Malgré l'assujettissement d'un nombre croissant d'individus,
malgré son extension à presque toute la population,
l'assurance-maladie connaissant toujours des dépenses d'un
montant supérieur au montant des cotisations,
l'assujettissement a été encore entrepris dans une direction
restante: celle des personnes que la Sécurité
sociale-maladie voudrait s'attacher comme fournisseurs,
celle de ceux qui fournissent les
« réparations-indemnisations-remboursements » de l'intégrité
des malades, c'est-à-dire celle des professions de santé.
De fait, l'assujettissement en question est un
assujettissement aux volontés des gestionnaires des
Organismes de la Sécurité sociale ou de leur tutelle, aux
prix et quantités des produits que les hommes de l'État
jugent justes.
Et l'évolution future était prévisible: c'était à terme
l'assujettissement complet des professions de santé, la
maîtrise totale...
La méthode que le législateur a utilisée pour y parvenir
était également prévisible. Elle a plusieurs facettes: l'une
consiste à monter de toutes pièces un tabou, une autre à
trouver un bouc émissaire, une autre encore à calomnier ou
jeter le discrédit sur des individus, des techniques.
Les hommes de
l'État ont et auront recours à divers types d'instruments.
Parmi les moins recommandables, on peut citer les jugements
de valeur portés sur les professions de santé. Par exemple,
les médecins prescriraient sans discernement. Les
professions de santé vivraient aux dépens du système et
scieraient la branche sur laquelle elles prospèrent, les
unes et les autres mettant en danger la Sécurité
sociale-maladie (ou -accident du travail).
À l'origine, en 1945, il y avait la reconnaissance et
l'affirmation du principe de la liberté des « professions de
santé » et des patients. Aujourd'hui, soixante années plus
tard, où va entrer en vigueur la dernière convention
médicale nationale, la énième du nom, n'est-ce pas,
implicitement, un principe opposé qui est appliqué?
La convention médicale n'oblige-t-elle pas les professions
de santé à respecter un écheveau de règles administratives
qui s'enrichit chaque jour qui passe ou presque, sous peine
des pénalités de diverse nature édictées si les obligations
ne sont pas respectées.
Et comment ne pas juger extraordinaire son arbitraire à
l'égard des patients? Changer de médecin ne vous interdira
pas d'être remboursé mais vous devrez verser des honoraires
supérieurs au « tarif » et ceux-ci seront l'objet d'un
remboursement non pas nul, mais comparativement moindre! À
cause des faits rappelés ci-dessus, il faut s'attendre avec
certitude à ce que le « remboursement moindre » soit
progressivement réduit à zéro car la médecine est désormais
dans la seringue.
Étant donné l'ignorance limitée de chaque être humain, une
ignorance spécifique qu'aucun tiers ne saurait connaître,
l'obligation supplémentaire de s'adresser au préalable
obligatoirement et toujours à un même médecin, « généraliste
traitant » ou « spécialiste correspondant », charge à la
fois l'aspect « demande » et l'aspect « offre » du marché
des soins.
Choisir entre
plusieurs médecins, est une action certes coûteuse (à
commencer par « le temps qu'elle prend », etc.), comme toute
action humaine, mais elle l'est au patient, assuré social,
et à personne d'autres, et elle lui procure un avantage:
l'avantage est d'ailleurs plus grand que le coût sinon il ne
la mènerait pas.
Choisir suppose de découvrir et de connaître. De tout temps,
le patient a d'ailleurs fait des efforts dans ce sens. Qu'il
les connaisse ou les découvre, il en informe ses semblables
par le bouche à oreilles ou par la publicité (quand la
publicité n'est pas interdite par le législateur qui déclare
faire le bien de tous, médecins et patients confondus).
D'un instant à l'autre, certains goûts changent pour
diverses raisons: « il n'y a que les imbéciles qui ne
changent pas d'avis », adage cher aux socialo-communistes.
Et le choix qui s'ensuit est différent et le nouveau choix
procure un avantage, net de coûts, positif.
Dans ce monde changeant, l'obligation nouvelle va interdire
tout nouveau choix et changement au patient, assuré social,
et chacun évaluera à sa façon, mais toujours coûteuse, cette
impossibilité de changer. Toute interdiction donnant lieu à
marché noir, selon ses calculs, il fera partie ou non de
ceux qui feront émerger et pérenniseront le marché noir des
soins.
Pour faire face au marché noir des soins né des répressions
de la demande, la bureaucratie mettra sur pied une police:
il y avait déjà les médecins du travail, les médecins de la
sécurité sociale, il y aura désormais, dans le meilleurs des
cas, les médecins chargés de surveiller les médecins et
leurs patients et, dans le pire, tout est imaginable! Que de
nouveaux coûts inutiles.
Les médecins ne
tombent pas du ciel, un médecin est un être humain comme un
autre mais qui a choisi de faire des études et des
sacrifices pour parvenir à le devenir. À l'instant t, il y a
donc des médecins généralistes ou spécialistes qui ont
choisi de soigner leurs semblables.
D'un instant à l'autre, des médecins disparaissent car ils
deviennent trop coûteux (médecin inefficace ou « qui part à
la retraite »), d'autres évoluent (le médecin qui vend son
cabinet à un autre), d'autres enfin apparaissent car ils
sont découverts (installation de médecin frais émoulu de
l'université, créations de cabinet) et présentent chacun un
avantage net de coûts. Il s'ensuit que varie pour le bien de
tout l'éventail de choix de possibilités, une possibilité
étant donc soit le médecin généraliste soit le cabinet de
médecine généraliste (évaluée sur la base de la
clientèle...).
Dans notre monde changeant, l'obligation nouvelle interdit a
priori toute disparition libre et va ouvrir la porte à une
bureaucratie chargée de se prononcer sur les causes de la
disparition (retraite, vente, etc.). Elle interdit aussi a
priori toute nouvelle possibilité et va ouvrir la porte à
une bureaucratie, la même que précédemment ou une autre,
chargée de se prononcer sur les caractéristiques de la
nouveauté (création, achat, etc.). Chacun évaluera, à sa
façon, c'est-à-dire coûteuses, ses impossibilités nouvelles
de changer ou les actions nécessaires pour obtenir les
autorisations nécessaires. Et en résultera nécessairement un
marché noir des autorisations.
Pour faire face au marché noir des autorisations né des
répressions de l'offre de soins, la bureaucratie mettra sur
pied une police! Que de coûts inutiles.
Dans ces conditions, comme les précédentes, la nouvelle
convention médicale nationale ne sera en aucune façon
l'économie de coûts qu'avance la bureaucratie en place dans
l'UNCAM et les hommes de l'État avec l'aide des médecins
stipendiés.
Comment alors, me direz-vous, tout ce beau monde ose-t-il
avancer, en particulier, que l'obligation supplémentaire que
vont devoir supporter les patients, vous et moi, va
contribuer à des économie de coûts significatives? Par
ignorance: une ignorance criminelle!
De fait, comme le
stigmatise ci-dessous François Guillaumat, le financement
public était un piège pour les professions libérales:
Médecins,
pharmaciens et autres professions de santé peuvent
aujourd'hui se demander comment le financement public
des dépenses médicales, système qui semblait si bien
marcher au départ, échoue désormais à préserver leur
revenu et se met à leur opposer des exigences de plus en
plus contraignantes. Quoi que puissent croire les
adeptes de la religion démocrate-sociale, le fait est
que la Sécurité sociale actuelle n'est pas un ordre
viable mais un désordre à la dérive. Déréglée dès le
départ, elle devait forcément conduire à l'excès de
dépenses et aux velléités actuelles de rationnement
brutal. Si nous ne réussissons pas à en chasser la
décision publique, les hommes de l'État continueront à
empêcher toute régulation, et ils réduiront tous les
professionnels de la santé au statut sous-humain de
fonctionnaires payés avec un lance-pierres. […]
En même temps, la valeur du service baisse aux yeux de
ceux qui s'en servent. Bien sûr, les hommes de l'État
font tout pour confisquer la rente à leur profit; mais
de toute façon, c'est une loi absolue de l'économie que
la valeur perçue tend toujours vers le coût. Lorsqu'on
reçoit un produit à bas prix, sa valeur perçue (et
d'autant plus dans les générations montantes; c'est le
syndrome dit de l'enfant gâté, que l'on connaît bien en
matière d'immigration) baisse jusqu'à ne plus
représenter que le coût subi pour se le procurer de
sorte que:
• La valeur de la subvention disparaît aux yeux de l'«
usager ». Phénomène bien connu dans l'enseignement, où
par-dessus le marché la scolarité obligatoire donne une
valeur négative aux « services » pour certains, mais qui
explique en médecine qu'on finisse par trouver « normal
» de la payer moins cher que les services d'artisans
moins longuement formés. Ce qui ouvre la voie aux
rémunérations de plus en plus misérables par quoi les
hommes de l'État, acheteurs réels et monopolistiques des
services, vont exploiter leurs fournisseurs.
• La demande n'est plus contrainte que par les coûts non
pécuniaires qui sont les seuls perçus: coûts
d'information, de transport, humiliations, souffrances,
perte de temps, etc. Ce qui introduit la limitation de
la demande par l'accroissement des coûts
non-pécuniaires. Accroissement d'abord spontané, par
l'évolution bureaucratique normale, puis délibéré par la
politique de rationnement de la demande par l'offre (et
l'organisation de pénuries).
• Lorsque l'illusion fiscale connaît de vraies pannes
(on ne fait pas si facilement le « coup » de la violence
indirecte aux entrepreneurs indépendants), comme on ne
peut pas obtenir que les hommes de l'État cessent de
vous voler, le seul moyen de récupérer son bien (tout en
se vengeant de l'escroquerie pillarde dont on est
victime) c'est de prendre les hommes de l'État au mot de
leur prétendue « gratuité » et d'accroître
systématiquement ses dépenses tout en offrant des
services au noir pour éviter de payer (La Sécu ça
craint, en abuser c'est bien).
La faillite, inscrite dans le système dès le début,
commence à apparaître nettement dans les comptes. C'est
alors que les hommes de l'État doivent faire acte de «
courage » (violer leurs engagements), faire preuve de
« volonté politique » (écraser les faibles, ménager les
puissants), se montrer « audacieux » (stupidement
autoritaires).
• Les hommes de l'État jettent le masque. Il n'est bien
sûr pas question de remettre en cause le principe du
pillage politique (de la « solidarité »): la raison
d'être, la passion du pouvoir arbitraire des hommes de
l'État, demeure et en outre, de plus en plus d'usagers,
profiteurs et prébendiers dépendent du système et le
maintiennent de leur masse stérile, parasitaire et
revendicatrice. Les hommes de l'État vont donc renier
leurs engagements.
• Ils renient leurs engagements financiers: ils voleront
toujours davantage aux contribuables pour leur fournir
toujours moins de services. Le « service public » révèle
sa vraie nature. C'est verbalement qu'il sert le public
(la loi, les puissants le disent), mais il en est
réellement dispensé (par les mêmes). Alors que le client
de l'entreprise normale (privée et concurrentielle) est
l'objet de tous ses soucis, l'« usager » du « service
public » n'est qu'un prétexte à recevoir des privilèges
et l'idéal secret de ses administrateurs est qu'il
disparaisse. (Avantage secondaire du retrait des
services: une privatisation partielle de fait).
• Les hommes de l'État trahissent leur engagement de
payer correctement leurs fournisseurs. Étant l'acheteur
dominant des services, ils se conduisent en monopole
d'achat et imposent des rabais de plus en plus
impudents, d'où la paupérisation et la tiers-mondisation
des professions. Celles-ci se retrouvent moins bien
payées qu'elles ne le seraient sur un marché libre et
découvrent qu'en acceptant le financement public
(criminel) elles ont troqué leur droit d'aînesse contre
un plat de lentilles.
Pour concrétiser ce pouvoir de monopole, aussi longtemps
que demeure le principe de l'exercice « libéral », les
hommes de l'État devront user de moyens de pression tels
que le chantage à la suppression des remboursements,
puis des autorisations d'exercer. Ils exploiteront
d'abord les plus faibles (infirmières), puis les autres
(médecins, chirurgiens) suivront. L'obligation de
négocier avec eux développera des « organisations
représentatives » dont ils essaieront d'acheter les
dirigeants ou de manipuler la « représentativité ».
La contrainte autoritaire sur les quantités succède
ensuite au contrôle des prix: « enveloppes de
dépenses », quotas d'actes, en attendant la
nationalisation complète des services.
• Les hommes de l'État renient leur engagement de
respecter la liberté des usagers: refusant de mettre en
cause le principe de l'irresponsabilité institutionnelle
(le socialisme) qui est la raison d'être du système, les
hommes de l'État prétendront « responsabiliser » les
acteurs en revenant au mode de régulation autoritaire de
la société archaïque (mais avec bien moins de
possibilités de « voter avec ses pieds »). Cette
prétendue « responsabilisation » (encore un Ersatz)
commence par des discours et des campagnes de propagande
débile (la Sécu c'est bien...). Elle se terminera par le
fichage de la population (carte à puces) et
l'affectation autoritaire à un médecin ou à un centre de
soins (Suède et Grande-Bretagne).
• Les hommes de l'État renient leur engagement de
développer les services: décrétant que les « besoins »
sont « satisfaits » (et jamais à court d'« inégalités »
à exhiber pour soi-disant « justifier » qu'ils refusent
ici ce qu'ils se déclarent prêts à autoriser là s'il y
avait une demande) les hommes de l'État vont refuser
l'ouverture de nouveaux centres, fermer les anciens,
supprimer les postes, etc. Dans la pseudo-gratuité,
l'offre est le seul régulateur de la demande, ce qui
veut dire que les hommes de l'État vont s'acharner à
réduire l'offre.
S'impose alors un discours ahurissant, et qui serait
impensable si le service était privé et concurrentiel,
suivant lequel l'accroissement des dépenses serait un
problème grave (imaginons les dirigeants de la chaussure
française s'inquiétant de la progression « alarmante »
de leur chiffre d'affaires). Le problème, bien sûr,
tient exclusivement au financement criminel, à la
séparation forcée de la fourniture du service et de la
collecte du paiement.
• Ces mesures échouent à seulement freiner
l'accroissement des dépenses aussi longtemps qu'une
affectation strictement autoritaire des patients n'est
pas imposée.
• En outre, elles multiplient des coûts qui, bien que
très réels et de plus en plus douloureusement perçus par
ceux qui les subissent, ne prennent pas toujours de
forme pécuniaire et, n'étant pas mesurés, n'entrant pas
dans les statistiques. Ce qui permet de faire croire à
la réalité des économies: délais d'attente, traitement
des « usagers » comme des porcs, longs déplacements (cas
typique de la médecine d'État britannique, présentée
comme « efficace », mais que ses « usagers », ô
surprise, fuient dès qu'ils en ont le moyen).
• On ne peut pas laisser les gens faire n'importe quoi.
Le slogan autoritaire et arrogant des hommes de l'État
pour justifier leur pouvoir est qu'« on ne peut pas
laisser les gens faire n'importe quoi » (si on
instituait le salaire direct, ils iraient le boire et
deviendraient des miséreux à la charge de la société).
Or, ces nuisibles-là, nous voyons bien que ce sont eux
qui font n'importe quoi, et qui obligent les autres à
faire n'importe quoi.
Le système est fondé sur l'irresponsabilité
institutionnelle de tous, qui engendre l'irrationalité
chez tous, et réduit donc tout le monde au statut de
sous-hommes. Le socialisme fait des sous-hommes
(ratoïdes: cf. Zinoviev, Homo Sovieticus) avec
des êtres humains.
Reprenons le slogan à notre compte. Pour empêcher les
gens (à commencer par les hommes de l'État) de faire
n'importe quoi, c'est-à-dire pour revenir à une société
normale et réglée, le seul moyen est d'éradiquer le
principe de l'irresponsabilité institutionnelle,
c'est-à-dire d'abolir les ingérences autoritaires de
l'État dans l'organisation et le paiement. |
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