Il est entendu que le
droit de porter des armes (telles que des pieux, des lampes
de poche ultraviolettes ou des bonbonnes d’ail liquéfié)
devra être préservé afin d'assurer un sentiment de sécurité
parmi la population humaine. Par contre, aucune menace de se
servir de ces armes ne devra être effectuée sans
provocation, ce qui constituerait une forme
d’agression.
Maintenant que nous avons
démontré que la coexistence paisible avec les vampires est
possible, Voyons quels avantages économiques
les humains tireraient de cette association. Les vampires
étant à toutes fins pratiques immortels, du moins au point de
vue du vieillissement et de la maladie, leur préférence
temporelle risque d’être beaucoup moins élevée (ils auront
donc tendance à prévoir à plus long terme). Cela les
poussera à investir dans des placements ou à créer des
entreprises pour s’assurer un revenu constant et stable. Ils
auront l’occasion de poursuivre des études extrêmement
spécialisées et d’atteindre un niveau de connaissances
inégalé jusqu’à présent, permettant des découvertes
scientifiques non envisagées à cause des limites de l’esprit
humain.
Leur immunité face aux dangers
de blessures leur permettrait d’occuper des emplois
dangereux sans problème, ce qui réduirait grandement les
coûts de certaines activités telles la construction de
gratte-ciels ou la pêche en haute mer. De plus, leur mode de
vie nocturne permettrait de réduire la pénurie d'employés pour le quart de nuit et ainsi
permettre à de nombreux commerces d’offrir des heures
d’ouverture plus étendues à un coût raisonnable.
En bref, la loi des
avantages comparatifs fonctionne autant dans cette situation
que dans le cas du libre-échange ou de la division
du travail entre humains. Nous voyons donc que la collaboration avec les
vampires, qui surpassent les humains en qualifications dans
des circonstances diverses, conduirait à un enrichissement
général de la société. Quand cette réalité sera largement
reconnue, les préjugés mutuels commenceront à
s’estomper progressivement et un rapprochement de cultures
deviendra probable.
Notre crainte face à ce
qui est étranger et différent nous pousse parfois à examiner
une situation de façon plus émotive que rationnelle.
Toutefois, si nous analysons la réalité de façon posée, rien n’empêche
en théorie les vampires de bénéficier de droits
individuels équivalents à ceux des humains. Nous constatons
même que selon la légende, les vampires respectent la
propriété privée et le principe que « la maison de chacun
est pour lui son château et sa forteresse »(4).
En effet, un vampire n’entrera dans une habitation privée
que s’il y est invité.
Croire en le bien-fondé
d’une approche jusnaturaliste ne signifie pas qu’il faille
effectuer des jugements de valeurs sur la supposée nature
des choses et des êtres. N’oublions pas que toutes les fins
sont subjectives, et que chaque individu doué de
libre-arbitre mérite de voir son comportement moral évalué
séparément de sa collectivité. Si la philosophie
libertarienne permet d’éviter le conflit avec les vampires,
imaginez ce qu’elle peut accomplir pour les multiples
cultures de l’humanité.
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