Montréal, 15 janvier 2005 • No 150

 

LE CHAMP LIBRE

 

Christophe Vincent
travaille dans l'informatique
et vit à Paris.

 
 

UN PROGRAMME LIBÉRAL POUR 2007!

 

par Christophe Vincent

 

          Je propose ici les grandes lignes d'un programme libéral pour l'élection de 2007 en France. Tous les libéraux ne seront bien entendu pas d’accord avec chacun des points de ce programme. Je crois néanmoins que beaucoup s’y retrouveront. Ce programme consiste en la simple énumération de mesures qui ne sont pas ou peu explicitées ici.

 

          Le fondement du libéralisme est le respect des droits individuels. Tout le libéralisme découle de ce principe résumé ci-dessous:

Une déclaration universelle des droits de l’homme

Tout homme a le droit de protéger sa personne physique, ses libertés et ses biens.

Les libertés auxquelles un homme a droit sont toutes les actions qui sont respectueuses de la personne physique, des libertés et des biens des autres hommes.

Les biens auxquels un homme a droit sont toutes les choses qu’il a su se procurer par une activité honnête (travail, commerce, troc, héritage, don, etc…), c’est à dire respectueuse de la personne physique, des libertés et des biens des autres hommes.

          Le programme libéral présenté ci-dessous se veut en parfait accord avec cette déclaration, avec ce principe du respect des droits individuels.

Un programme libéral pour la France

          Nous les libéraux, nous sommes donc pour le désengagement de l’État dans tous les secteurs où il n’a rien à faire.

SOCIÉTÉ

L’immigration libre: La régularisation de tous les « sans-papiers » ainsi que l'octroi de la nationalité française et du droit de vote aux « immigrés ». Toutes les personnes qui paient leurs impôts en France sont par définition des citoyens français. La suppression des contrôles aux frontières (sauf pour refouler/arrêter les criminels bien entendu). En revanche, les nouveaux arrivants, nouveaux Français donc, ne pourront plus bénéficier de la solidarité publique et ne devront donc compter que sur eux-mêmes et/ou sur la solidarité privée.

La légalisation de toutes les drogues: Tous les consommateurs de drogue ne sont pas des toxicomanes. Ils consomment de la drogue pour leur plaisir. Pourquoi devrait-on les en empêcher? Reste le cas des toxicomanes. Ce n’est pas en empêchant, par la prohibition actuelle, les toxicomanes de se procurer facilement les substances qui les soulagent qu’on les aide bien au contraire. Ce faisant, on les oblige à se ruiner pour acheter très cher des drogues de très mauvaise qualité (donc très dangereuses pour leur santé), et ce auprès de « malfrats », de personnes sans trop de scrupules et donc peu recommandables!!! Pour aider les drogués, il faut au contraire légaliser la production, le commerce, la consommation de TOUTES les drogues (héroïne, cocaïne, cannabis, Ecstasy, etc.). L’argent qui sera économisé grâce à l’abandon de la répression pourra beaucoup plus utilement être dépensé pour aider les toxicomanes à se débarrasser de la drogue.

Le mariage et la parentalité gay: Le mariage, les enfants sont des affaires privées qui ne devraient pas regarder l’État (autrement que pour faire respecter les contrats qui ont été passé entre ces personnes). Mais tant que l’État y fourrera son nez, il est absolument anormal que des discriminations soient faites entre les individus sur leurs seules préférences sexuelles. Les homosexuels ont parfaitement le droit de se marier, de faire reconnaître les enfants qu’ils ont eu, sinon d’en adopter.

L’euthanasie, le droit de mettre fin à sa vie: Chacun est propriétaire de sa vie et peut donc décider librement d’y mettre fin s’il le juge opportun.

Une liberté d’expression totale: Chacun doit être libre de dire absolument tout ce qu’il veut. Seule l’incitation au crime peut et doit être condamnée (crime au sens large; un vol est un « crime », n’importe quel délit est un « crime »).

ÉCONOMIE

          La libre concurrence, quand elle est possible, permet d’avoir le meilleur service au moindre coût sans que l’État ait besoin de se mêler de quoi que ce soit. Nous sommes donc pour:

          La privatisation et l’ouverture à la concurrence immédiates de tous les services publics qui peuvent être beaucoup mieux assurés par le secteur privé concurrentiel à savoir:

  • L’éducation (crèches, écoles, collèges, lycées, universités, écoles d’ingénieurs, etc.)

  • La recherche (CNRS, etc.)

  • Le logement (HLM, parcs de logements publics, etc.)

  • La production d’énergie (EDF, GDF, etc.)

  • Les transports (SNCF, RATP, etc.)

  • Les médias (France 2, France 3, France 5, France Inter, etc.)

  • Le courrier (La Poste )

  • La santé (Hôpitaux, etc. )

  • L’assurance maladie (privatisation « progressive »)

  • Les retraites (privatisation « progressive »)

La fin de l’ingérence de l’État dans l’économie:

 

  • La suppression de l’ensemble de la législation du travail: La législation du travail est un carcan qui ne profite aucunement aux salariés. Il faut être complètement libre de négocier avec son employeur tous les aspects de son contrat de travail, au mieux de ses intérêts. L’obligation de travailler 35 heures par semaine, de bénéficier de 5 semaines de congés payés, d’être payé au dessus du SMIC, etc., sont autant de contraintes inutiles et préjudiciables pour le salarié.

  • La suppression de toutes les entraves à la libre concurrence: La suppression du numerus clausus des médecins, des pharmaciens, des notaires, des avocats, des taxis, des débits de boissons alcoolisés, des bureaux de tabac, etc. La suppression de l’obligation d’obtention de diplômes pour exercer certaines professions. La suppression du monopole du syndicat du livre CGT sur l’édition. La suppression du droit de veto de la SNCF sur l’ouverture de lignes commerciales régulières de transport de voyageurs par car. Etc.

  • La suppression de toutes les subventions publiques: Aux entreprises, aux partis politiques, aux associations, à la culture, à l’agriculture, etc. L’État n’a pas pour mission de créer les bénéfices des uns aux dépens des autres.

  • La suppression de toutes les barrières douanières, l’ouverture totale des marchés: Les produits venant de l’étranger ne seront frappés d’aucun droit de douane. Les Français pourront ainsi avoir bien des produits et des services pour beaucoup moins cher qu’aujourd’hui.

L’État libéral: un État minimal, décentralisé, déconcentré, juste et efficace

 

ÉTAT MINIMAL

          Il ne restera donc à l’État que les rôles suivants à assurer:

  • La sécurité des citoyens (police, justice, armée);

  • L’administration du domaine public, des infrastructures publiques, des services publics restants (routes, canaux, ponts, voie ferrées, réseaux d’eau, d’électricité, de télécommunication, etc.);

  • La « solidarité publique ».

          Pour accomplir ces missions, l'État devra:

 

Un État décentralisé

Opérer une décentralisation aussi poussée que possible: Chaque service public devra être administré à l’échelon approprié. Une route communale au niveau de la commune, départementale au niveau du département, etc. Comment déterminer quelle est l’échelon le plus approprié pour administrer tel ou tel service? Ce seront aux électeurs de se prononcer.

Un État déconcentré

Séparer les différentes responsabilités publiques: Tout d’abord, afin d’éviter la corruption, il ne faut pas mettre comme aujourd’hui une même personne aux commandes de la police/justice et aux commandes des autres services publics. Il faut élire un « juge suprême » qui sera chargé de rendre la justice et donc de condamner les responsables des autres services publics en cas de corruption avérée. Sinon, en dehors de la seule question de la corruption, pourquoi regrouper toutes les autres responsabilités publiques entre les mains d’un unique élu? Cela peut-être mieux pour les citoyens de choisir d’un côté celui qui sera responsable de l’administration des routes, et de l’autre celui qui responsable du réseau d’eau courante. Comment déterminer quelle est la séparation des responsabilités la plus appropriée? Là encore, ce seront aux électeurs de se prononcer et de choisir entre les différents programmes qui leur seront proposés.

Un État juste

Supprimer tous les impôts actuels et les remplacer par des impôts directs qui seront, autant que possible, proportionnels aux services publics dont chaque foyer fiscal bénéficie: Pourquoi paient-on des impôts? Parce qu’on bénéficie de services publics en retour (police, Justice, routes, etc.). Mais quel montant d’impôt doit payer chaque foyer fiscal? En bonne logique et en bonne justice, il doit payer un montant d’impôt correspondant aux services publics dont il bénéficie. C’est tout.

Un État efficace

Supprimer tous les privilèges divers et variés de la fonction publique ( garantie de l'emploi, avancement automatique à l'ancienneté, retraites privilégiés, primes défiscalisées, logement de fonction, voiture de fonction, personnel de maison, etc.) et y rétablir la seule promotion au mérite: Pour avoir une fonction publique efficace, des services publics de bonne qualité, il faut, comme dans le privé, récompenser les salariés du public qui travaillent efficacement, bref instaurer la seule promotion au mérite. Sinon, dans un souci de transparence, il ne faut pas que les fonctionnaires aient un salaire, des primes, une voiture de fonction, un logement de fonction, etc. Il faut qu’ils aient un salaire (plus conséquent qu’aujourd’hui au besoin) et c’est tout.

Élection des responsables

Droit de vote: Tous ceux qui paient des impôts ont le droit de voter (c'est-à-dire tout le monde ou presque: ne sont exclus que les enfants n’ayant pas encore pris leur indépendance, les vieillards et les malades sous tutelle). Et dans un soucis de justice, le vote de chaque foyer fiscal doit autant que possible être pondéré du montant d’impôts qu’il paie. Autrement dit, celui qui paie deux fois plus d’impôts à un vote qui compte deux fois plus. Par exemple, si l’administration des routes décide que celui qui a deux voitures paie deux fois plus d’impôts pour l’entretien des routes que celui qui n’en a qu’une (ce n’est pas ce que nous préconisons, c’est juste un exemple), celui qui a deux voitures a néanmoins un vote qui compte double.

Contrôle des élus au cours de leur mandat par les médias privés: Le contrôle de l’action des élus au cours de leurs mandats peut aujourd’hui être parfaitement assuré par les médias privés en concurrence et ce, beaucoup mieux que par des délégués élus par le peuple et réunis en assemblées. Nous avons donc tout intérêt à supprimer toutes ces assemblées coûteuses, inefficaces et aujourd’hui tout simplement inutiles (Assemblée nationale, Sénat, Conseil Économique et Social, etc.).

Destitution des élus avant la fin de leur mandat: Si une majorité des électeurs ne soutient plus les élus avant la fin de leur mandat et réclame leur destitution, les élus doivent pouvoir être révoqués de leurs fonctions. On ne peut exercer sa responsabilité d’élus que tant que l’on a le soutien de la majorité des électeurs.

Préconisations relatives aux différents services publics

 

SOLIDARITÉ

          La suppression du maquis des aides sociales actuelles (Allocations familiales, ASSEDIC, RMI, HLM, etc.) et leur remplacement par une aide financière publique unique: Aujourd’hui, les aides publiques sont un tel foutoir qu’on ne sait même plus qui aide et qui est aidé. Nous proposons donc de supprimer toutes les aides existantes et de regrouper toutes les administrations versant ces aides en une seule. Cette administration unique de solidarité publique versera alors à ceux qui en font la demande une aide financière adaptée à leur situation et elle veillera scrupuleusement à ce qu’il n’y ait pas d’abus. On saura alors précisément qui aide et qui est aidé et de combien.

          Le passage progressif à la seule solidarité privée.

JUSTICE

La suppression de la notion de prescription: Absolument tous les crimes sont imprescriptibles, pas seulement les « crimes contre l’humanité ». Seules les victimes sont libres de décider que le temps a effacé le préjudice qui a été commis à leur encontre. Personne d’autre n’en a le droit.

La publicité des débats: Aujourd’hui en France, les débats judiciaires sont publics… sauf qu’on ne peut pas faire de photographies ou filmer l’audience! Bref, c’est le moyen âge! Il faut autoriser tout cela. Cela permettra notamment de faire considérablement baisser la corruption qui a cours dans notre pays. Les pourriticiens n’aiment pas la lumière.

Passer de la justice sanction à la justice réparation: Que fait trop souvent aujourd’hui la justice? Elle condamne les criminels à des peines de prison. Quel est l’intérêt pour les victimes? Aucun ou presque! Alors que devrait plutôt faire la justice? La justice doit déterminer s’il y a eu un préjudice de commis. Si oui, elle doit en déterminer l’étendue, le montant. Et elle doit alors condamner le criminel à réparer le préjudice qu’il a commis envers les victimes (et à payer une amende à la collectivité pour les frais de justice/police). Faire moisir un criminel en prison (aux frais des contribuables en plus) ne lui fera jamais rembourser les préjudices dont il s’est rendu coupable. C’est complètement idiot. Il faut au besoin enfermer les criminels en prison pour les obliger à rembourser par le salaire de leur travail en prison, les préjudices qu’ils ont commis. Mais il ne faut pas les enfermer pour les enfermer. La prison doit être un moyen, pas une fin en soi.

 

 

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