Mais voyons donc qui, outre
les bandits de grands
chemins, sont responsables des agressions. Voici quelques
statistiques tirées
d’une fiche de
renseignements de
Statistique Canada sur la
violence faite aux femmes:
• La moitié des
Canadiennes (51%) ont
été victimes d'au moins
un acte de violence
physique ou sexuelle
depuis l'âge de 16 ans.
• Parmi l'ensemble des
victimes de crimes
violents commis en 2000,
la grande majorité des
victimes d'agression
sexuelle (86%), de
harcèlement criminel
(78%), d'enlèvement ou
de prise d'otage (67%)
étaient de sexe féminin.
• Parmi l'ensemble des
victimes de crimes
violents de sexe féminin
commis en 2000, 47% ont
été victimes de voies de
fait simples, 9%
d'agression sexuelle, 9%
d'agression armée
causant des blessures
corporelles, 7% de vol
qualifié et 6% de
harcèlement criminel.
• Les femmes sont
beaucoup plus
susceptibles d'être
victimes d'un acte
criminel commis par une
personne qu'elles
connaissent que
par un inconnu. En 2000,
77% de l'ensemble des
victimes de sexe féminin
ont été agressées par
quelqu'un qu'elles
connaissaient (37% par
un ami proche ou une
connaissance, 29% par un
conjoint actuel ou un
ex-conjoint, 11% par un
autre membre de la
famille – y compris un
parent) alors que dans
19% des cas, il
s'agissait d'un inconnu.
|
Considérant que la personne
« agressante » est souvent
une connaissance, je ne crois pas que ces
femmes s’en seraient mieux
tirées si elles avaient été
armées.
Peut-être vaudrait-il mieux
utiliser la camisole de
force comme moyen de
prévention contre les
conjoints violents et autres
connaissances de la famille
ou amis. M’enfin…
Observons maintenant ce
tableau tiré du document «
L'évaluation du risque de
violence: mesures, incidence
et stratégies de changements
» de James Bonta, Ph.D et R.
Karl Hanson, Ph.D.
(Recherche correctionnelle,
Solliciteur général du
Canada, 30 mai 1994):
Tableau 1. Crimes avec
violence au Canada |
|
Homicide |
Moyen |
Relation accusé-victime |
Crimes avec violence |
Année |
Taux (N) |
Arme à feu |
Connaissance |
Parent |
Inconnu |
Victime(F) |
Taux |
N |
1982 |
2.72 (670) |
37.0 |
44.6 |
38.3 |
17.1 |
33.1 |
685 |
168,646
|
1983 |
2.74 (682) |
32.8 |
41.9 |
39.9 |
19.0 |
35.6 |
692 |
172,315 |
1984 |
2.65 (667) |
34.3 |
39.0 |
38.2 |
22.8 |
34.8 |
714 |
179,397 |
1985 |
2.78 (704) |
34.3 |
35.0 |
40.1 |
24.9 |
36.0 |
749 |
189,822 |
1986 |
2.22 (569) |
30.8 |
34.8 |
39.8 |
25.6 |
35.8 |
801 |
204,917 |
1987 |
2.51 (642) |
31.2 |
38.4 |
34.9 |
23.0 |
35.3 |
856 |
219,381 |
1988 |
2.22 (575) |
29.4 |
42.6 |
30.0 |
27.4 |
35.1 |
898 |
232,606 |
1989 |
2.51 (657) |
33.0 |
41.0 |
37.0 |
22.0 |
37.4 |
947 |
248,579 |
1990 |
2.47 (656) |
30.0 |
40.0 |
37.0 |
24.0 |
36.0 |
1,013 |
269,501 |
1991 |
2.80 (753) |
36.0 |
53.0 |
34.0 |
13.0 |
36.0 |
1,099 |
296,838 |
1992 |
2.70 (732) |
34.0 |
52.0 |
32.0 |
16.0 |
33.0 |
1,122 |
307,491 |
|
Les
homicides constituent de
0,3 à 0,4 p. 100 des
crimes avec violence.
Les crimes avec violence
constituent de 8 à 10 p.
100 des infractions au
Code criminel.
Nota: F = victime du
sexe féminin. |
Selon MM. Bonta et Hanson,
l'« observation
générale que nous permet de
faire le tableau 1 est que
le taux d'homicides (nombre
d'homicides pour 100 000
habitants) est demeuré
relativement stable au cours
de cette période de 10 ans.
Il en est de même pour la
relation victime-accusé et
le sexe de la victime. Bien
que les hommes risquent le
plus d'être victimes d'un
homicide, les victimes ont
été des femmes dans environ
35 p. 100 des cas. Par
ailleurs, de 75 à 80 p. 100
des meurtriers étaient
connus de leur victime. En
ce qui concerne
l'utilisation des armes à
feu, il n'y a également
guère eu de fluctuations.»
Éloquent n’est-ce pas?
Comme disait le philosophe: « Protégez-moi de
mes amis, mes ennemis je
m’en occupe. »
Cependant, à ma grande
surprise, on indique
dans des études sérieuses
américaines que la
possession d’armes
permettrait la prévention de
crime comme le viol et les
agressions et qui plus est
n’engendrerait pas davantage
de criminalité: « Que la
disponibilité des armes
n'explique pas des taux
élevés d'homicide et de
crime violent n'étonne pas
la grande majorité des
criminologues et
sociologues. Plusieurs
études de grande envergure
montrent que les mesures de
contrôle sont inefficaces en
matière de prévention.
Mentionnons Wright, Rossi et
Daly (1983), Centerwall
(1991), Kleck (1991 et
1997), et Lott (1998). »
Et « tout en contrôlant
pour de nombreux facteurs,
il [Lott]
a calculé que la
libéralisation du port
d'arme avait réduit les
meurtres de près de 8%, les
viols de 5% et les
agressions violentes de 7%.
Si tous les États américains
avaient adopté une telle
politique en 1992, pas moins
de 1 500 meurtres et 4 000
viols auraient pu être
évités. »
J’en ai le souffle coupé.
J’en arrive à une conclusion
pessimiste sur la nature
humaine et la relation avec
nos connaissances:
1) un couple dont les
deux protagonistes sont
armés a plus de chance
de demeurer vivant qu’un
couple non armé;
2) un enfant armé
préviendra les abus
physiques et sexuels;
3) si tout le monde
était armé, nous
sauverions plus de vie… |
Déduire qu’il ne
devrait pas y avoir de morts
dans les conflits armés car
les deux camps sont armés
relèverait du syllogisme…on
n'en est pas à une tautologie
près.
Mais on ne s’arrêtera pas
là. Revenons au document de James Bonta, Ph.D, et
R. Karl Hanson, Ph.D:
Les chercheurs qui
étudient les risques
environnementaux pour la
santé ont constaté que
le fait de fournir à la
population une
information statistique
quant aux conséquences
qu'un dépôt de déchets
toxiques, par exemple,
peut avoir sur
l'environnement ou sur
la santé n'a guère
d'incidence sur la
crainte que les gens
disent ressentir à ce
sujet (Wandersman et
Hallman, 1993). Étant
donné que la
communication de faits
purs et simples ne
suffit pas à apaiser les
craintes relatives aux
menaces pour
l'environnement et la
santé, il y a peu de
raisons de croire
qu'elle puisse atténuer
celles que suscite la
criminalité. La crainte
de la violence demeurera
hors de proportion avec
les probabilités réelles
de violence. Pour
trouver un juste milieu
entre les impressions de
risque et les
probabilités réelles de
risque, il faut analyser
attentivement tous les
facteurs qui contribuent
à la crainte de la
violence dans le public.
S'inspirant de la théorie
des communications,
Kasperson et ses
collègues (1988) ont
présenté un modèle de
l'exagération sociale du
risque. Au niveau le
plus simple,
l'accroissement (ou
l'atténuation) de
l'impression de risque
dépend non seulement du
contenu du message, mais
aussi de la personne qui
transmet celui-ci et de
la façon dont le
receveur le décode et
l'évalue. Dans le cas de
la violence, ces trois
facteurs généraux et
leurs interactions
peuvent modifier les
impressions de risque et
la crainte de la
violence. Voici,
brièvement, comment
agissent ces trois
facteurs.
Quoi: La violence
est un acte
extraordinaire, aux
conséquences graves. Ce
sont ces
caractéristiques qui
retiennent l'attention
des médias et que
ceux-ci présentent au
public. La nature
émotionnelle des actes
de violence facilite
également le codage de
l'information et lui
donne du relief aux yeux
des récepteurs du
message. Alors que la
fréquence des crimes
avec violence est
sous-estimée dans les
mesures officielles,
l'accroissement des
actes de violence y est
surestimée par rapport
aux autres types de
crimes. En s'appuyant
sur ce type de mesures
pour dégager des
tendances, on ne peut
qu'accroître les
craintes du public.
Qui:
L'information au sujet
des risques vient de
sources multiples. Comme
nous l'avons déjà
signalé, les médias
jouent un rôle essentiel
à cet égard. Il y a
aussi les spécialistes
(par ex., les chercheurs
et les professionnels du
milieu de la justice
pénale) et les
organismes
gouvernementaux chargés
de gérer le risque. Les
désaccords entre les
spécialistes et la
méfiance croissante à
l'égard des organismes
sociaux ne font
qu'accroître
l'appréhension du
public. Les révélations
récentes au sujet
d'infractions sexuelles
commises au sein
d'institutions de
confiance, comme
l'Église et les
organismes de services
sociaux, ont par exemple
ébranlé la confiance du
public dans ces
institutions. Autre
triste exemple: les
mauvais traitements dont
les enfants autochtones
ont été si fréquemment
victimes dans les
pensionnats. Après avoir
nié à maintes reprises
la possibilité de tels
actes, nous devons
maintenant non seulement
regagner la confiance du
public, mais aussi
entreprendre la réforme
de nos institutions afin
de protéger les
générations futures
contre des mauvais
traitements de ce genre.
Comment:
L'information transmise
est jugée et évaluée en
fonction de nombreux
critères. La crainte
pour sa sécurité
personnelle est le
critère auquel on songe
en premier, mais il
n'est pas le seul. Parmi
les autres critères qui
peuvent servir à évaluer
la menace et l'impact de
la violence, signalons
les jugements portés sur
la sécurité des enfants,
l'incidence sur les
activités quotidiennes
et la perte de revenu
(par ex., être incapable
de travailler). Grasmick
et McGill (1994) ont
même laissé entendre que
les croyances
religieuses jouent
peut-être un rôle plus
important qu'on ne l'a
cru jusqu'ici dans la
crainte de la violence.
Nous ne faisons
qu'explorer la liste des
différents facteurs qui
influent sur le codage
de l'information.
[Je
suppose aussi qu’avoir
été victime de violence
criminelle affecte le
jugement sur la
perception
d’insécurité...] |
Ainsi éclairé de ces
différents facteurs, j’en
conclus que les
prohibitionnistes comme les
promoteurs des armes de
poing vivent les mêmes
craintes, mais envisagent des
moyens différents pour
composer avec. Les deux
camps vivent un sentiment
d’insécurité très humain.
Lorsque l’on compare la
barrure d’une porte à la
possession d’une
mitraillette Uzi, il y a un
pas que je m’interdis de
franchir: personne
n’agressera une autre
personne avec une barrure de
porte. Parce qu’il est
évident que le problème et
la menace viennent de
l’intérieur et non de
l’extérieur selon toutes les
statistiques consultées, à
quoi serviraient la
mitraillette Uzi contre le
« mononcle » aux mains
baladeuses ou le conjoint
abuseur et violent? Le crime
passionnel est imprévisible,
à moins d’avoir affaire à un
conjoint harceleur qui de
toute évidence ne vous
lâchera pas même si vous
avez en main une
Kalachnikov – à preuve les
guerres de gangs. Le
meilleur moyen, dirait
Laborite, est la fuite. Quittez la ville, la
province.
À moins d’avoir affaire à
des psychopathes ou des
drogués sur un « power trip »,
l’agression armée du
dépanneur, de la banque ou
du commerce ne se fait
qu’avec peu de violence
directe. Je veux dire par
assaut physique étant donné
que le vol à main armée est
bien sûr un acte de
violence, si on respecte les
règles élémentaires de
sécurité: aucun geste
d’opposition ou provocation.
Il est certain que dans la
vie, rien ne nous garantit
la sécurité absolue à moins
de s’enfermer dans un
coffre-fort comme le
propriétaire du magazine
Hustler. Personne n’est
à l’abri d’une poussée
psychotique d’un individu,
qu’il soit armé ou pas.
J’en arrive à la
conclusion que de deux maux
je choisis le moindre. Et le
moindre est le non armement.
Mais comme il s’agit d’une
option personnelle, je ne
veux l’imposer à qui que ce
soit – c’est ce que
j’appelle la liberté
différenciée. Je demeure
donc optimiste, en ce qui me
concerne, et me dit que le
hasard a bien fait les
choses en ne plaçant pas mon
lieu de résidence dans le
Bronx ou à Harlem, en Bosnie
ou au Rwanda. Et que mes
voisins, jusqu’à maintenant,
se sont comportés en bons
citoyens.
Jean Séguin
Monsieur Séguin,
Vous semblez vouloir
évacuer le problème spécifique des armes à feu en mettant
l'accent sur d'autres préoccupations. Vous dites par
exemple qu'il serait préférable de dépenser ces montants dans
d'autres domaines étatiques comme la santé dite publique (ce
qui nous ramène au même problème de fond, celui de
l'intervention de l'État), ou que la principale violence est
celle vis-à-vis les femmes, ou alors que l'on peut faire
confiance à la sécurité d'État puisque, somme toute, le
besoin d'autodéfense est peu probable.
Vous préférez le choix
d'une bonne serrure à une UZI; permettez-moi de vous
dire qu'il est préférable d'avoir à la fois des bonnes
serrures, un système d'alarme, et un bon calibre .12 chargé
de chevrotine (c'est mieux qu'une UZI, et même qu'une
Kalachnikov). J'ai connu des gens âgés, non loin de chez moi
à la campagne, qui ont été ligotés pendant que des jeunes
bandits fouillaient la maison pour de l'argent. Ces deux
personnes sont mortes peu de temps après. La « sécurité
publique » n'a jamais fait enquête pour savoir si leur
traumatisme était dû à l'agression. Ces jeunes sont en
liberté. La probabilité est sans doute faible que nous
soyions agressés, mais vous démontrez dans le cas des femmes
que cette probabilité est élevée (quand on inclut toutes les
sortes d'agression et nous savons que dans le cas de
certaines femmes traumatisées, heureusement peu nombreuses,
le simple regard suffit).
Le 911 sera toujours en
retard. Rejeter ce qui va de soi, comme la propriété de
moyens de défense, équivaut à accorder le monopole de la
sécurité aux politiciens et à leurs fonctionnaires. Cette
dépendance peut avoir des conséquences tragiques puisque les
pays où les citoyens ont été désarmés sont précisément ceux
où il y a eu et où il y a des génocides et de la violence
étatique. La principale violence, en effet, est
historiquement celle venant des États. Seulement au 20e
siècle: 170 millions de victimes. (Voir
Innocents Betrayed qui porte en haut de page une
citation du libertarien Ron Paul, maintenant membre
républicain du Congrès: « Innocents Betrayed... shows why
gun control must always be rejected. »)
Il ne faudrait donc pas
singulariser la violence contre les femmes. Les hommes se
suicident plus souvent, mais ça ce n'est pas important...
Vous illustrez votre texte avec des chiffres sur la violence
contre les femmes. Vous vous demandez si cela aurait changé
quelque chose si elles étaient armées d'une façon ou d'une
autre. C'est justement la question qu'il faut se poser tout
en examinant les causes de cette situation (voir « Exploring
Crime Patterns in Canada », Statistique Canada 85-561).
Le protectionnisme d'État dont bénéficient les femmes a
contribué à les rendre irresponsables, mais il est
encourageant de voir que de plus en plus de femmes prennent
des cours d'autodéfense au lieu de joindre les groupes
féministes qui sont toujours en mal de misandrie. Ces femmes
font la preuve que les hommes et les femmes sont faits pour
vivre ensemble. (Voir
For
Women Only sur le site de la National Firearms Association. La NFA y reproduit un article paru dans le
Canadian Firearms Journal sur quelques trucs
d'autodéfense. Le meilleur « truc » n'est pas celui que l'on
pense.)
J'ai montré à mon épouse
comment se servir de mes armes à feu; nous avons du poivre
de Cayenne à plusieurs endroits à la maison; il y a un sabre accroché au
mur; il y a une machette à un autre endroit; j'ai un couteau
Rapala pour faire des filets; nous avons aussi un système
d'alarme, etc. (sans compter mes armes cachées dont je
n'oserais parler de peur de faire peur...) Il y a un écriteau
à mon entrée, près de la sonnerie, qui dit: « Achtung!
Beware! Attenzione! Ici habitent des gens armés jusqu'aux
dents. Sonnez et demandez la permission avant d'entrer.
Sinon, c'est à vos risques et périls. » C'est le cas de le
dire puisque je me suis fait refaire les dents, au plus
grand plaisir de ma dentiste! Pour l'instant il n'y a
personne qui s'est risqué. C'est comme on dit: avec une
force de dissuasion on évite les problèmes. Pas nécessaire
d'avoir des armes nucléaires qui sont l'apanage des États...
Il y aura toujours des
criminels (quoique la définition se soit élargie avec
l'étatisme croissant) et il est illusoire de compter sur
l'État pour s'en protéger. Ce sont les gens faibles et sans défense qui sont les
plus susceptibles de devenir des victimes.
L'État et la santé
publique (qui a récupéré la question des armes à feu)
veulent faire de nous des membres d'une société aseptisée
pour que nous vivions dans une sorte de bulle dont ils
auront le contrôle. J'ai répondu il y a un mois à un projet
de « recherche » de la santé dite publique, pour des
étudiantes en médecine; je leur ai suggéré de rendre au
moins optionnels des cours dans le maniement des armes à feu
dans les écoles, de sorte que les gens puissent savoir à
quoi s'en tenir et que les armes à feu ne soient plus une sorte
de mystère devant lequel on est impuissant. Au contraire,
les armes à feu ne requièrent que de la précision, aucune
force physique. Les femmes considèrent de moins en moins les
armes à feu (ou toutes les armes) comme des symboles
masculins. Et c'est tant mieux.
Y. D.
|