C’est qu’ils confondent, pressés par l’audimat des bons sentiments,
l’effet avec la cause(1). Ce n’est pas du pouvoir d’achat qu’il faut
redonner aux Français – dans la mesure où l’on ne peut pas donner ce
que l’on n’a pas –, mais il faut leur rendre la volonté de
travailler, le pouvoir de produire et la possibilité de s’enrichir,
notamment en libérant une fois pour toutes le potentiel productif du
pays. Laissez-moi m’expliquer en interrogeant la notion de « pouvoir
d’achat ».
Ni un devoir, ni un réflexe |
Les Français sont préoccupés par leur pouvoir d’achat. Et les
responsables politiques vont tout tenter pour le relancer en vain.
C’est devenu une vérité indiscutable. Et pourtant, est-ce bien là le
rôle de la politique? Pour qu’une action soit efficace, elle doit
reposer sur des bases justes. Qu’est-ce donc au juste que le
« pouvoir d’achat »? Un des droits fondamentaux de l’individu réside
dans la liberté de disposer de lui-même, notamment pour travailler
et ainsi accéder au niveau de vie désiré. Dans un État de droit,
garant des libertés individuelles, personne n’a le droit de
m’empêcher de travailler. Par contre, cela ne signifie pas que
l’État doive m’embaucher, me trouver du travail ou me nourrir, ou
que l’État doive forcer les entreprises à m’embaucher. C’est au
marché du travail d’assumer l’adéquation toujours mouvante entre
l’offre et la demande de travail.
Si un individu estime que
son pouvoir d’achat est insuffisant, il doit pouvoir travailler plus
pour augmenter son niveau de vie. S’il ne peut, ou ne veut,
travailler plus, il devra réduire son niveau de vie. Certes, si les
Français se retournent auprès de l’État, c’est que les responsables
politiques de ce pays ont une grande responsabilité dans l’asphyxie
économique qui contribue à désindustrialiser nos régions, à freiner
la création d’entreprise, à accélérer les délocalisations ou encore
à faire fuir les chercheurs les plus innovants et les entrepreneurs
découragés.
Mais, le pouvoir d’achat
est aussi une notion qui dépasse la simple dimension financière qui
n’en est que la surface. Le pouvoir d’achat désigne une aptitude (un
« pouvoir »), un comportement lui-même lié à une volonté (ou une
absence de volonté). Le pouvoir d’achat ne signifie pas seulement
« pouvoir acheter », mais aussi « pouvoir ne pas acheter ». Un
pouvoir est réellement un pouvoir si l’on est libre de ne pas en
user. Un pouvoir n’est ni un devoir, ni un réflexe, et encore moins
une obligation. Celui qui détient une force sans en être l’esclave a
le pouvoir de ne pas s’en servir. La force de dissuasion nucléaire
en fut le meilleur exemple.
Imaginez que le
gouvernement considère – au motif que la consommation des ménages
serait un moteur essentiel de la croissance – qu’il serait dangereux
de laisser, à la seule volonté des ménages, la liberté de consommer
ou de ne pas consommer. Il décide alors de prélever automatiquement
une partie des salaires pour les affecter à la consommation selon un
panier de consommation savamment formaté par les experts de l’INSEE.
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