Comme
l'écrit Hayek dans « Vrai et faux individualisme »:
Quels sont, alors, les caractères essentiels du vrai individualisme?
La première chose qui doit être dite est qu'il s'agit d'abord d'une théorie sociale: un essai pour comprendre les forces qui déterminent
la vie sociale de l'homme, et ensuite seulement un ensemble de
principes politiques déduits de cette vision de la société. Ce fait
devrait en lui-même suffire à refuser le plus sot des malentendus qui
courent à ce sujet: l'idée suivant laquelle l'individualisme
postulerait (ou fonderait ses arguments sur cette hypothèse)
l'existence d'individus isolés ou autosuffisants, au lieu de partir de
l'étude de gens dont la nature et le caractère sont déterminés par le
fait qu'ils existent en société. Si cela était vrai, l'individualisme
n'aurait vraiment rien à apporter à notre compréhension de la société.
[...] L'étape suivante de
l'analyse sociale de l'individualisme est dirigée, elle,
contre un pseudo-individualisme rationaliste qui ne
conduit pas moins au collectivisme dans la pratique.
Elle consiste à affirmer que nous pouvons découvrir, en
examinant les effets combinés des actions individuelles,
que bien des institutions sur lesquelles repose le
progrès humain sont apparues et fonctionnent sans
qu'aucun esprit ne les ait connues ni ne les contrôle.
Que, suivant l'expression d'Adam Ferguson, « Les nations se
retrouvent face à des institutions qui sont bel et bien le
résultat de l'action des hommes, sans être celui d'un projet
humain » et que la collaboration spontanée des hommes libres
engendre souvent des résultats qui dépassent ce que leur
cervelle d'individus pourra jamais entièrement saisir. |
Selon Hayek, les institutions sociales se sont développées naturellement, par le résultats
d’actions humaines et non par un quelconque « projet social ». Le
caractère spontané des insitutions sociales comme la famille prouve
bien que l'individu est inscrit spontanément dans des cadres sociaux,
sans pour autant que ceux-ci soient construits par quelque penseur
omniscient.
L'homme a toujours été un « animal grégaire ». Il en allait de sa survie
durant les âges de la Préhistoire et l'apport positif que nous amènent les autres est
tout aussi vrai aujourd'hui. Cet aspect du regroupement est naturel et
volontaire; l'État est au contraire une institution artificielle
obligatoire qui force les gens à se soumettre à des régles décidées
par une élite d'intellectuels rationalistes qui croient avoir trouvé
la Vérité pure et le modèle parfait pour régenter les comportements
sociaux.
Profondément humaniste et optimiste |
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[...]
la collaboration spontanée des hommes libres engendre
souvent des résultats qui dépassent ce que leur cervelle
d'individus pourra jamais entièrement saisir. |
Cette citation de Hayek,
qui mérite d'être relue et étudiée, est la base du capitalisme où l’échange entre
hommes libres contribue à leurs intérêts respectifs.
La philosophie libérale est profondément humaniste et optimiste, elle
croit au potentiel de l’individu et aux bienfaits de la conjonction
des actions humaines. Plus que jamais, elle est aussi sceptique face à
de quelconques principes directeurs qu’il faut imposer – que ceux-ci
viennent de préceptes moraux religieux ou de préceptes socialistes. Le
libéralisme est ancré dans la tolérance, tolérance envers les valeurs
de l’autre. Le libéralisme est l’antithèse de l’impérialisme, c’est
l’humilité de se dire qu’on n’est pas parfait et que l'on n’a pas
à imposer ses valeurs, même celles qui ont trait à la démocratie,
aux autres. Le libéralisme croit à une coercition minimale de l’État
tant économiquement que socialement.
La philosophie libérale est aussi essentiellement créatrice, axée
vers l’avenir, bien loin du pessimisme généralisé que les socialistes
et les conservateursnous exposent. Ceux-ci veulent un État plus fort
et coercitif, soit par l'interventionnisme
économique et l'imposition de valeurs « progressistes », soit par la
construction d'une machine militaire et l'imposition de
valeurs traditionnelles.
Hayek a tracé
radicalement la différence entre les libéraux et les conservateurs:
le libéral ne croit pas aux solutions collectivistes autant de « droite » que de « gauche ». Même si moralement, le libéral peut ne pas
être attiré par certaines valeurs, il
ne se permet pas d’interdire ce qu’il croit
moralement mauvais. Il n’impose tout simplement pas ses valeurs aux
autres.
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