Mais peu à peu la langue
de bois, la rhétorique d'apparatchik stalinienne se
fissure... On sent par ailleurs un vent de changement au PQ,
certain disent même un vent de panique: après Pauline,
Charbonneau, et qui d'autre? S'il fallait que la députée de
Terrebonne, Jocelyne Caron, connue pour son discours
agressif contre tout ce qui conteste sa vision d'une famille
québécoise où l'autorité du gouvernement doit prendre le pas
sur celle des parents, quitte la politique, alors c'est un
party d'enfer qu'il faudra organiser!
Tout le monde sait que si
Pauline a perdu la game, c'est en partie à cause de
son image de Castafiore bourgeoise qui regarde le petit
peuple de haut. Mais c'est aussi parce que son « bilan », si
on y regarde de près, n'est pas si brillant que ça: honnête
travail de technocrate qui fait ce que ses patrons lui disent
de faire, et qui éteint les feux qu'elle avait elle-même
allumés, comme lorsqu’elle a décidé d'envoyer des patients
aux États-Unis – à prix d'or, mais... aux frais des
contribuables – en raison des ratés de notre système de
santé. Aucun instinct, aucune vision autre que l'étatisme à
tout crin et le féminisme revanchard comme livre de chevet.
De la gestion « à la commande », au service des « Big Boss »
et des groupes de pression bien connectés. L'efficacité est
parfois la pire ennemie de l'inspiration.
On aime également citer
la loi sur le patrimoine familial. Ce texte correspondait à
la nécessité de gérer une situation historique concernant
des femmes divorcées dans la quarantaine et cinquantaine,
qui n'avaient jamais eu l'occasion d'apprendre un véritable
métier pour subvenir à leurs besoins – certaines s'étant
même vues dans les années 50 dans l'impossibilité d'accéder
à l'université malgré leur potentiel. Mais aujourd'hui,
cette loi – unique en Amérique du Nord – est devenue une
source d'abus, dont souffrent aussi bien des hommes que des femmes:
nombre de jeunes professionnelles qui gagnent fort bien leur
vie refusent de se marier par crainte de se voir dépouillées
par leur conjoint en cas de divorce. Il est temps de
l'abroger.
Ce que Pauline incarnait
finalement, c'est une conception manichéenne, moralisatrice,
« maternaliste » et... bureaucratique de la société dans
laquelle 1) Femme = gentil; Homme = méchant et 2) l'État
s'est substitué à l'Église pour investir tous les domaines
de la vie privée des citoyens et leur retirer la prérogative
du choix – mais n’hésite pas à leur faire porter la
responsabilité de ses erreurs. Le tout financé par le «
denier du culte », l'impôt le plus élevé en Amérique du Nord
sur les revenus des travailleurs, et administré par un
quarteron de mères supérieures à l'ego encore plus enflé que
leur tour de taille, pour le compte de vieux croûtons
autoritaires qui radotent sur leur prochain référendum, tels
des prélats gâteux sur le jugement dernier. Maintenant qu'un
bouillant séminariste avec des « problèmes de substances »
les a remplacés en chaire, quel issue reste-t-il pour les
ouailles de leur secte en déroute?
Peut-être bien celle de
comprendre qu'il y a un peu plus de 40 ans, la première
révolution tranquille sortait l'Église de nos vies et qu'il est
temps aujourd'hui de passer à la seconde, celle qui en
sortira l'État. Les Québécois sont aujourd'hui capables de
se prendre en main sans la béquille d'un « clergé laïque »
qui vit sur leur dos et leur suce le sang comme une armée de
tiques.
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