Montreal, 15 août 2005 • No 157 |
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Le point qui distingue de façon la plus marquée l'École autrichienne
de l'orthodoxie économique actuelle (qu'on nomme École de Chicago ou
néoclassique, représentée par Milton Friedman) est leur
épistémologie, c'est-à-dire la méthodologie utilisée pour acquérir
des connaissances nouvelles. Les néoclassiques adoptent une
méthodologie empirique empruntée aux sciences naturelles et dérivée
des idées de Karl Popper(2). Ce dernier
soutenait que les hypothèses scientifiques doivent être
falsifiables et non vérifiables (il est possible de
démontrer leur inexactitude, mais jamais de les confirmer
définitivement). Par conséquent, les lois économiques néoclassiques ne
sont pas du tout rigides comme le prétendent les antilibéraux. Au
contraire, elles sont plutôt fragiles puisqu'une simple étude
statistique serait susceptible de renverser la loi des avantages
comparatifs (qui explique les effets bénéfiques du libre-échange) ou
même les lois de l'offre et de la demande…! |
« La méthodologie autrichienne rejette tout lien avec les sciences naturelles pour la simple raison que les humains ont la faculté de choisir; leur comportement n'est pas fixe et déterminé comme celui des choses inanimées ou irrationnelles. » |
D'un autre côté, l'économie n'est pas non plus une question
d'opinion et ne varie pas selon l'époque ou le lieu où elle
est étudiée. Si l'approche déductive de l'École autrichienne
est dénoncée comme étant caractéristique des sociétés
préscientifiques par les positivistes, d'autres reprochent
au « néolibéralisme » son « cortège de recettes miracles
héritées du XIXe siècle »(4). Tantôt
on critique l'économie parce qu'elle ne tiendrait pas
suffisamment compte des autres sciences humaines (« on ne
construira pas un paradis économique sur un cimetière
social, environnemental, culturel et politique »(5)),
tantôt on mentionne tout bonnement qu'elle ne devrait pas se
préoccuper uniquement de « la promotion [du] marché dans
toutes les sphères de la vie quotidienne »(6).
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1. Cet article est essentiellement un
résumé des principes énoncés entre autres dans les oeuvres
suivantes: Hans-Hermann HOPPE, « Economic
Science and the Austrian Method », Auburn (AL), Mises
Institute, 1995; Ludwig von MISES,
Epistemological Problems of Economics, Auburn
(AL), Mises Institute, 2002; Ludwig von MISES,
Human Action: A Treatise on Economics, 4th ed.,
Irvington (NY), Foundation for Economic Education, 1996,
chapitre 2. |