La question du défaut d'assurance de 45 millions
d'Américains que l'opinion aime stigmatiser suscite depuis toujours les
réflexions suivantes: une large proportion des non-assurés a accès aux
soins dans les hôpitaux publics; une large part aussi a les moyens
d'obtenir l'assurance mais s'en prive volontairement (6 millions de
personnes admissibles à l'assurance publique qui, pour une raison ou
pour une autre, choisissent de ne pas s'y inscrire); 48% des non-assurés
sont des diplômés universitaires et des chômeurs en transition entre
deux emplois; près du tiers des non-assurés jouissent d'un revenu
supérieur à 50 000 dollars; 60% des non-assurés sont des jeunes de moins
de 35 ans qui jugent rentable de ne pas s'assurer parce que le besoin de
soins à cet âge est faible.
Au total, c'est moins du tiers des non-assurés qui vivent cette
condition de façon constante; et enfin on ne distingue pas de
différences sensibles entre leur état de santé et celui des assurés. La
« crise » de la non-assurance résulte essentiellement de la décision du
grand nombre d'exercer leur libre choix. Le calcul nous amène à conclure
qu'il se trouve une catégorie de personnes particulièrement mal servies
par les règles en place. Il s'agit des bas salariés d'entreprises de
moins de 10 employés qui n'offrent pas l'assurance au travail. Ils ont
trop de revenus pour être admissibles aux prestations de Medicaid,
mais pas assez pour pouvoir s'offrir individuellement la couverture
minimale. On estime à huit millions le nombre de ces défavorisés.
D'autres faits
sont venus à l'attention du public depuis(1). Fait
paradoxal, le nombre de non-assurés s'élève dans les années 1990,
qui a pourtant été une période de hausse marquée du revenu. Autre fait paradoxal, a
priori, le nombre de non-assurés chez les gens qui gagnent de 50 à 75
000 $ augmente de 57%, mais il augmente de 114% dans les ménages qui
gagnent plus de 75 000 $. En 1996, 59% des individus sans assurance
appartenaient à la classe des bas revenus, 27,3% à celle des revenus
moyens et 13,6% à la catégorie des revenus supérieurs. Or voici qu'en
2001, les ratios étaient passés respectivement à 54,2%, 28,5 et 17,3%.
Une explication s'impose.
Constatons donc que la presque totalité de la hausse du nombre de non-assurés
s'observe dans la catégorie des acheteurs « directs » d'assurance, par
apposition aux assurés des régimes d'employeurs. Il s'avère que de 1994
à 1999, le nombre de ces acheteurs directs était tombé de 5 millions
d'individus.
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