Montréal, 15 décembre 2004  /  No 149
 
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Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.
Page personnelle
 
OPINION
  
LA DERNIÈRE MODE ANTIDISCRIMINATION: BLANCHIR LES C.V.
 
par Michel de Poncins
 
 
          Quand un employeur embauche quelqu'un, que ce soit pour n'importe quel travail, il pratique une discrimination – choisissant parfois parmi des dizaines de candidats et selon des critères dont il doit être le seul juge. C'est comme l'amitié; on se rappelle la phrase fameuse « parce que c'était moi, parce que c'était lui ». La loi de prétendue modernisation sociale maintenue avec soin par la fausse droite ne l'entend pas ainsi.
 
          Si un candidat croit ne pas avoir vu sa candidature retenue à cause de sa religion, de sa provenance, de son orientation sexuelle, et de bien d'autres critères, il a le droit d'intenter une action civile et éventuellement pénale contre l'employeur avec, le cas échéant, de lourdes sanctions. C'est vraiment l'horreur. 
  
          Un pas nouveau se franchit à présent. 
 
          Il va falloir blanchir les C.V., ce qui veut dire d'une façon surprenante qu'ils seraient « sales ». Pour les prétendus antiracistes à l'origine de la nouvelle chimère, c'est un peu étonnant!  
 
La chimère arrive en France 
 
          Aux États-Unis – où les chimères mondialistes sont aussi à la mode et prennent parfois leur envol avant de déferler dans les autres pays –, de grandes entreprises sous prétexte de lutter contre les discriminations appliquent la discrimination positive en favorisant pour les embauches certaines catégories de populations, au risque de déplaire fortement aux autres. 
 
          La chimère arrive d'une façon terrifiante en France. 
 
          Un préfet, il y a quelques mois, s'est écroulé sous sa casquette en préconisant que les C.V. ne comportent plus de nom, de prénom, de lieu de naissance, d'adresse: c'est le C.V. « plus blanc que blanc ». Dans cette terminologie aussi, les promoteurs n'ont pas vu qu'ils se contredisaient eux-mêmes de manière assez comique… 
 
          On pourrait apprendre à ce préfet ce que dans les brillantes écoles dont il est issu on n'apprend pas, à savoir que la révolution veut qu'un « pur trouve toujours un plus pur qui l'épure ». S'il veut garder sa casquette, il devrait préconiser un C.V. encore plus « blanchi », seul moyen de satisfaire le mensonge officiel de l'égalité: il ne comporterait ni diplôme, ni compétence, ni désir de servir l'entreprise, car le contraire donnerait des complexes à ceux qui n'ont pas de diplôme, pas de compétence et qui viennent pour détruire l'entreprise après les six premiers mois! 
 
     « Certains politiques parlent d'imposer légalement le C.V. blanc, sans indication d'origine, de sexe, d'âge, d'adresse aux entreprises d'un certain niveau. Le résultat sera une nouvelle usine à gaz décourageant de nouveaux employeurs et les poussant à émigrer. »
 
          Mais la chimère s'étend à grande vitesse. D'ores et déjà, 46 chefs de grandes entreprises se sont engagés dans le processus. C'est tellement absurde que leurs directeurs des ressources humaines et les chasseurs de tête réfléchissent à la parade, qu'ils trouveront certainement.  
 
Une insulte à la personne humaine 
 
          Toujours plus loin, ces personnes se rallient à « SOS racisme », façade élégante de la gauche caviar, qui préconise une sorte de centrale des C.V. chargée de les transmettre aux entreprises. À quand la centrale des embauches et le service unique et laïc de l'emploi? Il y aurait aussi des audits « diversité » pris en compte par des agences de notation sociale. Et puis ces efforts seraient consignés dans le rapport spécial « développement durable » présenté à l'assemblée. On remarquera comment les chimères successives se font la courte échelle: le développement durable aide la prétendue diversité. 
 
          Pour couronner le tout, Claude Bébear, grand artisan de la chimère, parle même de « cellules entreprises et quartiers », empruntant le langage du communisme dans ce domaine.  
 
          Les politiques se mettent de la partie. Certains parlent d'imposer légalement le C.V. blanc, sans indication d'origine, de sexe, d'âge, d'adresse aux entreprises d'un certain niveau. Le résultat sera une nouvelle usine à gaz décourageant de nouveaux employeurs et les poussant à émigrer. En plus il serait créé un nouveau seuil s'ajoutant aux multiples seuils existant déjà. Raffarin, pour rester dans la course, prévoit une grande parlotte pour janvier sous forme de conférence nationale sur l'égalité des chances. 
 
          Derrière toutes ces folies se profilent les futures délocalisations, les employeurs étant découragés de rester; mais les petits actionnaires vont aussi être chassés: comment faire confiance à des dirigeants de cette sorte? Se présente aussi une certaine naïveté: on attache une importance magique au C.V., et au premier entretien, ce qui compte, certes, dans un recrutement mais n'est pas l'essentiel. Mais se cache aussi la destruction de la personne. Chacun doit s'assumer tel qu'il est et assumer les autres. Le C.V. blanc signifie que les C.V. pourraient être « sales » et sont une insulte à la personne humaine justement dans sa diversité. 
 
 
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