Quoi qu’il en soit, la
contradiction principale qui détruit à elle seule le
despotique « principe de précaution » nous a aussi été
livrée sans aucun complexe sur le même ton docte et
supérieur. Voici la
définition (officielle, donc) qu’en donne Mme
Kosciusko-Morizet:
Il existe trois degrés
d’incertitudes dans le risque:
1) Le risque certain, dont on connaît la loi de
probabilité. Ce risque doit être couvert par la
prévention. Exemple: les crues décennales ou
centennales. On sait qu’il y aura en moyenne tant de
crues par siècles, etc. La prévention consiste alors par
exemple à construire des digues.
2) Le risque incertain, dont on sait qu’il existe mais
que l’on ne peut quantifier. C’est ce risque qui donne
lieu au principe de précaution, à condition toutefois
qu’il soit susceptible d’occasionner des dommages
« irréversibles et graves à grande échelle » pour les
générations futures. Il faut alors restreindre voire
interdire les activités présentant ce risque.
3) Le risque inconnu, qu’on ne peut pas couvrir. Assez
bizarrement, Mme Kosciusko-Morizet l’assimile à des
« fantasmes ». |
C’est évidemment le point 2 qui nous intéresse, et en bons logiciens,
nous devons nous poser la question qui ne traverse jamais l’unique
hémisphère cérébral (celui qui contient les pétitions de principe) des
hommes de l’État et de leurs suppôts: la question de la contradiction
pratique. Rappelons préalablement qu’interdire certaines
innovations, c’est évidemment prendre le risque de provoquer des
catastrophes qui auraient pu être évitées grâce à elles. Par exemple, au
moment de sa découverte, si l’usage du feu avait été interdit, nous ne
serions probablement pas là pour en parler aujourd’hui.
Comme n’importe quel acte
humain, le fait d’imposer le principe de précaution comporte donc un
risque: celui précisément d’empêcher l’émergence des solutions à
certaines catastrophes. Et ce risque-là, justement, est un risque
incertain, qui pourrait bien occasionner des dommages irréversibles et
graves à grande échelle. Précisément le genre de risque que le
principe de précaution prétend supprimer en interdisant qu’on le prenne!
Par conséquent, le
principe de précaution affirme qu’il ne doit pas être imposé…au nom de
sa propre doctrine. Et l’affirmation « il faut imposer le principe de
précaution » est donc une contradiction dans les termes.
Il y a bien
longtemps que les Kosciusko-Morizet et autres membres distingués des
castes qui piétinent allègrement les droits d’autrui au nom de la «
science » et des « scientifiques autorisés », ont perdu toute notion de
logique et donc de réalité. Mais la réalité a toujours raison. Qu’ils
prennent garde qu’elle n’ait un jour raison d’eux.
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