Malgré ce qu’on peut
penser, les gens qui ne communiquent dans aucune des langues
officielles canadiennes ne vivent pas nécessairement
davantage de l’aide sociale que les autres. Ils sont plutôt
réalistes quant aux types d’emploi qu’ils peuvent trouver et
savent s’en contenter. Au contraire, des immigrants bien
diplômés et s’exprimant en français prennent souvent plus de
temps à se trouver de l’emploi, car leurs attentes sont plus
élevées. En effet, on constate autant d’immigrants parlant
français à l’aide sociale que d’immigrants qui ne le parlent
pas.
Cependant, les attentes
irréalistes des gens ne sont pas la seule cause de ces
problèmes. Elles sont
nourries par le gouvernement et, dans certains cas, avant
même que les nouveaux arrivants mettent le pied au Québec.
En effet, les
Délégations générales du Québec, affiliées au MICC, font
du recrutement dans certains pays de la francophonie par
l’entremise de publicité, conférences et visites officielles
(voir «
Immigration: le Québec et le Canada recrutent à outrance »).
On y vante les programmes sociaux, la langue française du
travail, les perspectives alléchantes pour les diplômés,
etc.
Suite à ce battage
publicitaire, plusieurs arrivent ici sans se douter qu’on
parle également anglais à Montréal et que le bilinguisme est
souvent exigé pour un emploi, d’autres possèdent un
bagage impressionnant, mais inapproprié au marché du
travail, et c’est
la surprise générale lorsqu'ils constatent les barrières
réglementaires, syndicales et corporatives. La
responsabilité de s’informer revient d’abord à l’individu,
mais lorsque des agents du gouvernement leur laissent
entendre que leurs diplômes et expériences seront pertinents
au Québec, que ce sera donc facile de se trouver de l’emploi
et qu’au pis aller il y a un large filet social pour
s'occuper d'eux, qui ne serait pas attiré par de tels
avantages?
Plusieurs immigrants sont
donc appelés à retourner à l’école professionnelle, question
d’acquérir des connaissances plus adaptées au marché. Bien
que ces formations soient souvent payées par les
contribuables, en partie ou en totalité, il n’en demeure pas
moins que les immigrants ont été induits en erreur par le
gouvernement, qui leur avait laissé entendre que leur
intégration se ferait rapidement. Évidemment, les
contribuables aussi sont induits en erreur par le
gouvernement, car il tente de leur faire accroire que toutes
ces dépenses conduisent à une plus grande prospérité économique.
Incapable de reconnaître
que ses politiques nuisent davantage à l’emploi qu’elles ne
lui aident, le gouvernement en rajoute en attribuant les
difficultés des immigrants à se trouver de l’emploi à la
discrimination pratiquée par le marché. Pour le
gouvernement, la faute est toujours ailleurs. Dans cet
esprit, il finance une multitude d’organismes sans but
lucratif qui ont pour but théorique d’aider les nouveaux
arrivants, mais qui, en pratique, leur inculquent souvent
leurs propres préjugés.
Le gouvernement demande à ces organismes de développer leur
autonomie, question de les inciter à trouver également un
financement privé. Or, certains n’ont jamais engagé un seul
employé à leurs frais en vingt ans! Quelle crédibilité
peut-on donner à des organismes qui ont toujours été au
crochet de l’État pour enseigner aux gens à se trouver de
l’emploi? Ce parasitisme est florissant, car lorsqu’on dit
représenter les nouveaux arrivants, les « minorités
visibles » ou les « mères monoparentales », on devient
pratiquement intouchable. L’inefficacité et la corruption
ont donc la voie toute grande ouverte. Ces pratiques ne
favorisent pas l’harmonie sociale, mais la division; non pas
l’excellence, mais la médiocrité; la dépendance et
l’irresponsabilité plutôt que l’autonomie. Elles encouragent
le comportement même que l’on cherche à éviter.
Lorsqu’on considère les
coûts de l’ensemble des services octroyés aux nouveaux
arrivants par le gouvernement, ses agences et ses
partenaires, comment peut-on affirmer que cela contribue à
la prospérité économique? Qui aide qui? Est-ce le
gouvernement qui aide les immigrants ou ceux-ci qui aident
le gouvernement? Chose certaine, cela n’aide pas le
contribuable.
L’intervention
gouvernementale n’est pas plus rentable en matière
d’immigration que dans les autres sphères de l’action
humaine. Il s’agit d’une prétention à planifier l’économie
ou l’ensemble des échanges. Elle induit les gens en erreur.
Une frustration se développe parmi les immigrants et les
contribuables et engendre souvent des maux plus graves
encore. Son coût n’est pas seulement économique, mais
social.
Il est faux de dire
que la croissance économique nécessite une quantité de
main-d’oeuvre toujours plus grande et il est aussi illusoire de penser que des
services offerts, par l’entremise de l’imposition, puissent
satisfaire les besoins de chacun. La meilleure façon, pour
le Québec, de prospérer et de promouvoir la langue française
est de cesser de tout planifier et contrôler. Cela vaut
autant en matière d’immigration qu’en matière économique. Il
faut réduire les services gouvernementaux, non seulement aux
nouveaux arrivants, mais à tous. Les entrepreneurs prendront
la relève en ciblant les services utiles et en les offrant à ceux
qui les désirent vraiment.
La prospérité ne peut
advenir que lorsque le risque est assumé par l’individu
plutôt que par l’ensemble des contribuables. La véritable
solidarité ne va pas à l’encontre de la croissance
économique, elle se développe avec elle. La meilleure
incitation à l’immigration ne proviendra jamais d’un
« État fort », mais de la prospérité elle-même qui, à son
tour, provient de la liberté d’échanger ses services et de
commercer sans les entraves de l’État.
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