Permettez-moi de répondre aux réponses (!) de MM. Dorais et
Bréard concernant le commentaire de M. Carpentier. Vous
omettez toujours de mentionner que dans une économie sans
contrôle de l'État, rien n'empêchera des entreprises privées
d'obtenir des monopoles dans certains marchés. Pas besoin
d'aller bien loin, le transport en commun à Montréal au
début du siècle. Ou dans la même période, des entreprises
privées qui étaient seules à fournir l'énergie pour toute
une localité. Résultats? Des prix astronomiques, évidemment.
Et aujourd'hui, qui peut sérieusement dire que certains
marchés, comme par exemple l'automobile, n'est pas plus ou
moins monopolistique (oligopolistique)?
Dans un monde sans État,
rien ne pourrait empêcher une compagnie comme Monsanto
d'acheter TOUTES les terres cultivables d'un pays... Rien ne
pourrait empêcher Wal-Mart d'acheter un village... Allo la
concurrence, bye-bye le rêve de « liberté libertarienne » et rebonjour le
féodalisme...
Dominic Claveau
Montréal
Réponse de Mathieu Bréard |
Bonjour M. Claveau.
La croyance qui veut que la libre concurrence mène à des
monopoles est fausse. Dans l'histoire, les seuls véritables
monopoles ayant existé sont ceux qui étaient protégés par
l'État.
Dans un marché libre, la rentabilité et la survie de tout
projet dépendent de la satisfaction des consommateurs. Ils
sont les seuls juges de la qualité d'un produit ou d'un
service. Une entreprise qui s'impose dans un domaine sur une
certaine période peut très bien affronter un marché très
compétitif quelques années plus tard. Prenons simplement
l'exemple de Microsoft que l'on accuse, à tort, d'être en
situation de monopole. Cette société ne cesse d'être menacée
par IBM sur le terrain des systèmes, par Novel sur celui des
réseaux. De plus, ces dernières années l'arrivée d’Unix et
de FireFox lui vole d'importes parts de marché. La libre
concurrence oblige continuellement les entrepreneurs à se
recycler sous peine de se faire doubler. D'ailleurs, il y
aura toujours quelque part des individus pour mettre au
monde de nouvelles idées, de nouvelles techniques de
management ou de marketing, afin de commercialiser de
nouveaux produits. Rien n'est éternel, mais tout est en
mouvement.
Par contre, pouvez-vous en dire autant d'une Société
complètement monopolisée par l'État?
Au Québec actuellement:
-
Est-il possible d'utiliser un autre moyen de transport en
commun que celui de la STM? Non, monopole d'État;
-
Est-il
possible de signer un contrat avec un autre
fournisseur d'électricité qu’Hydro Québec? Non,
monopole d'État;
-
Est-il possible d'acheter des vins et spiritueux ailleurs
qu'à la SAQ? Non, monopole d'État;
-
Est-il possible de se faire opérer dans une clinique privée?
Non, monopole d'État.
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Tous ces monopoles sont protégés par la loi et donc
intouchables. En d'autres mots, si je ne suis pas satisfait
du service offert, je n'ai d'autre choix que de fermer ma
gueule et devenir un bon contribuable docile. D'autant plus
que ces monopoles n'ont aucune obligation de m'offrir un
service de bonne qualité. Évidemment, puisque n’étant
confrontés à aucune concurrence, ils savent qu'ils sont
éternels et peuvent se permettre de multiplier les erreurs,
et en faire payer la note à la population.
Admettons que j'ai une idée nouvelle, un concept
innovateur pour concurrencer la Société des alcools du
Québec, puis-je la développer sous ma propre bannière? Non
cela est impossible, car l'État contrôle complètement le
marché. Lors de la dernière grève des employés de cette
société, l'ensemble des consommateurs du Québec ont été
littéralement pris en otage, n'ayant aucune autre source
d'approvisionnement.
Bref, dans une société contrôlée par l'État, c’est bye-bye
la concurrence et bonjour la république communiste.
Bien à vous,
Mathieu Bréard
Monsieur,
Un monopole ne peut exister pour une période prolongée que
s'il possède la protection de l'État. Cette protection peut
être sous forme de lois, de subventions ou les deux. Vous
citez en exemple le transport en commun au début du siècle
dernier, mais justement la Compagnie des tramways de
Montréal était subventionnée et protégée par les différents
paliers de gouvernement. Vous affirmez que les entreprises
énergétiques chargeraient des « prix astronomiques » aux
consommateurs, mais cela est sans fondement. Quant à vos
derniers commentaires, ils relatent la peur de voir
s'étendre le pouvoir des entreprises, mais encore une fois
ce pouvoir n'est rien s'il n'est pas appuyé de la force
coercitive de l'État. Une entreprise qui voudrait acheter un
« village » devra négocier avec ses propriétaires. Un État ne
négocie pas, il prend par la force au nom d'une certaine
idée du bien. « Monsieur l'État, utilisez votre force
coercitive afin de donner une leçon au gros Wal-Mart qui
vend des produits que les gens désirent à bon prix, car
c'est injuste. » Bonjour l'éthique!
André Dorais
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