Au début de l'année 2005, Tony Woodley, le chef du
syndicat britannique T & G, proposait d'instaurer une taxe
exceptionnelle sur les profits à l'instar du ministre français de
l'Économie Thierry Breton qui, le 9 septembre dernier, menaçait les
compagnies pétrolières d'une taxe exceptionnelle. Le 11 novembre, le
Sénat américain demandait aux grandes compagnies pétrolières de
s'expliquer sur des profits exceptionnels tant décriés.
Taxer n'est pas la solution |
Les profits perçus par les groupes pétroliers ont certes atteint des
niveaux records. Les cinq premières compagnies d'énergie de la
planète, Royal Dutch Shell, BP, PLC, Chevron, et Total, ont réalisé
32,7 milliards de dollars de bénéfices au troisième trimestre 2005
(+52% par rapport à la même période l'an dernier) et devraient
dépasser le cap des 100 milliards sur l'ensemble de l'année. Aussi
élevés que soient ces profits, aucun gouvernement ne peut cependant
résoudre le problème du pouvoir d'achat des individus et de la hausse
du prix de l'énergie en instaurant une nouvelle taxe sur les profits
réalisés par les producteurs de pétrole. Une telle décision aggraverait
au contraire le problème en renchérissant encore plus le prix
de l'or noir.
La tendance qui consiste à vouloir taxer les profits pétroliers est
surprenante dans la mesure où pendant les deux dernières décennies, la
profitabilité des compagnies pétrolières s'est située en dessous de la
moyenne, si on les compare avec les autres firmes de l'indice Standard
& Poors 500. Si elles détenaient le pouvoir de
marché que les critiques leur donnent, il serait difficile de comprendre
comment les dirigeants ont permis à leur entreprise de réaliser des
performances aussi faibles.
La taxation des profits est
aussi inefficace économiquement. Cette affirmation peut certainement
sembler provocante pour de nombreux lecteurs qui ressentent les
profits des compagnies pétrolières comme une véritable provocation. Elle n'en est
pas moins vraie. Pour que la taxation des profits soit efficace, il
faudrait que le prix élevé du pétrole puisse être imputé à la
perception de hauts profits. Or, un profit n'existe pas parce qu'il a
été décrété a priori par les producteurs. Il n'est connu
qu'après coup, lorsque les consommateurs ont accepté de dépenser
suffisamment pour en dégager un.
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