La Loi contient de nombreuses dispositions concernant le
contenu des programmes d’équité salariale, l’identification
et les méthodes d’évaluation des catégories d’emploi, le
calcul et le versement des ajustements salariaux,
l’organisation, les fonctions et les pouvoirs de la
Commission de l’équité salariale, et les sanctions pénales.
Un travail « équivalent » |
Selon la Commission sur l’équité
salariale, « le principe de l'équité salariale va plus loin
que celui stipulant "un salaire égal pour un travail égal",
puisqu'il exige "un salaire égal pour un travail différent
mais équivalent" ».
Le lecteur se demandera probablement comment diantre est-il
possible de déterminer qu’un travail a la même valeur qu’un
autre et surtout, qui est en position pour faire
cette détermination si ce n’est l’employeur?!
Prenons par exemple un garage de mécanique automobile pour
démontrer comment il est possible d’y parvenir sous le
régime de la Loi sur l’équité salariale. Un exercice
permet en effet de rendre visible la valeur du travail, et
le résultat de cette évaluation pourrait faire en sorte que
la valeur de l’emploi « commis-comptable » sera comparable à
la valeur de l’emploi « vendeur de pièces » dans une même
entreprise, peu importe ce que l’employeur pourrait en
penser:
DEUX EMPLOIS ÉQUIVALENTS, MAIS
DIFFÉRENTS: L'UN MASCULIN, L'AUTRE FÉMININ |
|
Vendeur de pièces
(emploi associé
aux hommes) |
Commis-comptable (emploi associé
aux femmes) |
FACTEURS
OBLIGATOIRES D'ÉVALUATION |
POINTS ACCORDÉS |
Qualifications
requises: scolarité, expérience, etc. |
128 |
123 |
Responsabilités:
équipement, budget, supervision de personnel, etc. |
119 |
125 |
Effort
intellectuel et physique: dextérité fine, concentration,
analyse, maîtrise de soi, etc. |
168 |
176 |
Conditions
de travail: bruit, affluence, personnes agressives,
stress, déplacements, etc. |
70 |
61 |
TOTAL
DES POINTS ACCORDÉS |
485 |
485 |
Détrompez-vous tout de suite: vous n’êtes pas à consulter
illégalement les documents de planification d’un bureaucrate
de la défunte URSS, ni ne vous êtes-vous infiltré dans les
locaux administratifs d’une usine de textile chinoise! Ce
prolifique tableau est proposé par le Gouvernement du
Québec, sur le site Web de la Commission de l’équité
salariale(2), à la section «
Comment trouver la valeur des
emplois? ».
Ainsi, dans cette entreprise, il ressort de cette analyse
poussée que le travail de « commis-comptable » mérite un
salaire égal au travail de « vendeur de pièces ». Le premier
poste, par exemple, requiert plus de dextérité, de
concentration et de maîtrise de soi, tandis que le second
implique notamment plus de bruit et un plus grand stress...
Les caractéristiques personnelles de la personne humaine
occupant l’un ou l’autre poste sont complètement évacuées.
Sans égard à la susceptibilité d’un individu en particulier
de subir tel niveau de stress ou de se concentrer en telle
circonstance, le niveau de stress et la difficulté à se
concentrer qu’impliquent ces deux emplois dans cette
entreprise sont dorénavant fixés.
Il ne faudra pas se surprendre que cet exercice permette par
le fait même d’exclure la performance individuelle de
l’employé comme facteur justifiant l’employeur d’accorder
des ajustements salariaux. Dans notre exemple, dès lors
qu’un salaire inhabituellement élevé serait accordé à un
vendeur de pièces, cette pratique pourrait être
automatiquement considérée comme de la discrimination
systémique contre la ou les commis-comptables. Les deux
emplois ont la même valeur et méritent par conséquent le
même salaire.
Et la femme dans tout ça? |
Comme dans le cas de toute intervention
gouvernementale, les effets positifs sont facilement
observables et peuvent servir à des fins de propagande pour
justifier la politique. Les effets négatifs, plus subtils et
difficiles à identifier, sont considérablement plus élevés
en presque tous les cas.
Il est vrai que la Loi sur l’équité salariale a
apporté et apportera des ajustements salariaux au bénéfice
de certaines catégories d’emploi à prédominance féminine.
Mais à quel prix?
Peut-on penser que les ressources et les énergies que les
entreprises doivent consacrer au respect des exigences de
cette loi en divergence avec leurs plans d’affaires se
traduisent en autant d’opportunités perdues
pour les chercheuses d’emploi? Peut-on penser que les
ressources consacrées par le gouvernement à faire
fonctionner la Commission, à rémunérer ses enquêteurs, ses
avocats et bureaucrates, ainsi qu’à gérer les litiges contre
la résistance de certains employeurs, faire des études et
tout ce qui va avec, auraient pu contribuer à la cause
féminine si elles avaient continué de faire jouer le jeu de
l’offre et de la demande en circulant librement sur le
marché, encourageant ainsi la progression naturelle des
salaires?
Et que dire des femmes oeuvrant dans des catégories d’emploi
qui ne sont pas à prédominance féminine? Leur progression
salariale ne sera-t-elle pas ralentie par cette direction
forcée de ressources vers des objectifs qui répondent à des
besoins syndicaux et politiques, mais non économiques ou
rationnels?
Nous pouvons imaginer une
série de
séquelles négatives pouvant être laissées, aux femmes et à
tous, par l’implantation d’une intervention politique aussi
fortement opposée au libre marché. Il n’en demeure pas moins
qu’en apparence, cette loi permet certainement de bien
servir les syndicats et les politiciens.
Les premiers parce qu’ils ont ainsi obtenu, en échange de
leurs services rendus aux politiciens, un instrument
législatif de négociation qu’ils peuvent brandir autant
contre les employeurs privés que publics(3). Les seconds
parce que dans le contexte intellectuel prévalant
présentement au Québec, ils ont tout à gagner à mettre en
place et à maintenir une loi qui est présentée comme étant
à l’avantage des femmes et à l’encontre des
employeurs-discriminateurs. Dans ce contexte intellectuel,
aucun politicien n’osera jamais remettre en question une
telle loi.
Nous sommes encore aussi libres que nous le sommes parce que
certaines institutions libérales, notamment celle du marché
libre, ont persisté jusqu’à aujourd’hui grâce à des
traditions qui tendent à disparaître de plus en plus
rapidement, au fur et à mesure que ce contexte intellectuel
socialiste prend forme en pratique, dans nos lois et dans
nos institutions. La croyance en de telles interventions
gouvernementales nous amène lentement mais sûrement au point
de non-retour. Une
remise en question s’impose. Ces mots de Friedrich A.
Hayek concernant le climat politique actuel et le socialisme
en général étaient bien choisis:
In the present
state of opinion the ultimate victory of totalitarianism
would indeed be no more than the final victory of the
ideas already dominant in the intellectual sphere over a
merely traditionalist resistance(4).
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