J’aimerais lui signaler
que l’on peut fort bien souhaiter interdire les
délocalisations, qui créent pourtant de la richesse dans
d’autres pays, que l’on est en droit de protéger des
travailleurs français face à une hypothétique invasion de
slaves forcément sous-éduqués et payés au lance-pierre.
Qu’il est autorisé de préférer le français au polak, son
voisin au français lambda, sa soeur à son voisin, etc. Mais
que tout ça porte un nom: la « préférence nationale ». Et
que lorsqu’on brandit ce genre d’argument, il ne faut pas
s’étonner si de mauvais esprits vous fourrent dans le même
sac que les ultranationalistes du FN.
Vous nous serinez que
vous n’accepterez qu’une Europe sociale, pas l’Europe
libérale que – soit disant – ce Traité nous imposerait. Non!
Vous ne voulez pas d’Europe tout court! Vos
contre-propositions sont irréalisables, et vous le savez
bien. Le monde ne va pas s’arrêter de se mondialiser, les
échanges de se fluidifier et des populations entières – mais
pas à Saint-Denis, France, j’en conviens – voir leur niveau
de vie augmenter grâce à cet odieux triomphe du libéralisme,
que vous n’avez de cesse de dénoncer. La vérité, c’est que
si l’on suivait le bout du bout de votre logique, nous
construirions l’Europe du collectivisme et des
nationalisations, avec obligation pour ceux qui ne rentrent
pas dans le rang de la boucler (dites, l’Europe du goulag
pour les libéraux, les financiers et les patrons, ça ne vous
tente pas, les gars?).
Deux guerres mondiales ne
vous ont donc pas suffit pour comprendre les priorités? Les
camps, soviétiques ou nazis sont loin de nous à présent.
Mais c’est la construction d’une Europe forte qui empêchera
les massacres de Bosnie ou d’ailleurs.
J’affirme contre vous que
je suis européen et libéral, et que vous, vous êtes
le nationalisme, même grimé sous les atours de l’exigence de
protection sociale. Et le nationalisme, c’est la guerre.
Vous êtes des protectionnistes, et le protectionnisme, c’est
la pauvreté. Votre « non », c’est le « non » de la peur, de
l’égoïsme et de la bêtise crasse qui ont endeuillé le siècle
précédent.
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