Politique
de dénatalité
Si le Québec envoie ses « patientes » aux États-Unis,
ce n’est pas parce que les avortements tardifs (24 semaines et +) sont
illégaux dans la Belle Province, mais parce qu'aucun médecin
ici n'est en mesure d'offrir le service. « [N]ous en
sommes rendus à pouvoir faire des avortements à 23 semaines,
d'expliquer Claude Paquin de la clinique médicale Fémina,
un établissement privé de Montréal qui se spécialise
dans les avortements. Ça prend du courage(2)
et de bonnes habiletés techniques pour faire ça. »
Au Canada, il n'y a pas de limite de semaines pour pratiquer un avortement,
à la condition qu'il n'y ait pas de « naissance
vivante ». Techniquement, une femme peut se faire avorter
le jour de son accouchement. Tout ce dont elle a besoin, c'est d’un courageux
médecin prêt à le faire. Mais même le père
de l’avortement libre et gratuit au Canada, le Dr Henry Morgentaler, se
dit mal à l'aise à l'idée d'interrompre une grossesse
ayant dépassé le cap des 22 semaines: « Nous
n'avortons pas des bébés, nous avortons des foetus, avant
qu'ils ne deviennent des bébés. »
Qu’à cela ne tienne, une porte-parole du ministre de la Santé,
Philippe Couillard, annonçait le 11 septembre dernier qu’un médecin
spécialiste était présentement en formation (en ajoutant
qu'« on ne refera pas le débat sur le droit à
l'avortement »). Les Québécoises enceintes
de plus de six mois n’auront donc plus à s’exiler aux États-Unis
pour interrompre leur grossesse. Une excellente nouvelle pour la désormais
célèbre Chantal Daigle(3)
qui estime qu’il ne devrait pas y avoir de limite de temps pour recourir
à l’avortement.
À un stade de 26 semaines, neuf foetus sur dix peuvent survivre
à l'extérieur du sein de leur mère, leurs yeux sont
partiellement ouverts et ils distinguent la lumière. «
Il est rare, d’ajouter la journaliste de La Presse, qu'une
femme attende aussi longtemps avant de subir un avortement, mais ce sont
souvent les mêmes qui se retrouvent dans cette catégorie:
les malchanceuses et les ambivalentes qui n'arrivent pas à se décider.
»
L’État-avorteur
Qu'est-ce qui peut bien amener une femme à se faire avorter à
mi-chemin de sa grossesse? Comment expliquer que bon an mal an, il y ait
environ 30 000 femmes qui se font avorter au Québec
seulement? C'est à se demander quel bout du processus de reproduction
échappe à ces 60 000 personnes! Un homme, une
femme... enfin, vous connaissez la mécanique. Tout le monde sait
d'où proviennent les bébés et il existe des tas de
méthodes de contraception, pourtant...
« Qu'est-ce qui peut bien amener une femme à se faire avorter
à mi-chemin de sa grossesse? Comment expliquer que bon an mal an,
il y ait environ 30 000 femmes qui se font avorter au Québec seulement?
C'est à se demander quel bout du processus de reproduction échappe
à ces 60 000 personnes! » |
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Parmi les milliers de femmes qui ont recours annuellement à l’avortement,
toutes ne vivent sûrement pas des situations extrêmement
difficiles. Une bonne part d'entre elles doivent manifestement utiliser
l’avortement comme méthode de contraception – j’en connais qui en
ont subi deux, même trois... Les personnes qui persistent à
avoir des relations non protégées, avec tout ce que cela
implique de risques ou de conséquences, devraient-elles s'attendre
à recevoir une protection de l'État? Non. La grossesse n’est
pas une maladie. Elle est hyper facile à prévenir.
À toutes les fois que la question refait surface, on nous dit qu'«
on ne refera pas le débat sur le droit à l'avortement ».
Que les femmes l'ont remporté de peine et de misère. Et qu'il
ne faut surtout pas retourner en arrière. Mais faites un sondage
demain et demandez aux contribuables ce qu'ils pensent du fait que 30
000 avortements sont pratiqués ici chaque année. Et
que ce sont eux qui payent ces 30 000 avortements avec leurs
impôts. Demandez-leurs, un coup parti, ce qu'ils pensent de l'avortement
tardif! Vous verrez que contrairement à ce que les «
autorités » nous répètent, le débat
est loin d'être fini.
Le
coût de la « gratuité »
Après avoir déresponsabilisé les couples en rendant
l'avortement libre et « gratuit », voilà
que Québec veut les déresponsabiliser encore davantage en
leur accordant plus de temps pour envisager l'option. Il y a pourtant une
équation à faire entre haut taux d’avortement(4)
et « gratuité ». Entre haut taux d’avortement
et accessibilité hyper facilitée. Si les femmes devaient
débourser le coût de leurs avortements, pensez-vous qu'il
y en aurait autant? Élémentaire, bien sûr. Si vous
saviez qu’une nuit avec Monsieur X pourrait vous coûter plusieurs
centaines de dollars parce qu’il n’aime pas porter le condom, ou que vous
oubliez tout le temps de prendre votre pilule, vous y penseriez deux fois
avant de sauter au lit avec lui!
Rendez la liposuccion « gratuite » – c’est-à-dire,
couverte par le régime public d’assurance-maladie – et vous verrez
rapidement les citoyens prendre de moins en moins soin de leur alimentation
et prendre de plus en plus de poids. « Je vais manger
tant que je veux et quand je serai trop gros, j’irai me faire siphonner
le surplus! », qu’ils se diront. Lorsque vous savez
qu’un traitement ne vous coûte rien, vous avez beaucoup moins d’incitation
à vous protéger contre ce qu’il enraye. Au Canada, depuis
sa libéralisation, le nombre d'avortements a doublé. Jusqu'où
ira l'État pour accommoder toutes ces femmes « malchanceuses
» ou « ambivalentes »?
Je l’ai déjà
écrit dans ces pages: je ne suis ni pro-vie, ni pro-choix. Je
suis contre le fait que mes impôts servent à payer des avortements.
Plutôt que d’avoir « droit à l’avortement
», les femmes devraient avoir le droit de se le payer.
Tant que leur santé n’est pas menacée par la grossesse, qu'elles
ne portent pas un enfant atteint d'une maladie grave, ou que la grossesse
ne résulte pas d'un viol, elles devraient assumer seules (ou avec
leur conjoints) les conséquences de leurs actes. Ce n'est pas comme
si les couples n'avaient aucun moyen de se prémunir.
L’État, en défrayant le coût de l’avortement, en vient
à faire de vous et moi, des complices de toutes ces femmes et ces
hommes irresponsables. Il en vient à faire de nous tous, contribuables,
des complices de toutes ces milliers de « naissances vivantes évitées
» – ou de tous ces milliers de meurtres, si vous préférez.
1.
Pascale Breton, « Interruption de grossesse après 24 semaines
– Québec envoie les patientes au Kansas », La Presse,
10 septembre 2004, pp. A-1 A-3. >> |
2.
Et du courage ça doit effectivement en prendre: tapez «
abortion » dans le moteur de recherche Google, puis cliquez
sur l'option « images », vous verrez pourquoi...
À ce stade avancé, l’avortement ne se fait plus par aspiration
et curetage (une intervention qui dure moins d'une dizaine de minutes),
il se fait par extraction: le médecin injecte au foetus une préparation
qui le tue et en accélère l'expulsion (une intervention qui
peut durer plusieurs heures). >> |
3.
Il y a 15 ans, alors dans la jeune vingtaine, Chantal Daigle avait fait
les manchettes lorsqu'elle avait dû se battre devant les tribunaux
pour obtenir le droit de se faire avorter malgré l'opposition de
son ex-petit ami de l'époque, Jean-Guy Tremblay. Elle a fini par
avoir gain de cause devant le plus haut tribunal du pays, le 8 août
1989, dans ce qui est devenu depuis l'un des jugements les plus importants
en la matière puisqu'il reconnaît que le foetus n'a aucun
droit tant qu'il n'est pas né (Pascale Breton, « Avortement
tardif – Chantal Daigle se réjouit », La Presse, 12
septembre 2004, p. A-3). >> |
4.
Après les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut, selon Statistique
Canada, c'est au Québec que le taux d'avortement est le plus élevé
au Canada: 19,6 pour 1000 femmes en 2001. >> |
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