Les premiers ne sont pas des révolutionnaires: ils ne veulent pas
changer la société, mais la conserver. Désenchantés, ils
perpétuent les illusions déçues de leurs parents, sans prendre
conscience qu’ils en sont les premières victimes. Rivés aux jupes de
l’État nounou, les enfants de la Grande Nurserie française sont
tétanisés par le risque, la prise de responsabilité, le monde du
travail (si ce n’est, pour certains, par le travail lui-même). Ils
croient faire la révolution mais ne sont, par atavisme, que les
chantres d’un conservatisme suicidaire.
Nourris depuis leur plus
tendre enfance au biberon du « modèle social français », ce sont les
mêmes qui répondent, à 75%, vouloir devenir fonctionnaires et que
l’on a vus, en pleine campagne référendaire, face à un Jacques
Chirac médusé, avoir peur de l’Europe et du monde et réclamer
l’équivalence d’un diplôme ou la création d’un salaire étudiant.
Misère d’un État se substituant à la Providence, pris aujourd’hui au
piège de ses propres promesses, qu’il savait pourtant intenables.
Les fils et les filles de
la démagogie interventionniste ont peur, mais comment leur en
vouloir? Alors qu’on leur assène depuis toujours que « flexibilité =
précarité », voici qu’on leur dit, à la toute fin d’un quinquennat
inutile, qu’un contrat de travail « plus flexible » a été créé, dans
l’urgence, « spécialement pour eux ». Dépourvus de repères, ils n’y
voient pas l’opportunité de trouver un travail et de donner le
maximum pour qu’on les garde au bout de deux ans, et s’enferment
dans des mythes qu’ils ont appris par coeur: le travail est un droit
et l’allocation un acquis. La minorité bruyante se roule par terre
et, refusant le changement, prend ceux qui veulent étudier en otage
et hurle contre l’État-maman, espérant qu’elle cèdera rapidement à
ses mauvais caprices.
La flexibilité est
pourtant une chance à saisir, non un danger à éviter. La rigidité
actuelle du droit du travail empêchant un employeur de se séparer
facilement de son salarié quand il ne donne plus satisfaction ou
quand l’activité de l’entreprise décline, l’embauche est devenue un
risque considérable, et le patron préfère ne pas embaucher pour
éviter ce risque. Il faut donc, pour faire reculer le chômage, faire
disparaître les obstacles à l’emploi.
|