Dans les années 1960, notre pays a déjà raté quelques virages
technologiques cruciaux qui furent à l’origine de l’explosion de
nouvelles industries dans les années 1980 qui auraient pu fournir des
emplois à la jeunesse actuelle (à condition de recevoir la formation
adéquate et de ne pas s'engouffrer dans des filières parking,
ces filières universitaires créées sans aucun souci de débouchés,
histoire d'accueillir des étudiants qui ne savent pas où aller...). À ce
moment, la France a consacré son énergie et ses moyens à protéger
les acquis (dans la sidérurgie, le textile, l’agriculture) en
sacrifiant délibérément l’avenir. Va-t-on indéfiniment répéter les
mêmes erreurs?
Tout le monde s’accorde à
dire que pour innover, il faut une vision à long terme, des projets
à long terme et donc de l’investissement à long terme. Or, c’est le
pays du « capitalisme sauvage » qui tire le mieux son épingle du jeu
dans ce domaine. Ce pourrait être un paradoxe pour ceux dont la
vision de l'économie ne dépasse pas les incantations bovéennes et
les pseudo-axiomes des Attacants. C’est seulement dans le cadre
d’une économie de marché que les innovations prennent naissance et
s’épanouissent, fournissant l’aliment d’une croissance économique
viable et durable. La France, avec son Commissariat au Plan et son
CNRS, n’a pas vu l’avenir, n’a pas préparé le futur, ratant de
nombreux rendez-vous technologiques cruciaux(2).
Pourtant, sur fond de
contestations sociales chroniques, les stars du petit écran
continuent de débattre, dans nos shows médiatiques, de la crise du
capitalisme, de la tyrannie des marchés financiers braqués sur le
court terme au détriment du long terme. Et toutes ces idées reçues,
martelées dans la tête d’une jeunesse désorientée et démissionnaire,
nous empêchent définitivement de voir le monde réel.
C’est la France qui
décroche, c’est son modèle social qui agonise, notamment parce que,
au lieu de préparer le futur, de maintenir l’envie d’innover et le
courage de produire, on se contente de réciter les versets usés
d’une religion dépassée.
Une lente agonie sans perspective |
Les mots en France ont-ils encore un sens? Comment peut-on parler de
« dialogue social » sur fond de chantage à la violence, de blocages
et de démission des institutions et de toute forme d’autorité
(morale, parentale, étatique…)? Les syndicats sont-ils des acteurs
représentatifs? Depuis quand un gouvernement d'un pays démocratique
doit-il demander l'autorisation aux syndicats pour gouverner? Depuis
quand peut-on s’arroger le droit de grève alors que l’on est mineur
et que l’on n’exerce aucun métier? Les lycéens et les étudiants
n’ont pas le droit mais le devoir d’étudier, surtout
dans un pays où l’essentiel du coût de leur formation est pris en
charge par la collectivité. En l’absence de résultats tangibles de
leur part, cette dépense publique est définitivement perdue et
viendra alourdir le poids déjà intenable de la dette.
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