Les emplois qui sont
protégés de la concurrence peuvent être utiles, voire
nécessaires, mais la façon dont ils sont rémunérés n’en est
pas moins illégitime puisque les contribuables sont
contraints de les financer. Se contenter de l’accord de
quelques-uns pour soutirer la propriété d’autrui est
peut-être démocratique, mais certes pas légitime. À cet
égard, la majorité démocratique s’apparente davantage à la
loi du plus fort qu’à une conception légitime de la justice.
L’emploi établi par la loi et son
inefficacité à rendre service |
La rémunération établie par la loi n’est pas seulement illégitime,
mais également inefficace, car elle ne permet pas d’affecter
adéquatement les ressources. Celles-ci ne peuvent l’être que dans
la mesure où l’allocation représente les choix de chacun. Or ces
choix individuels ne peuvent pas être transmis par un impôt
collectif. L’impôt, en pratique, vise un nombre important de
contribuables sans égard à la volonté particulière de chacun. La
meilleure façon de procéder à un échange, dans le but de
satisfaire ses besoins, demeure par l’offre d’un prix.
Certes, plusieurs ne jurent que par l’imposition d’autrui
pour bénéficier soi-même des services, mais on doit réaliser
que, ce faisant, les choix sont dans l’ensemble réduits, et
là où ils sont réduits, la richesse l’est autant. On
maintient des services qui seraient modifiés rapidement,
voire abolis, si ce n’était de la trop grande facilité à
imposer et à taxer les gens. Plutôt que d’adapter les
services aux désirs des consommateurs, l’imposition verse
dans l’immobilisme. L’innovation et la création de richesse
sont réduites. Que l’on cherche la plus grande efficacité ou
la plus grande légitimité pour desservir les gens, dans les
deux cas on doit mettre de côté l’imposition pour faire
place au volontariat.
Plus de temps on mettra à distinguer l’emploi relevant de la
loi de l’emploi établi librement, plus on risque de
s’appauvrir. Il ne suffit pas de travailler pour enrichir
les individus d'une société, encore faut-il que l’emploi
soit utile à d’autres que le travailleur lui-même et, ce qui
est plus important, que personne ne soit forcé à le soutenir
contre son gré. Enrichir les uns au détriment des autres non
seulement ne crée aucune richesse, mais n’a aucun fondement
moral. La coercition, qu’elle ait ou non l’appui d’une
majorité démocratique, qu’elle soit flagrante ou établie
insidieusement dans les esprits par des arguments
fallacieux, ne peut d’aucune manière constituer le fondement
d’une société durable.
En somme, il ne faut pas
se laisser berner par les mots. Les emplois du secteur
public ne sont ni plus importants, ni plus légitimes que les
emplois du secteur privé. Tous les emplois visent à servir
le public et ce n’est pas parce que les uns sont rémunérés
par l’impôt que cela leur confère une supériorité morale. Au
contraire, la morale commence par la non-agression et le
respect de la propriété, de sorte qu’on doit remettre en
question la façon dont ils sont rémunérés. Une rémunération
établie par l’entremise de l’impôt est non seulement
illégitime, mais inefficace, car l’impôt traduit mal, voire
pas du tout, les besoins des consommateurs, y compris ceux
des plus pauvres. La légitimité et l’efficacité vont de pair
en emploi comme ailleurs, et lorsqu’on comprend cela, on
doit y travailler pour le bénéfice de tous.
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