Montréal, 19 mars 2006 • No 171

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

DE L’ENRICHISSEMENT PERSONNEL DES POLITIQUES À LA PAUPÉRISATION DU PAYS

 

par Michel de Poncins

 

          Nous avons souvent indiqué que dans le cadre de l’exception française l'enrichissement des politiques et, parmi eux, entre autres, des ministres, repose non seulement sur des salaires fastueux mais également principalement sur un grand nombre d'avantages indirects. Parmi ces avantages indirects, se trouve la certitude d'être reclassé en cas d'accident de parcours – certitude dont la valeur est immense.

 

          L’excellent journal Le Cri du contribuable nous offre la liste impressionnante de reclassements récents de ministres ayant perdu leur portefeuille. Accrochons nos ceintures et lisons bravement.
 

De ministres et de secrétaires...

          L'ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, et l'ancien ministre de l'Éducation nationale, Luc Ferry, ont été nommés au Conseil économique et social. Ce fut au titre de « personnalités qualifiées » appelées encore dans la courtoisie républicaine « P.Q. »: chacun a les gloires qu’il peut.

          Dominique Versini, ancien secrétaire d’État à la Lutte contre la précarité et l'exclusion et, par ailleurs, conseiller régional d'Île-de-France, ainsi que Michel Barnier, ancien ministre des Affaires étrangères, ont été nommés membres du Conseil d’État, ceci au titre du « tour extérieur ». Remarquons au passage, cette combine inimitable de la nomination au titre du « tour extérieur » qui favorise tout autant le donateur que le bénéficiaire.

          Jean-Paul Delevoye, ancien ministre de la Fonction publique, privé de tout mandat, a été nommé médiateur de la république. Xavier Darcos, ancien ministre délégué à l'Enseignement scolaire puis ministre délégué à la Coopération, a été nommé ambassadeur représentant permanent de la France auprès de l'OCDE. Marie-Thérèse Boisseau, ancienne secrétaire d’État aux Personnes handicapées, a été propulsée à la vice-présidence du Haut Conseil de la population et de la famille ainsi qu'à la terrifiante HALDE. Elle est par ailleurs conseillère régionale de Bretagne.

          Mais il y a des créations de postes purement artificiels qui sont autant de « machins » inutiles et ruineux. Nicole Ameline, ancien ministre de la Parité, s'est trouvée propulsée au Quai d'Orsay avec le titre d'ambassadrice chargée des questions sociales et de la parité dans les relations internationales! Laurent Hénard, ancien secrétaire d'État à l'Insertion des jeunes, a été nommé président de l'Agence nationale des services à la personne, créée de toutes pièces pour lui par Jean-Louis Borloo. François d’Aubert, ancien ministre délégué à la Recherche, a été nommé Haut représentant de la France dans le cadre du projet ITER de réacteur thermonucléaire international qui doit être implanté à Cadarache.

          Nicolas Forissier a été nommé délégué interministériel aux industries alimentaires et à l’agro industrie, poste créé uniquement pour le satisfaire lui-même. Luc Ferry, déjà nommé, n'était sans doute pas content puisqu'il est devenu président du Conseil d'analyse de la société, organisme dont, évidemment, personne n'a besoin.
 

« Il y a des créations de postes purement artificiels, qui sont autant de "machins" inutiles et ruineux. Il y a aussi des "missions" – terme commode pour masquer des emplois fictifs. »


          Mais il y a aussi des « missions » – terme commode pour masquer des emplois fictifs. Renaud Muselier, ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères, a reçu une mission concernant les Français à l'étranger, sans autre précision (!). Nicole Guedj avait été une sorte de ministre préposée aux Malheurs publics; n'ayant plus de poste, elle doit conduire une réflexion sur « le développement d’outils innovants favorisant la coordination et l'efficacité de l'action humanitaire »(!).
 

Retombées négatives

          Après avoir lu cette liste due au Cri du contribuable, plusieurs réflexions s'imposent.

          Remarquez, d'abord, les « Hauts Conseils » et les « Hauts représentants »: c'est à la fois comique et tragique, car il n’y a jamais de « Bas Conseil ». Notons aussi les postes, les missions et d’autres faveurs qui sont créées artificiellement de toutes pièces pour satisfaire les uns et les autres avec, à chaque fois, des budgets très importants.

          Enfin, il faut se souvenir des titres dont étaient affublés beaucoup de ces ministres pendant leurs fonctions; ils montrent bien que leur action n'a jamais pu être bénéfique mais au contraire qu’elle a été nocive, car elle a freiné la création de richesses par les privés. Les millions qu’ils reçoivent en se reclassant récompensent des actions négatives antérieures.

          Cet avantage incroyable d'être reclassé, parfois pour la vie, n'est, en fait, qu’une partie de l'enrichissement indirect que se procurent les ministres. Et il en résulte que le total de l'enrichissement personnel d'un ministre et même d’un « petit » ministre est absolument massif. Et ce total multiplié par le nombre de ministres aboutit à une somme absolument gigantesque qui pèse sur l'économie tout entière.

          Mais bien entendu l'analyse objective ne doit pas s'arrêter aux seuls ministres. Elle doit apprécier l'enrichissement personnel des présidents de la république, des premiers ministres, des leaders syndicaux, élus de toutes sortes, des hauts fonctionnaires, des présidents de sociétés d'économie mixte: finalement on arrive à la population de ceux que je dénomme les « Hifis » pour l'enrichissement desquels tout le système socialiste travaille en permanence.

          Il est facile de montrer que cette situation extravagante est à la racine de la paupérisation de la France et de l'écroulement dans tous les domaines: santé, éducation, retraites, désordre dans les banlieues, chômage, fuite à l’étranger… La diminution progressive et régulière du niveau de vie des Français a sa correspondance exacte dans l'enrichissement personnel des Hifis.

          Le pouvoir prélève actuellement grosso modo, sous forme d’impôts et charges, 55% de la richesse nationale pour son usage et, par voie de conséquence, pour l'enrichissement des Hifis.

          J’ai montré dans le livre Et si la France se mettait à rêver (Odilon-Média) que si la France se libérait du socialisme, la charge publique reviendrait à environ 20% de la richesse nationale, avec à la clé une progression inimaginable aujourd’hui de la richesse personnelle et collective!

          La marge de manoeuvre que donnerait la « Libération » est littéralement sans limite.
 

 

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