Certes, dans l'éventualité d'un Québec indépendant, le Parti québécois
mousserait inévitablement sa vision d'un État interventionniste et,
effectivement, répressif à plusieurs égards. Tout comme M. Masse, je
m'inquiète de cet aspect. Par contre, je crois que cette vision est
réductrice et nous oriente mal quant à la véritable problématique. M.
Masse soulève un point important: « le but n'est pas de choisir entre
deux États qui briment plus ou moins autant notre liberté, mais bien
de réduire le plus possible le rôle des deux »(2). Ce souhait me
semble utopique. Quand même bien que le Québec se doterait d'un
gouvernement qui désengagerait de façon importante l'État québécois,
ses actions seraient rapidement contrecarrées par le gouvernement
fédéral.
Dans cette optique, ma crainte serait de voir le gouvernement fédéral
centraliser davantage les pouvoirs à Ottawa en s'accaparant ceux
délaissés par le Québec. Je me questionne à savoir pourquoi ne
devrions-nous pas opter pour un seul État qui nous brime, le Québec,
plutôt que deux États qui nous briment? Présentement, deux paliers de
gouvernement tentent de s'accaparer le plus de pouvoirs possibles. Les
forces libertarienne s'activent à combattre deux entités bien
établies. C'est David contre Goliath. Travailler au sein du Québec
comme pays ne permettrait-il pas de concentrer toutes les forces
disponibles et d'obtenir des gains substantiels? Ce n'est pas une épée
de Damoclès qui guette actuellement les libertariens, mais deux.
De plus, dans l'éventualité d'un Québec indépendant, la démocratie que
l'on connaît au Québec ne serait pas abolie. Les partis politiques de
toutes allégeances politiques seraient légaux. Rien n'empêcherait un
parti politique de travailler à la réduction du rôle de l'État.
Certes, le Parti québécois peut être répressif. Par contre, on est
loin de la dictature!
Au Québec, la question nationale soulève les passions. La
Révolution tranquille a consacré la montée du nationalisme québécois tel
que nous le connaissons. Par contre, l'idée d'indépendance du peuple
canadien-français n'a pas vu le jour sous la Révolution tranquille: « […] cette idée peut être retracée aussi loin que l'installation du
régime britannique, suivant la conquête anglo-américaine du Canada
français, en 1760. »(3) À mon avis, l'indépendance du Québec est
inéluctable. Maintes fois la mort du projet indépendantiste a été
annoncée. Pourtant, il se perpétue de génération en génération.
Cela dit, j'adhère personnellement à plusieurs valeurs libertariennes.
Par contre, concernant le thème de la question nationale, je suis
convaincu que nous pouvons être à la fois indépendantiste et
libertarien. À cet égard, je pourrais entretenir les mêmes valeurs
libertarienne dans un Québec indépendant tout comme au Canada. Est-ce
que la problématique de la question nationale irait au-delà du
libertarianisme? Permettez-moi d'y croire.
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