On
croit généralement que la démocratie possède une assise solide en se fondant sur
les droits individuels, mais ceux-ci sont tout de même malmenés. Les
droits individuels sont d’abord des libertés naturelles,
c’est-à-dire que l’homme n’a nul besoin de les revendiquer
puisqu’elles relèvent de lui. L’homme peut se mouvoir, s’associer,
s’exprimer, et cetera, sans avoir à en demander la permission.
Pourvu qu’il reconnaisse les mêmes libertés en l’autre, il agit
conformément à l’éthique.
L’ensemble des libertés naturelles, et non seulement celles qu’on
retrouve dans les Chartes, constituent le domaine de l’éthique. Elles relèvent
toutes du même critère, soit le respect de la propriété ou la
non-agression envers autrui. Ces concepts, dans leur acception
large, ont essentiellement la même signification, soit le respect
d’autrui et de ce qui lui appartient. Si la propriété se confine
plus souvent aux biens, elle n’exclut pas le respect de la
personne au sens où elle doit être entendue également comme
propriété de soi. De même, la non-agression se confine plus
souvent à l’individu, mais s’étend également au respect de ses
biens.
Respecter ce seul principe, la propriété ou la non-agression,
implique nécessairement le respect de l’ensemble des libertés. Ces
libertés sont moralement antérieures et supérieures aux impératifs
et aux intérêts du gouvernement. Les libéraux de la tradition
classique diraient que les citoyens ne sont contraints d'obéir au
gouvernement que s’il garantit à chacun ses libertés. Le
gouvernement
trouve sa légitimité dans la mesure où il protège et élargit
systématiquement la jouissance de ces « droits de l'homme » au
profit des citoyens. L’anarchiste libéral va plus loin en
affirmant que l’éthique se suffit à elle-même, c’est-à-dire que le
respect de la propriété ou de l’ensemble des libertés n’a besoin
que d’une garantie institutionnelle, mais pas nécessairement
politique.
À taxer et à imposer, le gouvernement viole la propriété au sens
strict, soit la liberté de disposer de ses biens comme on
l’entend. L’anarchiste libéral ne fait pas de la justice une
question de degré, mais une question de principe, c’est-à-dire
qu’il ne tolère aucune violation à la liberté. À ceux qui en font
une question de degré, il pose les questions suivantes: quel est
le degré légitime de taxation et d’imposition et comment le
déterminer? En répondant « un degré raisonnable » on ouvre la porte
à tous les excès et en répondant que le gouvernement doit faire ci
ou ça, on enfreint nécessairement la liberté de disposer de ses
biens.
Une conception de la justice qui varie en degré selon qui est au
pouvoir, est-ce vraiment de la justice? N’est-ce pas plutôt son
contraire? Pour être vraiment cohérente, la justice libérale doit franchir une étape
supplémentaire, soit de passer du politique à l’éthique, ou de
l’étatisme à l’anarchisme.
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