Cette situation est
d’autant plus injuste qu’elle ne semble pas favoriser
l’accès des Québécois aux études supérieures. En conséquence
le « surfinancement » des études postsecondaires par les
gouvernements représente un important gaspillage de
ressources qui seraient plus utiles ailleurs.
Le mémoire de l’IEDM soumis à la Commission de
l’éducation de l’Assemblée nationale dans le cadre de la
consultation générale sur la qualité, l’accessibilité et le
financement des universités au Québec intitulé « La hausse
des droits de scolarité réduirait-elle l’accessibilité aux
études universitaires? », publié en février 2004, est très
révélateur:
La fréquentation des universités (calculée comme la
proportion de jeunes de 20 et 21 ans inscrits à plein
temps dans une université) au Québec est parmi les plus
faibles au Canada. Ce taux de participation se situe à
20% pour l’année 2000-2001, dernière année pour laquelle
nous disposons de données détaillées. Parallèlement, la
Nouvelle-Écosse, qui a les droits de scolarité les plus
élevés (5557 $ par année), a également le taux de
fréquentation le plus élevé à 33%.
Par ailleurs, les données
disponibles pour les provinces canadiennes n’indiquent
aucune relation directe entre le niveau des droits de
scolarité et l’accessibilité aux études universitaires.
En d’autres mots, des droits de scolarité peu élevés ne
sont pas associés avec des taux de fréquentation élevés.
C’est même l’inverse qui est vrai. Malgré les faibles
droits de scolarité au Québec (1862 $ par an, niveau le
plus faible au Canada), la fréquentation des universités
y est parmi les plus faibles au Canada. Ce taux de
participation se situe à 20% pour l’année 2000-2001,
comme on l’a mentionné plus haut.
Le graphique 1 illustre
bien cette situation paradoxale: la courbe ascendante,
qui représente la tendance générale, montre que plus les
droits sont élevés dans une province, plus le taux de
participation a tendance à l’être aussi. |
Ce même mémoire conclue:
Un plus grand accès aux études supérieures est
incontestablement un objectif noble et justifié
puisqu’il affecte non seulement le sort de la personne
qui s’instruit mais aussi celui de la société dans son
ensemble. Les solutions les plus efficaces pour
faciliter cet accès ne sont pas pour autant évidentes.
La vraie question devrait porter sur les moyens de bâtir
et consolider un réseau universitaire répondant aux
besoins de diverses clientèles, certaines universités
répondant à des besoins spécifiques et régionalement
localisés, d’autres mettant l’accent sur un enseignement
et une recherche de calibre national ou international.
Les gouvernements font
face à diverses pressions dans l’allocation de leurs
ressources limitées et il semble évident qu’ils ne
pourront continuer de financer de façon adéquate les
universités si le gel des droits de scolarité est
maintenu. Ne pas permettre l’augmentation des droits
universitaires pour répondre aux besoins risque de
compromettre de façon importante la qualité de
l’éducation supérieure au Québec sans pour autant
profiter aux étudiants les moins bien nantis. En bout de
ligne, qu’importe si tout le monde peut fréquenter
l’université pour obtenir un diplôme qui n’a pas de
valeur? |
Les fédérations étudiantes québécoises réclament le gel,
quand ce n’est pas l’élimination, des frais de scolarités au
nom de la solidarité sociale. Pour eux, la solidarité
sociale signifie que tous les Québécois qui désirent
fréquenter l’université doivent pouvoir le faire
gratuitement ou presque. Il faut pourtant se rappeler que ce
qui est gratuit pour les uns est nécessairement payé par les
autres. Mais cela ne semble pas une considération valable à
leurs yeux. Les étudiants qui prétendent défendre la
solidarité sociale doivent d’abord exiger que leurs
représentants arrêtent d’agir comme les porte-parole de
simples groupes de pression.
|