il existe des discussions sur ces cas, mais je ne m'y risquerai pas, n'étant pas moi-même historien. Que les spécialistes nous en parlent. Quoi qu'il en soit, là n'est vraiment pas la question. Car enfin, cette objection Les idées philosophiques précèdent toujours leur application. Il n'y a pas d'acte sans idée, il n'y a pas d'organisation sociale sans idée. Une fois qu'on a compris qu'un maximum de liberté est à la fois souhaitable et logiquement possible, on est naturellement amené à appeler de ses voeux une société anarchique, ou anarcho-capitaliste. Il se trouve de surcroit que l'histoire de l'humanité a été jusqu'à présent celle d'un perpétuel changement, qui grosso modo a conduit à une amélioration progressive. Pourquoi ne pas penser et souhaiter que l'on puisse arriver un jour à un stade avancé de liberté? Il n'y a là aucune contradiction. Être Une fois assimilé le fait que l'avancée de la liberté politique coïncide nécessairement avec l'avancée du niveau matériel, scientifique, intellectuel et moral des masses, on peut également faire la réflexion suivante: qu'il serait inquiétant que l'humanité ait connu par le passé une anarchie généralisée et stable, car cela signifierait qu'il y a eu depuis une régression massive de la liberté et donc un retour à un stade antérieur de barbarie. Cela s'est déjà produit, quand par exemple suite à une guerre ou autre catastrophe, des démocraties sont revenues au stade de dictatures. Cela pourrait se produire également dans le futur au sein d'une hypothétique société libre – anarchique. C'est le fameux argument de « L'instabilité » de la société anarcho-capitaliste Cette accusation d'instabilité est souvent évoquée par les adversaires de la liberté politique radicale – l'anarchie. Elle est symptomatique d'une difficulté à comprendre ce qui fait la stabilité d'une société. Imaginez que vous vous trouviez il y a quatre mille ans en Egypte et que vous tentiez de défendre l'idée de démocratie. Nul doute que personne ne vous accorderait plus de cinq minutes avant de vous traiter au minimum de doux rêveur. On vous rétorquerait que sans le Pharaon, la société sombrerait dans le désordre, la violence et le néant; que le Pharaon est le seul à pouvoir infléchir les dieux, et qu'il ne saurait être question de s'en passer. Vous seriez amené à entrer dans un débat métaphysique et épistémologique complexe face à des gens qui n'en connaissent pas les rudiments, en vain. La tâche des anarcho-capitalistes dans le monde actuel est du même ordre. Aucun gouvernement au monde n'est capable d'assurer la stabilité d'un système social. Cette stabilité est le produit de l'idée que les gens se font de leur système social. S'ils pensent massivement que la démocratie est le meilleur système, alors il y aura une démocratie, d'autant plus stable que l'idée est partagée. S'ils régressent et se prennent à croire qu'un dictateur est La guerre contre l'État est une guerre d'idées. C'est une guerre de diffusion de l'information, d'explication, de pédagogie, de construction conceptuelle: il s'agit de comprendre que la liberté est bonne dans tous les domaines de l'existence, et d'autant plus qu'ils sont fondamentaux. Il s'agit de comprendre que toute restriction de la liberté introduit de la destruction et du désordre au détriment de la masse et au profit d'une petite élite. Tant que les gens n'auront pas compris cela, l'État prospérera. Le jour où ils l'auront compris, aucune force au monde, aucun groupe armé ne pourront empêcher la disparition inéluctable de l'État. Mais pour en arriver là, il faut accepter de prendre connaissance des écrits des auteurs libéraux, ce que la plupart des gens refusent farouchement de faire. Qu'est-ce qui empêche qu'un Pharaon prenne le pouvoir aujourd'hui en se réclamant d'Osiris ? Ce n'est ni la Police, ni l'Armée. C'est l'information qui est dans vos têtes, à vous qui me lisez. Cette information vous fera dire: La société anarcho-capitaliste, une « utopie »? On entend souvent dire que l'anarcho-capitalisme est L'utopie communiste, par exemple, se fonde sur l'hypothèse de l'homme L'utopie Rien de tel avec l'anarcho-capitalisme qui se fonde au contraire sur des arguments logiques et se garde de contredire toute donnée métaphysique. C'est au contraire par l'analyse fine de la nature de l'univers et de l'homme qu'on parvient à la conclusion de l'anarcho-capitalisme comme idéal de société. La tradition libérale qui y mène est d'abord une tradition du rationalisme, scrupuleusement respectueuse de la réalité et de la logique. C'est la raison pour laquelle je ne me dis pas particulièrement |