Le principal avantage
économique d'une légalisation de la culture de la marijuana
est que les consommateurs pourraient, dès lors que le
produit est en vente libre, bénéficier des avancés
technologiques que procure la production de masse.
L'amélioration des procédés de culture est ralentie
principalement parce que les gens doivent se cacher
pour produire de la marijuana. Il est évident qu'une culture
libre permettrait aux producteurs d'investir
dans l'amélioration du produit et de sa fabrication.
Aujourd'hui, ce réinvestissement est bien minime comparativement à l'investissement
qui sert à s'assurer de ne pas se faire pincer par les
autorités.
Certains prétendent que
la légalisation de la marijuana n'est souhaitable que dans
la mesure où cela rapportera au gouvernement, grâce aux
taxes, des sommes supplémentaires dont il aurait besoin pour
poursuivre sa mission, et qu'il serait même souhaitable que
la vente soit réglementée comme l'est celle des vins et
spiritueux avec la Société des alcools du Québec (SAQ).
Je ne souscris pas à
cette vision. L'idée n'est pas de contrôler la vente pour
monopoliser la distribution. Les effets néfastes, tant sur
le plan économique (prix élevés) que politique
(contrebande), seraient trop importants. Le point important
ici est que le fait de payer des taxes sur l'achat de la
marijuana devenue légale libérerait les ressources humaines
et financières des services de police présentement affectées
à lutter contre un vice (fumer un joint) pour les réaffecter
à lutter contre les véritables crimes perpétrés à l'endroit des
individus et de leurs biens.
Comme le soulignait
Lysander Spooner, les vices ne sont pas des crimes. Les
autorités publiques n'ont pas à corriger les vices, qui ne
sont que des maux que les gens font subir à eux-mêmes ou à
leur propre propriété. Actuellement, les activités
gouvernementales visent souvent le contraire et la lutte au
tabagisme en fournie la preuve quotidiennement. Cette
situation n'est pas seulement immorale – puisque l'État se
sert de son pouvoir de coercition pour modifier les
préférences individuelles –, mais fait de simples citoyens
qui ont des habitudes de consommation différentes des
criminels.
Il y a un autre élément à
considérer sur le plan judiciaire. Dès lors que la culture,
la vente et la consommation de la marijuana deviennent
légales, il n'y a plus aucune raison pour que les groupes
qui contrôlent actuellement cette activité aillent
terroriser les fermiers en les obligeant, par exemple, à
faire pousser du cannabis dans leurs champs de maïs. Les
entrepreneurs auront intérêts non seulement à respecter les
agriculteurs voisins, mais aussi les compétiteurs. Ce qui
n'est pas le cas dans un marché clandestin.
L'État n'a pas à
intervenir dans les activités commerciales pacifiques entre
adultes consentants. La situation actuelle concernant la
prohibition des drogues est identique, dans sa nature, à la
prohibition de l'alcool qui sévissait au Canada et aux
États-Unis au début du 20e siècle. Je n'encourage pas la
consommation de drogues, mais je ne veux pas décider de ce
qui est bon ou mauvais pour les autres, tout comme je ne
veux pas que les autres décident de ce qui est bon ou mauvais
pour moi.
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