La tyrannie de la majorité |
À droite comme à gauche, on prétend vénérer la démocratie, ce
système d'organisation politique où les décisions sont prises à la
majorité des voix. Certes, cette règle n'est pas suffisante pour
garantir les libertés individuelles, puisque l'on pourra toujours
trouver une majorité pour brimer des minorités. Et c'est pourquoi
les démocraties peuvent facilement devenir tyranniques. Il n'en
reste pas moins que la loi de la majorité est préférable à la loi de
la minorité. On n'hésite donc pas, heureusement, à dénoncer les
situations où une minorité opprime la majorité, comme cela est le
cas des dictatures (sauf, bien souvent, lorsqu'il s'agit d'une
dictature de gauche…).
Mais c'est exactement la
même situation que nous venons de vivre en France: un million de
manifestants imposent leur volonté à la population française et
réussissent à faire retirer une loi qui venait d'être votée par le
Parlement selon les formes légales. Comment les hommes et les femmes
de gauche, qui ont toujours le mot de démocratie à la bouche,
peuvent-ils accepter une telle décision? Et peuvent-ils encore se
dire démocrates alors qu'ils ont soutenu ce mouvement
antidémocratique? On le constate hélas une fois de plus, pour la
gauche, la démocratie est le meilleur des régimes lorsqu'elle leur
permet d'être au pouvoir. Mais elle n'a plus de sens lorsqu'elle
profite à ses adversaires politiques et il faut alors lui substituer
le recours à la force.
Quant à la droite, on
doit déplorer, une fois de plus, son incapacité à résister à la rue,
à empêcher cette scandaleuse atteinte aux droits qu'a été le blocage
des écoles et des universités, et à faire respecter le fondement
même de notre système politique, c'est-à-dire le vote d'une loi par
un Parlement dont les membres ont été démocratiquement élus. Faut-il
rappeler que c'est en tenant tête sans faiblir à des syndicats au
début de leurs mandats respectifs que Ronald Reagan et Margaret
Thatcher ont rendu possible la mise en oeuvre de leurs programmes,
ouvrant ainsi la voie à une prospérité sans égal, dont les Français
peuvent être jaloux à juste titre?
Notons-le d'ailleurs au
passage, il est paradoxal qu'on refuse le droit de vote aux jeunes
Français âgés de moins de 18 ans parce qu'on estime qu'ils n'ont pas
une maturité politique suffisante, mais qu'on cède devant des
manifestations où ils ont tenu une place non négligeable. Ce
faisant, ils ont d'ailleurs montré leur ignorance totale du
véritable fonctionnement d'une entreprise et du système économique
en général, ce qui n'est malheureusement pas surprenant, compte tenu
du matraquage idéologique auquel ils sont quotidiennement soumis
dans leurs écoles: pour eux, un patron d'entreprise est un
exploiteur qui n'aurait qu'un objectif, les licencier. Comment ne
comprennent-ils pas qu'il faut du temps pour qu'un jeune, nouveau
venu dans une entreprise, soit réellement productif et qu'aucun
patron digne de ce nom ne souhaiterait licencier un salarié, une
fois cette période franchie, tout au moins si celui-ci lui donne
satisfaction? Mais pour la jeune génération, nourrie au sein de
l'étatisme, le salaire est un dû et l'emploi, un emploi à vie…
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