Montréal, 16 avril 2006 • No 175

 

COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER

 

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LA DÉBANDADE QUÉBÉCOISE...

 
 

          Je suis toujours étonné d'entendre plusieurs de nos intellectuels et politiciens prétendre, sans rire, que le Québec est une société hautement civilisée et avant-gardiste.

          Nos familles sont en ruine (bientôt un demi-million de familles monoparentales sans père), nous possédons l'un des plus hauts taux de suicide au monde, une augmentation vertigineuse de l'itinérance chez nos jeunes, sans compter une multitude de poupons abandonnés dans les garderies, des politiques féministes désastreuses, une consommation vertigineuse d'anti-dépresseurs, des médias de plus en plus vulgaires, un décrochage scolaire inquiétant et une dette publique catastrophique...

          Si c'est ça le progrès, alors moi je décroche!

          Nous nous pétons les bretelles alors que notre paquebot décadent fonce tout droit sur un iceberg!

Jean-Pierre Gagnon
 

 

ENCOURAGEANT!

 
 

          Après avoir lu l'article « Une difficile semaine des sciences humaines » au Collège Gérald-Godin, j'ai constaté une agréable surprise: ce texte est écrit par une jeune fille. Bravo!

          Je suis content de constater qu'il y a encore de jeunes québécois qui ont des valeurs et du jugement dans cette pauvre société en carence de tout qui est la nôtre. Certains seront désolés que cette jeune femme soit encore dans un collège médiocre et contrôlé par des enseignants socialistes et en manque d'hormones de courage. Je lui souhaite de terminer ses études dans un bon collège d'enseignement privé.

          La majorité de nos jeunes québécois se font laver le cerveau par des bandes de profs socialistes, des racistes anti-américains qui militent pour des gouvernements contrôleurs et maternants – eux qui rêvent du jour où ils verront les jeunes Québécois « s'exprimer » comme le font certains jeunes Français qui cassent tout et brûlent des secteurs de leur ville.

          La Révolution tranquille des années soixante a réussi à déloger l'Église et ses curés de nos vies. Apprenons-nous de nos erreurs? Pourquoi avoir remplacé le pouvoir de l'Église par celui des centrales syndicales? Pourquoi avoir remplacé le pouvoir des frères et des curés enseignants par celui des profs à barbichette et cheveux longs qui prônent le socialisme? Pourquoi avoir remplacé le pouvoir des communautés religieuses par celui des mouvements féministes qui pratiquent un intense lobbying auprès des gouvernements?

          Mademoiselle Jean, à la fin de vos études, réfléchissez à peut-être quitter le Québec pour espérer une meilleure qualité de vie, un travail mieux rémunéré, payer moins de taxes et d'impôts et vivre dans un milieu plus respectueux des droits individuels.

Raynald Matte
 

 

TOUT BONNEMENT AFFLIGEANT!

 
 

          Je viens de lire la lettre de Valentin B. sur le CPE. C'est tout bonnement affligeant. Je pense qu'il ne sait pas ce qu'est la vie de précaire. Il ne peut sans doute pas imaginer qu'on puisse penser la société en dehors de l'économie de marché. S'il croit que ce mouvement de la jeunesse française est archaïque, il se trompe. Je suis persuadé qu'il préfigure les grands chocs sociaux et donc politiques des années qui viennent.

          Et comme on a crié en France: « qui sème la misère, récolte la colère ».

Stéphane
travailleur social
Toulouse (France)

Réponse de Valentin B.:

Stéphane,

          N'essayez pas de dresser mon profil sans me connaître. Je ne vis peut-être pas dans la pire des misères, mais je ne roule pas sur l'or non plus. Je dois travailler l'été pour financer mes études, et, faute de qualification suffisante (pour le moment), je dois me contenter de boulots tels que manoeuvre à l'usine ou travailleur agricole. En échange de ce travail, éprouvant tant physiquement que moralement – et souvent mal considéré dans notre société –, je reçois un salaire dérisoire sur lequel l'État pense encore bon d'en ponctionner près de la moitié.

          C'est précisément le fait d'être confronté à cette réalité qui me pousse à réagir contre le conservatisme ambiant. Dans notre société étatiste à outrance, seules de vraies réformes libérales nous permettront de sortir de la situation de pauvreté et de précarité dans laquelle nous ont plongés et nous maintiennent les politiques interventionnistes de droite comme de gauche.

          Je connais et j'ai rencontré plusieurs travailleurs précaires et jeunes en situation difficile: ce sont eux-mêmes qui m'ont déclaré qu'ils se satisferaient bien d'un CPE, plutôt que... de rien du tout! Alors quand j'entends les bloqueurs de facs condamner le CPE en prétendant s'attaquer à la précarité – qu'ils n'ont jamais connue et qu'ils ne connaîtront jamais –, ce sont eux qui m'apparaissent comme les vrais nantis déconnectés de toute réalité. Sans parler du fait que les méthodes qu'ils emploient mettent de nombreux étudiants dans des situations très difficiles: les blocages nous précarisent tous.

          Vous rappelez qu'en France on a crié: « qui sème la misère, récolte la colère ». Ce ne serait que justice. Seulement, si ce ne sont pas les syndicats qui ont semé la misère, ce sont en tout cas eux qui aujourd'hui l'entretiennent en refusant toute réforme. Et ils finiront donc bien eux aussi par récolter la colère des vrais travailleurs et des vrais précaires.

Valentin B.
jeune en colère
Grenoble
 

 

UN PEU DE RIGUEUR INTELLECTUELLE, SVP!

 
 

          J'ai lu l'un de vos vieux articles dans lequel vous parliez du salaire minimum et de ses causes néfastes. Il me semble que votre position est extrêmement idéologique et dénuée de tout sens pragmatique. La valeur de liberté individuelle est très bien, mais vous ne l'appliquez qu'à un modèle économique qui ne fait aucunement abstraction de ses limites.

          La science économique est bâtie sur une prémisse: l'être humain est rationnel. Cependant, cette prémisse n'est pas admise comme étant une vérité totale. Elle sert à dégager des modèles et des tendances. On parle bien ici de tendances et non de faits objectifs aussi précis qu'en physique ou en chimie. Alors, lorsque vous parlez de gens qui ne travaillent pas et que vous les qualifiez de parasites, c'est vrai d'un point de vue strictement économique. Cependant, ce point de vue est imbécile puisqu'il néglige complètement l'aspect fondamental que constituent les limites de la science économique.

          L'être humain n'est pas parfaitement rationnel, il est également soumis à des pressions sociales et à des enjeux d'ordre psychologique. Le libre arbitre existe certes, mais n'est pas le seul élément constituant d'un être humain. Ce dernier ne s'explique pas que par l'économique. Pour le saisir pleinement, nous devons faire appel à des notions telles que la sociologie, la psychologie, la politique, etc. C'est bien de voir des gens prendre des positions, comme vous, qui vont à l'encontre des idées actuelles, mais faites-le donc avec un peu d'honnêteté et de rigueur intellectuelle!

Dany Harrison
étudiant en actuariat
 

 

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