La question posée dans
l'édition du 8
janvier dernier fera assurément sourire un libertarien:
Je suis travailleuse autonome. Mon conseiller financier me suggère de
m'incorporer et de devenir actionnaire unique de cette nouvelle
entreprise, ce qui me permettrait de payer moins d'impôt. Y a-t-il
quelque chose de répréhensible sur le plan éthique? Pour le même revenu,
je contribuerai moins à la société, et je n'arrive pas à me convaincre
que cela puisse être tout à fait correct. Mais si tout le monde cherche
à payer moins d'impôts, ne suis-je pas désavantagée si je ne le fais
pas?(1) |
Dans sa réponse, Nicolas Langelier de La Presse affirme que bien
qu'il faille obéir aux lois de l'impôt et condamner les échappatoires
fiscales, si le gouvernement permet certaines actions ayant comme
conséquence de nous faire payer moins d'impôts, ces actions sont
légitimes. En analysant la question d'un point de vue libertarien, on
peut pousser l'analyse un peu plus loin…
La lectrice croit que payer des impôts au gouvernement
constitue une contribution à la société, alors qu'investir dans une
entreprise privée ne fait que lui apporter (potentiellement) des
bénéfices personnels. Pour elle, il serait égoïste d'investir pour son
bien-être personnel, alors qu'elle pourrait donner plus d'argent à
l'État qui en ferait bénéficier la société. Elle ignore que son
apport financier dans une entreprise contribuera beaucoup plus au
bien-être de la société que si elle le « rend » à l'État.
En effet, son
investissement dans une entreprise pourra créer des emplois ou
contribuer à la création d'un nouveau produit qui deviendra
indispensable à plusieurs consommateurs. Si l'entreprise où elle
investit connaît du succès, elle profitera de son investissement, lequel
investissement bénéficiera également à une multitude de consommateurs
qui achètent des produits ou des services offerts par cette entreprise.
Pour paraphraser Adam Smith, ce n'est pas par souci pour le bien-être de
son prochain qu'elle aidera la société, mais par souci pour ses intérêts
personnels.
Si on compare l'investissement de fonds dans une entreprise et le
paiement d'impôts à l'État, la différence est frappante. Si la lectrice
décide qu'elle a une obligation morale à ne pas investir dans
l'entreprise et à donner davantage à l'État, l'avantage « social » de ce
choix sera moindre, malgré sa bonne conscience. L'État, en intervenant
et en réglementant les marchés, crée du chômage et rend les conditions
économiques moins attrayantes pour les investisseurs. De plus, l'argent
que l'on rend à l'État est très souvent gaspillé dans des programmes qui
n'ont aucune raison d'être et qui sont gérés par un nombre beaucoup trop
élevé de bureaucrates surpayés.
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