Les complaintes
syndicales à l'encontre de la SAQ ne justifient aucunement
qu'une grève dans un tel service public soit menée, voire
tolérée. D'une part, sur le plan salarial, la prétention
syndicale à l'effet que l'évolution de la rémunération ne
soit pas suffisamment généreuse semble basée sur l'autre
prétention voulant que l'écart entre le salaire à l'entrée
et le salaire maximum serait trop maigre.
Eh bien, la population
n'est pas dupe et n'a pas franchi les lignes de piquetage
par manque de compassion durant le temps des Fêtes. Il est
normal que la progression salariale à la SAQ soit lente et
qu'elle plafonne à proximité du salaire à l'entrée puisque
ce salaire à l'entrée est déjà supérieur à pratiquement tout
ce qui existe dans le commerce de détail non-gouvernemental.
Cela, sans compter la générosité des vacances, de la
sécurité d'emploi et des rabais accordés sur les produits de
la SAQ. Trop de Québécois ont de bonnes raisons d'envier les
conditions de travail de ces employés.
D'autre part, la
prétention syndicale voulant que les conditions de travail
des employés à temps partiel doivent être améliorées et leur
accès à la permanence facilité n'ont pas beaucoup plus de
mérite. Les conditions de travail des employés permanents de
la SAQ étant tellement onéreuses, le citoyen ne peut que
demander au gouvernement de limiter l'accès à la permanence.
Par ailleurs, que des salariés à temps partiel puissent être
assignés à des succursales différentes et être sujets à des
horaires variables ne représente certainement pas un cas
d'espèce unique en son genre. De toute façon, il ne semble
pas y avoir un roulement de la main d'œuvre plus important à
la SAQ qu'en d'autres cieux, ce qui laisse croire que les
conditions ne doivent pas y être si désastreuses lorsqu'on
les compare à ce qui est applicable ailleurs.
La législation en la matière doit être modernisée. Il fut
une époque où la syndicalisation de la fonction publique
s'est avérée nécessaire, mais le balancier a penché trop
loin de l'autre côté. Le système mis en place a mené à la
création de groupes de privilégiés qui, conscients de leur
pouvoir, ont pris l'habitude de toujours en demander plus à
la société. Pire, tellement habitués d'avoir gain de cause,
ils n'acceptent pas la divergence d'opinion et n'ont que
faire de la démocratie.
On oublie trop souvent
que des conditions de travail dépassant toute commune mesure
avec le marché, assumées par les contribuables, privent
autant le citoyen de réductions de taxes ou d'impôts
méritées qu'elles privent le gouvernement de ressources qui
pourraient être utilisées à d'autres priorités, comme
l'éducation ou la pauvreté. Ironiquement, les syndicats sont
habituellement les premiers à blâmer les gouvernements pour
ne pas consentir suffisamment de ressources à de telles
préoccupations.
Considérant l'incohérence
de l'existence même d'un monopole étatique dans la vente
d'alcools, la grève déclenchée par les employés de magasin
de la SAQ ne fait qu'amplifier le besoin d'ouvrir le marché
et de repenser aux pouvoirs de grève syndicaux en situation
de monopole public. Que ces salariés, caissiers ou
étalagistes, ou chauffeurs d'autobus et employés de garage
en d'autres circonstances, souhaitent continuellement
améliorer leurs conditions de travail, soit. Mais que la
population, qui souvent n'en a pas autant, serve à la fois
d'otage et de payeur en chaque occasion, il y a une marge.
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