Économie: École autrichienne vs École de
Chicago |
L’École
autrichienne (ou viennoise) a été fondée par
Carl Menger (1840-1921) en 1871 avec la publication de son traité
Grundsätze der Volkswirtschaftslehre («
Principes d’Économie »). Ses principaux successeurs sont
Eugen von Böhm-Bawerk (1851-1914), Friedrich von Wieser
(1851-1926),
Ludwig von Mises (1881-1973)
Friedrich A. Hayek (1899-1992) et
Murray
Rothbard (1926-1995). L’École autrichienne s’oppose à
l’utilisation des méthodes des sciences pures en économie et fonde la
discipline sur la compréhension logique de l’action humaine
individuelle. La plupart des économistes autrichiens ne reconnaissent
aucun rôle légitime à l’État sauf peut-être la production de la
justice et de la défense collective.
L’École de Chicago
est un regroupement vague d’économistes d’adhérence néoclassique qui
défendent le libre marché. Le plus célèbre est
Milton Friedman qui a publié de populaires justifications du
capitalisme – Capitalism and Freedom (1962) et Free to
Choose (1980). L’École de Chicago est extrêmement influente dans
la profession économique actuelle puisque les néoclassiques
constituent le courant dominant aux États-Unis. Elle s’étend aussi à
l’analyse économique de la politique (public choice –
James M. Buchanan,
Gordon Tullock,
George Stigler)
et du droit (law-and-economics –
Ronald Coase,
Richard Posner,
Gary
Becker). Toutefois, plusieurs économistes de cette école ont
tendance à voir des échecs du marché (market failures) partout
et à demander l’intervention de l’État pour les corriger, voulant
ainsi créer une situation « optimale » répondant à leurs définitions
artificielles de la rationalité et de l’efficacité.
Philosophie politique: minarchisme vs.
anarcho-capitalisme |
Le minarchisme est une philosophie politique qui estime que
l’État doit se contenter d’exercer les fonctions régaliennes (justice
et sécurité) et éviter d’intervenir dans l’économie. La plupart des
libéraux classiques (John
Locke,
Adam Smith,
Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat,
Alexis de Tocqueville, etc.) défendaient cette vision d’un État
minimal ou « veilleur de nuit ». Le principal problème réside dans la
manière de construire un système politique qui empêche le gouvernement
d’accroître son pouvoir progressivement et d’abuser de sa position
dominante. Différentes solutions ont été apportées pour résoudre cette
difficulté: le constitutionnalisme, la séparation stricte des pouvoirs
exécutif, législatif et judiciaire, la démocratie, le fédéralisme,
etc. Parmi les auteurs plus modernes, notons Ludwig von Mises (Liberalism
in the Classical Tradition, 1927), Friedrich A. Hayek (La
Constitution de la Liberté, 1960; Droit, législation et liberté,
1973),
Robert Nozick (Anarchie, État et Utopie, 1974), James M.
Buchanan (Les
Limites de la Liberté, 1975),
Randy Barnett (The
Structure of Liberty, 2000), et
Richard Epstein (Skepticism and Freedom, 2003).
L’anarcho-capitalisme
ne reconnaît aucune fonction légitime à l’État et refuse le concept
même de monopole de la justice et de la sécurité sur un territoire.
L’axiome de non-agression empêche toute personne, qu’elle soit en
autorité ou non, d’initier la force contre une autre. Cela empêche
toute collecte de revenus fiscaux et donc l’État ne peut financer son
fonctionnement. La différence entre l’anarchisme socialiste et
l’anarcho-capitalisme est que ce dernier considère la propriété comme
un droit fondamental et fonde toute sa théorie de la justice à partir
de ce principe. L’anarcho-capitalisme est le descendant de
l’anarchisme individualiste du XIXe siècle (Benjamin Tucker,
Lysander
Spooner,
Gustave de Molinari) et une forme de libéralisme radical. Les
principaux penseurs modernes ayant défendu cette théorie sont
David Friedman (Vers une société sans État – The
Machinery of Freedom, 1971), Murray Rothbard (L’Éthique
de la Liberté, 1982),
Bruce Benson (The Enterprise of Law, 1990), J.C. Lester (Escape
from Leviathan, 2000),
Hans-Hermann Hoppe
(Democracy: The God That Failed, 2001) et Robert Murphy (Chaos
Theory).
Stratégie et politique étrangère:
paléolibertariens vs néolibertariens |
Les paléolibertariens se sont nommés ainsi pour se distinguer
de ce qu’ils voient comme la décadence et la perversion du mouvement(2).
Le terme peut avoir deux sens non exclusifs, selon le contexte.
Premièrement, il désigne une stratégie concernant la manière de
provoquer une transition vers une société plus conforme aux idéaux
libertariens. Les paléolibertariens préfèrent le révolutionnaire au
progressif et rejettent les mesures qui ne constituent pas clairement
une diminution du pouvoir de l'État, c'est-à-dire les « market-based
initiatives » qui introduisent un élément de compétition sans être une
privatisation complète (bons d'études, transformation d'une taxe en
une autre, libéralisation accompagnée de nouvelles réglementations,
etc.). Ils refusent de collaborer avec le pouvoir politique et ne se
fient pas au processus démocratique pour disséminer leurs idées. Certains, notamment Hans-Hermann Hoppe, considèrent que le
conservatisme culturel est une composante essentielle de l’idéologie
(attention, nous parlons ici d’un conservatisme individuel et non de
l’imposition de valeurs à la société entière). Deuxièmement, le terme
désigne aussi une politique étrangère non-interventionniste et
pacifique, surtout depuis le commencement de la guerre contre le
terrorisme (ils rejoignent donc les paléoconservateurs sur ce point).
Parmi les paléolibertariens les plus notoires, mentionnons
Lew Rockwell,
président du
Mises Institute, qui définit son organisation comme
paléolibertarienne dans les deux sens du terme.
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