Le
président européen de HP a énoncé calmement qu'il n'a pas
reçu d'aides mais seulement obtenu que certains travaux
publics soient réalisés à la faveur de l'installation de son
usine. Il a payé 700 millions d'impôts et « ne peut pas rembourser des subventions qu'il
n'a pas touchées ».
Chacun pouvait se demander où était le menteur.
Aux États-Unis, les lois sur le mensonge sont redoutables, alors qu'en
France les mensonges officiels sont monnaie courante et, pour notre
part, nous avions donné à HP la présomption d'innocence.
Pari gagné! Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale (sic),
a avoué, sans se gêner du tout, que la France n'avait pas versé de
subventions. L'aveu tardif n'enlève rien à la culture du mensonge qui
fait partie intégrante du désastre français.
Supposons qu'il y ait eu des aides: c'était là plus qu'une faute, un
crime. Les fonctionnaires et élus n'ont aucune qualification ni droit
légitime pour prendre par la force l'argent des autres en vue de
favoriser telle ou telle entreprise qui leur plaît. La liste des
firmes aidées à tort est absolument sans fin et reflète aussi le même
désastre national.
L'intervention du gouvernement dans cette affaire s'est produite au
plus haut niveau, la communauté internationale étant ameutée
publiquement et de diverses façons. Aux dernières nouvelles, des
négociations se préparent pour obtenir une baisse du nombre des
licenciements. Plus question, évidemment de rembourser les fameuses
aides inexistantes.
Des défilés de salariés ont ponctué ces événements scandaleux avec en
tête les élus, écharpes au vent. C'était les victimes défilant
derrière leurs véritables bourreaux. Ce même paradoxe se répète
régulièrement dans les occasions similaires, et les victimes
ignorantes ne savent pas non plus que les vrais responsables tirent en
fait des bénéfices électoraux et financiers de leur malheur.
Quant au chômage induit par l'image détestable offerte au monde
entier, personne ne le connaîtra jamais.
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