Dans l’édition de
février/mars 2006 du
magazine The Actuary
(distribué aux Fellows de la
Society of Actuaries
du monde entier), un
actuaire publiait
l’éditorial suivant: « An
Actuarial Vision for
Homeland Security and
"Societal Risk Management"
».
En résumé, M. Sim Segal
traitait d’une fonction de
plus en plus populaire au
sein des entreprises
privées, celle de
« gestionnaire de risque
d’entreprise (GRE) ». Il
s’agit de gestionnaires des
risques pouvant toucher une
entreprise, tels les risques
de poursuites, de
produits/services
déficients, de mauvais
placements, de mauvaise
gouvernance, de fraude, etc.
Cette fonction (en anglais,
« Chief Risk Officers
(CRO) ») semble être de plus
en plus populaire, au côté
des « Chief Executive
Officers (CEO) » et des
« Chief Financial Officers
(CFO) ».
Le raisonnement de M.
Segal était le suivant:
comme la fonction de GRE,
souvent occupée par des
actuaires, est un succès
pour les entreprises privées
ayant mise en place une
telle position, il serait
« visionnaire » de créer des
opportunités d’emploi pour
les actuaires en mettant sur
pied une telle position pour
gérer tous les risques de la
société dans son ensemble,
par le « Societal Risk
Management (SRM) ».
J'ai préparé une réplique
à cet éditorial
avec la collaboration de M.
David Saul Weiner en
février dernier.
Malheureusement, l'éditeur
du magazine The Actuary
est toujours en attente,
pour publication future, de
la réponse de M. Segal à
notre réplique. En résumé,
nous avons tenté de
démontrer à M. Segal que
seul le libre marché pouvait
offrir à la population les
solutions optimales pour la
gestion des risques
assurables de la vie. La
socialisation de la gestion
de ces risques ne peut mener
qu'à une gestion inefficace
(coûts trop élevés et
services inadéquats), qu'au
gaspillage de ressources
limitées, et qu'à
l'incapacité d'anticiper les
changements et de s'y
adapter. De la même manière
que le libre marché peut
combler nos besoins
matériels, celui-ci est le
plus à même de combler nos
besoins de protection contre
les risques assurables de la
vie.
M. Segal, comme tant
d’individus, implore la
protection de l’État « du
berceau jusqu’à la tombe ».
Évidemment, nos bons
politiciens, si soucieux du
« bien commun », sont
toujours prêts à nous
promettre un monde sans
risque, à la seule petite
condition – détail si
négligeable en comparaison
de toute la sécurité
supplémentaire apportée –
que nous acceptions de
perdre notre liberté
individuelle de choisir,
d’agir en êtres responsables
et d’en accepter les
conséquences.
L’État nous offre ainsi
sa protection contre les
risques de pertes d’emploi,
de maladies, de pauvreté, de
catastrophes naturelles, de
criminalité, de violence,
d’assimilation, d’attentats
terroristes, etc. De plus,
si jamais la population
commençait à se sentir trop
en sécurité pour accepter
docilement de perdre
davantage de liberté, l’État
peut toujours compter sur
ses « peur-ologues » de
service. Avec la complicité
des médias, ces démagogues
se chargent de rappeler à la
population à quel point le
monde est un endroit
dangereux où vivre – quitte
à inventer des risques
supplémentaires ou à en
amplifier leurs probabilités
et conséquences potentielles
au-delà de tout lien avec la
réalité. Les exemples
récents incluent le virus du
Nil, celui de la grippe
aviaire, la « malbouffe »,
la mondialisation, les armes
de destruction massive, le
réchauffement de la planète,
etc.
Bien sûr, lorsque l’État
échoue lamentablement dans
ses tentatives de nous
protéger, comme ce fut le
cas en
Nouvelle-Orléans, il ne
faut surtout pas lui en
vouloir. Les politiciens et
les bureaucrates font de
leur mieux – qui pourrait en
douter? – et les ressources
qui leur sont allouées ne
sont jamais suffisantes… Si
seulement nous acceptions,
par « solidarité », de leur
donner davantage de nos
biens et de notre liberté,
l’État nous protégerait
tellement mieux!
Par contre, à force
d’accepter d’échanger notre
liberté individuelle pour
des promesses de sécurité,
nous nous retrouvons sans
sécurité, ni liberté. Et
l’État protecteur nous fait
alors vivre un véritable
enfer sur terre. À titre
d’exemple, le jour même où
l’ouragan Katrina frappait
les côtes de la
Nouvelle-Orléans, le
président de l’État le plus
puissant au monde, George W.
Bush,
aurait déclaré:
For those of you who are
concerned about whether
or not we're prepared to
help, don't be. We are.
We're in place. We've
got equipment in place,
supplies in place. And
once the – once we're
able to assess the
damage, we'll be able to
move in and help those
good folks in the
affected areas. |
Si seulement ça avait été
une blague… Après
plus de 1 600 morts, des
dizaines de milliers de vies
brisées, et
la poursuite de l’horreur
bureaucratique pour les
survivants, il n’y a
vraiment pas de quoi rire.
La machine gouvernementale
ne s’est pas contentée
d’être incompétente et
inutile: en plus, les
fonctionnaires et les forces
de l’ordre
empêchaient les citoyens
ordinaires qui voulaient
aider de le faire!
Les habitants de la
Nouvelle-Orléans ont été
forcés
bien malgré eux (et le
sont toujours) de subir les
conséquences inévitables de
la gestion centralisée des
risques par l’État. Au
Québec, que penser alors de
cette récente sortie d'un
étatiste aux ressources
(heureusement) beaucoup plus
limités que celles de George
W. Bush, le ministre
québécois de la Santé et des
Service Sociaux, Philippe
Couillard:
«
Grippe aviaire - Québec
dévoile son plan d'urgence:
Dès l'apparition d'une
pandémie de grippe aviaire,
Québec mettra en place un
système de distribution
d'antiviraux et de
production de vaccins ainsi
qu'un centre de
communications qui sera en
opération 24 heures par
jour. (...) Dans
l'éventualité d'une
surcharge des hôpitaux, des
sites non traditionnels
seraient ouverts pour
prendre en charge la
clientèle dont l'état
rendrait impossible le
maintien à domicile. »
Prions pour que ce « plan
d'urgence » n'ait jamais à
être mis en application.
Patrice Fortin
New York
|