Réalisant la pression croissante exercée sur notre système de santé
public, l'État s'active désormais à gérer les fonds publics en tant
que « bon » administrateur. Pour se faire, il a le pouvoir de
conscientiser, d'éduquer, de taxer, de légiférer, etc. L'État s'active
à éliminer les maladies, les blessures, les accidents qu'il juge
évitables. Désormais, chaque liberté individuelle qui risque de peser
économiquement sur le système de santé ou de brimer autrui
est susceptible de passer au collimateur. La plus banale des
libertés individuelles peut maintenant être révoquée.
Le véritable problème n'est pas tant la gestion de l'État dans le
cadre d'un système de santé public, mais bien le système de santé
public lui-même. Il est essentiel de le réformer
partiellement, voire même totalement. S'il faut faire appel au secteur
privé, pourquoi pas? Arrêtons de diaboliser cette alternative. Il faut
à tout prix responsabiliser l'individu. Celui-ci doit assumer ses
excès, ses risques, ses négligences et ne pas faire porter son fardeau
à l'ensemble de la société. Dès lors, chaque individu
pourra revendiquer le droit et la liberté de fumer la cigarette, de
fumer de la marijuana, de s'injecter des drogues dures, de manger du
« fast-food », de ne pas porter de casque de bicyclette, etc., et ce,
tout en assumant les conséquences de ses propres choix.
La survie du système en place entraînera inévitablement l'accumulation
de mesures répressives. Bientôt, les enfants québécois devront traverser les rues
vêtues d'un équipement de gardien de but. Les cyclistes devront
préalablement réussir leur examen d'aptitudes en sécurité à bicyclette.
Pour ceux qui aiment manger, à moins d'être riche – ce qui n'est pas un
crime en soi –, ils devront se contenter de repas contrôlés et approuvés
par l'État, sans cholestérol, sans gras, sans sucre et bien sûr, sans
OGM! Ce portrait que l'on attribue généralement aux films de
science-fiction pourrait devenir réalité. Dans un système de santé
public, il n'y a pas de limite à ce que le gouvernement peut nous
imposer, et ce, au nom du bien-être collectif.
Depuis quelque
temps, des suggestions sont mises de l'avant pour réformer
le
système de santé au Québec. Toutefois, le spectre de voir le système
de santé américain se transposer ici suscite la grogne chez les
fervents de la gratuité. Le refus d'une partie importante
de la population d'envisager les mesures modestes
proposées par l'ADQ et le PLQ n'est-il pas d'ailleurs le symptôme d'une société
grugée elle-même par le cancer? Les défis qui guettent actuellement le
système de santé public promettent de le mettre à
dure épreuve. Seule sa faillite pourrait redonner au Québécois les
libertés individuelles qui leur sont dues.
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