Je vais voter, et je vais voter NON, parce que justement, pour une
fois, le scrutin donnera l'occasion de voter contre tous les hommes
politiques, de les délégitimer explicitement. Ce n'est pas tous les
jours qu'on en a l'occasion.
Que veut dire le vote OUI
au référendum? Il veut dire que vous êtes volontaires pour accorder
des pouvoirs accrus aux bureaucrates européens, des gens que vous ne
contrôlez pas et ne respectez pas, et qui vous contrôlent sans vous
respecter. (Non que les bureaucrates nationaux vaillent mieux que les
bureaucrates européens, notez bien.) Il veut dire que vous acceptez
qu'une constitution oppressive que vous n'avez pas lue, ultralibérale
selon les gauchistes de tout poil, ultraétatiste selon les libéraux,
s'applique non seulement sur vous-même (vous en auriez le droit), mais
aussi sur les autres, y compris ceux qui ont voté non, y compris ceux
qui n'ont pas voté, y compris ceux qui ne sont pas encore nés. Un
document que vous ne pourrez pas dénoncer, et qui s'appliquera par la
force: confiscation, arrestation, emprisonnement, et l'usage d'une
force armée contre quiconque résisterait.
Bien sûr, ce n'est pas
comme ça que les choses sont présentées dans les médias. La plupart
des Français ne savent pas précisément de quoi il s'agit. Ils n'ont
évidemment pas lu le document qu'on leur demande d'approuver, et ils
n'ont pas les outils conceptuels pour comprendre le sujet: 349 pages
de jargon juridique et de vocabulaire biaisé, pour eux qui n'ont
aucune formation ni en droit constitutionnel, et encore moins en
analyse économique du droit. Dormez tranquilles, braves gens, la
classe politique est là pour s'occuper de tout!
Ce qu'on nous sert dans
les médias, c'est de l'émotion. Me dit une amie, ce qu'elle a cru
saisir, c'est que le référendum est une autre dimension européenne,
avec partage et envie d'avancer vers un meilleur avenir. En quoi
on partage plus et on avance mieux en donnant du pouvoir aux
eurocrates qu'en leur refusant? Silence radio. C'est une question de
sentiments. Le pire, c'est qu'elle veut bien y croire; alors que les
sentiments qui dégoulinent, c'est l'équivalent pour la propagande
politique des filles à forte poitrine en publicité commerciale: ça
fait vendre, mais ça n'a aucun rapport avec le schmilblick. La grosse
différence est que pour la publicité commerciale, personne n'est dupe,
et la course à la beauté onéreuse est en fait du signalling; tandis
que concernant la propagande politique, l'immense majorité semble
tomber en plein dans le panneau. Il faut dire qu'avec l'éducation
nationale et les médias de masse qui font la surenchère de l'idéologie
étatiste officielle, les moyens mis en oeuvre sont d'une tout autre
catégorie.
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