Cette spirale
interventionniste et sécuritaire, véritable tyrannie
de la précaution, brise les énergies individuelles,
étouffe la croissance économique et anéantit
l’esprit de responsabilité. En diabolisant le risque
et en pénalisant l’effort, il incite à la démission,
à l’inaction, au repli sur soi. Faire de la
politique revient ainsi à gérer les caprices de
citoyens traités depuis trop longtemps comme des
enfants et se battant, à la porte du Parlement, pour
obtenir un avantage, une subvention, un privilège.
Nous sommes tous devenus des orphelins du risque,
créanciers du grand débiteur universel, de cet État
« assurance tout risque », qui crée à tour de bras
des commissions, des comités de régulation, des
fonds d’indemnisation, donnant l’illusion de
l’action mais perpétuant des recettes archaïques et
vaines. La Grande Nurserie, c’est ce système, le
coeur mourant de l’« exception française », le
moteur lancé à plein régime de l’éradication du
risque et de l’infantilisation des citoyens.
Mais c’est oublier que le
risque, c’est la vie. Et qu’aujourd’hui, à force
d’intervenir, c’est l’État lui-même qui devient le
plus grand risque pour les Français. Car ce système,
qui taxe tout ce qui bouge, nous dit qu’il ne faut
pas boire, pas manger gras, pas fumer et qui définit
arbitrairement le temps de travail et l’âge de la
retraite, rend la liberté présumée coupable et brise
les initiatives. Voilà sans doute pourquoi il a
motivé l’émigration de plus de deux millions de talents
(dont un million de jeunes), formés en France, mais
inexorablement attirés vers des cieux plus cléments.
L’avenir n’est cependant
pas aussi sombre qu’on le dit. Le déclin n’est pas
une fatalité, et il est grand temps de passer du
constat pessimiste à l’action réformatrice et
optimiste. Si l’État ne peut pas tout, nous
avons tous à gagner de la responsabilisation. Et si
l’on fait à nouveau confiance aux Français, si l’on
a le courage de leur dire la vérité, nous
redeviendrons très rapidement capables de relever
l’ensemble des défis auxquels nous sommes
confrontés. Tout les pays qui ont fait ce choix ont
démontré que la croissance et l’emploi peuvent faire
leur grand retour, et profiter à tous, y compris aux
plus fragiles.
Reprenons donc le
contrôle de nos vies, croyons à nouveau en
nous-mêmes, et troquons, avec confiance, notre
« société de contrôle » pour une véritable « société
de responsabilité ». Un seul mot d’ordre désormais:
brisons les barreaux de la Grande Nurserie! Il est
encore temps.
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