Qui peut croire à de
telles sornettes? La réalité est plus prosaïque: le
gouvernement actuel a le devoir de payer les factures laissées
par la générosité irresponsable de la gauche. Mais
l'idéologie consiste précisément à nier la réalité. Ayant
perdu dans les urnes, la gauche s'approprie les classes des
lycées et les amphis pour nourrir un interminable, mais
illégitime, « troisième tour social » en attendant de
reprendre les rênes du pouvoir. Et les professeurs
s'abritent derrière cette « grève des lycéens » pour ne pas
voir leur salaire amputé par leur ministre de tutelle.
Je
suis toujours ému par ces hommes et femmes, qu'ils soient
politiques ou enseignants, qui proclament se soucier, sans
la moindre pudeur, de l'intérêt général alors qu'ils
défendent tout simplement un intérêt privé. Ce n'est pas
l'intérêt privé en soi qui est condamnable, car c'est bien
ce qui nous anime tous, mais c'est le fait de dire le
contraire de ce que l'on fait qui est une mystification
dangereuse.
Le libéralisme a bon dos! |
Il est d'ailleurs cocasse de voir les partisans et les
opposants à la Constitution réciter le même refrain. C'est à
celui qui sera le plus anti-libéral! Il est vrai que les
absents ont toujours tort. C'est bien commode: on n'a jamais
autant invoqué le libéralisme, on ne l'a jamais autant
fustigé alors qu'il n'a jamais été aussi éloigné des
préoccupations des réformateurs actuels. À en croire
certains, même le Pape n'avait pas de mots assez durs contre
le libéralisme. Faisons le parler maintenant qu'il est
mort… alors que les mêmes se moquaient de ses paroles de son
vivant.
À l'occasion d'un vibrant hommage, j'ai pu lire,
dans les colonnes de la Tribune et de La Croix, que le pape
Jean-Paul II, après avoir contribué à la chute du
communisme, n'avait de cesse de combattre « le capitalisme
sans règle qui emportait aujourd'hui la planète ». Ce
soi-disant hommage n'était qu'un nouvel alibi pour entonner
un tout autre refrain auquel la presse française nous a déjà
bien habitué.
Il faudrait juste
préciser qu'un « capitalisme sans règles » ne saurait être
un capitalisme. Le capitalisme, au contraire, est un système
économique qui ne fonctionne qu'à la condition de respecter
un certain nombre de règles fondamentales et contraignantes.
Or, pour peu qu'ils se sentent encouragés en ce sens, les
acteurs économiques consacrent une grande énergie à se
tourner vers la protection étatique afin d'échapper à de
telles règles.
Ainsi, les producteurs, en s'organisant en
corporations, n'auront de cesse de faire pression sur les
gouvernements afin d'obtenir d'eux des réglementations
protectionnistes leur permettant d'échapper à la règle de la
concurrence.
De son côté, le consommateur, qui cherche à
échapper à la règle du prix, se tournera vers la puissance
publique pour tenter d'obtenir un maximum de biens et
services sans les payer (la consommation collective) et
bénéficier de revenu sans travailler (le revenu social).
Pour répondre à ces revendications, les dirigeants, toujours
soucieux de flatter le plus grand nombre pour remporter le
jackpot électoral, se feront à la fois les ultimes
défenseurs de l'industrie nationale dans le premier cas, et
les garants de la politique sociale de redistribution dans
le second cas.
Voilà comment on dérègle
lentement et sûrement le fonctionnement de l'économie,
feignant d'oublier, en les refoulant, les règles du
capitalisme. Mais cela n'a plus rien à voir avec le
capitalisme.
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